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Etats-Unis: une impossible réindustrialisation

Publié le mardi 24 mai 2011 . 6 min. 59

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Made in the USA is back ! C'est le nouveau leitmotiv à la mode aux Etats-Unis, surtout depuis que le très réputé Boston Consulting Group a publié un rapport saluant une probable renaissance manufacturière outre-Atlantique. C'est vrai que le dollar baisse et que les coûts de production augmentent chez les Emergents. On est donc bien en droit de se demander si les entreprises américaines ont encore intérêt à délocaliser. Mieux, certains disent que l'heure serait venue de rapatrier des productions que l'on croyait perdues pour toujours. C'est une thèse séduisante, mais à laquelle nous ne souscrivons vraiment pas. Les arguments mobilisés sont pourtant convaincants. Oui, les coûts salariaux augmentent très rapidement en Chine, de l'ordre de 20% par an. Quant à la productivité, elle y est bien moins importante qu'aux Etats-Unis. Il n'en fallait pas plus pour que le BCG considère que d'ici 2015 il n'y aurait plus d'avantage coût pour les entreprises américaines de délocaliser leurs activités en Chine. Dans cette bataille pour retrouver une compétitivité perdue, faire baisser le dollar serait un atout compétitif déterminant. Voilà le raisonnement des partisans de cette thèse : en maintenant une politique monétaire la plus accommodante possible, la Réserve fédérale agit pour déprimer le billet vert. Elle veut tout simplement rendre moins chers les produits américains. Et tant pis si ces agissements ont attisé l'inflation un peu partout dans le monde. Et surtout dans les pays émergents. En étant cynique on pourrait même dire tant mieux qu'il y ait aujourd'hui plus d'inflation en Chine, au Vietnam ou au Brésil. On ne peut être qu'étonné qu'un prix Nobel comme Paul Krugman soutienne ce raisonnement. Lorsqu'on lui demande dans le New York Times si la politique monétaire américaine est responsable de la flambée des prix chez les BRICS, sa réponse est révélatrice de l'état d'esprit aux Etats-Unis : « Tout ceci n'est pas notre problème. Si la Russie, le Brésil et la Chine veulent moins d'inflation, ils peuvent toujours laisser leur monnaie regrimper face au dollar ». Au fond, dans ce scénario, la stratégie américaine parait parfaitement limpide : le modèle de croissance traditionnel basé sur la consommation n'est plus tenable. La priorité serait aujourd'hui de miser sur l'industrie pour remonter la pente et réduire les déficits extérieurs. Désolé M Krugman, mais ce scénario ne tient pas vraiment la route. La vérité, c'est que si le gouvernement américain prétend faire renaître l'industrie de ses cendres, c'est d'abord et avant tout pour des raisons électoralistes. Barack Obama, on le sait, veut se représenter. Il ne faut jamais oublier que les piliers du vote démocrate se trouvent d'un côté dans les milieux financier et de l'autre dans les régions industrielles historiques. Obama ne peut pas se permettre de perdre le soutien des électeurs de la Rust Belt, qui est un bastion traditionnel des démocrates. Mais voilà, les Etats de cette Rust Belt, qui s'étend de la côté Atlantique jusqu'à Chicago, souffrent de la perte de compétitivité de l'automobile de Detroit et de l'acier de Pittsburgh. Faut-il dès lors s'étonner que les plaintes se multiplient à l'OMC contre les mesures protectionnistes prises pour défendre la sidérurgie américaine ? Est-ce un hasard si la défense de l'industrie locale est devenue une cause nationale ? Bien sûr que non, mais il faut être réaliste. La défense des industries traditionnelles est aujourd'hui un combat d'arrière garde. Quant au secteur des nouvelles technologies, peu probable de voir les Américains changer de cap. Prenons le cas emblématique de l'électronique de loisir. Peut-on envisager sérieusement qu'un Apple puisse aujourd'hui rapatrier dans la Silicon Valley les 250 000 salariés qui travaillent aujourd'hui pour son compte chez le Taïwanais Foxconn ? Les faits sont brutaux : dans bien des secteurs, les chaînes d'approvisionnement locales ont presque complètement disparu et il sera quasiment impossible de les reconstituer à court terme. L'exemple de l'Iphone est éclairant : si les logiciels sont conçus aux Etats-Unis, l'écran vient du Japon, la batterie de Taiwan et le processeur de Corée du Sud. Au fond, les Etats-Unis ne peuvent pas et ne veulent pas changer radicalement de modèle. Leur force reste de savoir comment capturer la valeur en créant une marque, en configurant une chaîne d'approvisionnement, en maitrisant la distribution. La production matérielle, elle, n'est pas la plus importante. D'ailleurs, si les coûts de production continuent de déraper en Chine et que les prix du transport flambent encore plus, il y a de grandes chances que les entreprises américaines essayent en premier lieu de trouver leur bonheur auprès de fournisseurs mexicains. En somme, la situation actuelle ne plaide pas spécialement pour une relocalisation des activités aux Etats-Unis. Tout au plus servira-t-elle à freiner la désindustrialisation rampante. A quelques mois d'échéances électorales importantes, c'est déjà ça de gagné. Il ne faut pas se tromper de diagnostic : la hausse de l'inflation, la baisse du dollar sont autant de moyens de dévaloriser la dette colossale de l'Etat américain. Aujourd'hui elle a atteint son plafond qui s'élève à pas moins de 14 000 milliards de dollars. Des chiffres qui donnent le tournis. Mais malgré les chicaneries politiques, il ne fait aucun doute que le Congrès finira par autoriser un relèvement de ce plafond. L'enjeu est trop important. Les Etats-Unis doivent rester coûte que coûte la première puissance mondiale. America First, ce n'est pas un simple slogan, c'est un état d'esprit. Et pour rester aux premières loges, tous les moyens sont bons. En vérité, la thèse soutenue il y a tout juste vingt ans par l'économiste Robert Reich, le conseiller de Bill Clinton, tient toujours. Les Etats-Unis sont avant tout un manipulateur de symboles. Et quel plus beau symbole manipuler pour arriver à ses fins que le dollar ?


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