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Le Royaume-Uni s'enfonce dans la crise

Publié le jeudi 24 mars 2011 . 6 min. 32

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L'économie britannique ne sort décidément pas de crise. Et les derniers chiffres sont inquiétants. L'année passée, la croissance n'a atteint que 1,3% après une chute proche des 5% en 2009. Surtout, la tendance récente n'est pas bonne avec une baisse du PIB de 0,6% au quatrième trimestre de 2010. Résultat la croissance n'atteindra même pas 1% en 2011. C'est dans ce contexte, très particulier, qu'une politique d'austérité pluriannuelle doit être mise en place. Les chiffres sont sans appel : baisse de 83 milliards de livres des dépenses publiques, gel pendant deux ans des salaires des fonctionnaires, suppression à l'horizon 5 ans de 490 000 postes dans la fonction publique, passage de l'âge de la retraite publique à 66 ans, gel des allocations familiales... La pilule est difficile à avaler, surtout qu'elle s'est accompagnée début janvier d'une nouvelle hausse de la TVA, passée à 20%. Ce relèvement des tarifs tombe au plus mauvais moment. Car, aujourd'hui, au Royaume-Uni, l'inflation dérape dangereusement. En février, les prix à la consommation ont augmenté de 4,4% sur fond d'affaiblissement de la livre sterling et de flambée des cours des matières premières importées. C'est de toute évidence très pénalisant. A l'heure actuelle, tandis que l'inflation dépasse les 4%, les salaires, eux, ne progressent que de 2,1%. En d'autres termes, le pouvoir d'achat recule. Sur les trois dernières années, les revenus moyens réels des ménages auront baissé de 1,6%. Songez simplement qu'en fin d'année, les salaires réels seront retombés à leur niveau de 2005. Du reste, la Banque d'Angleterre ne sait plus trop quoi faire en matière de politique monétaire. Pour ce qui est des taux d'intérêt, ils sont déjà à un plancher historique à 0,5%. Les augmenter c'est mettre en péril la reprise. A l'opposé, difficile de les baisser lorsqu'on est si proche de zéro et que l'inflation est deux fois supérieure à la cible. Le quantitative easing à l'américaine a également été essayé. Mais n'est pas les Etats-Unis qui veut : bref, la livre n'est pas le dollar et la banque d'Angleterre court le risque d'alimenter simplement l'inflation sur place. Au fond, l'idée selon laquelle on pouvait laisser dériver la livre pour redonner la compétitivité à l'industrie britannique a fait long feu. L'inflation galope trop vite : ce qui est gagné d'un côté avec la baisse de sa devise est perdu de l'autre avec la hausse des coûts. A vrai dire, on ne voit plus très bien quels sont les moteurs qui peuvent tirer l'économie britannique sur le sentier de la reprise. L'Etat, comme pendant la crise ? Surement pas. Là où le déficit budgétaire n'atteignait que 2,7% du PIB en 2007, il dépasse aujourd'hui les 11%. Il n'en fallait pas plus pour que le premier ministre, conservateur, tranche. Pour David Cameron, la priorité est aujourd'hui le redressement des comptes. Charge à George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, de mettre en place avec son nouveau budget la politique d'austérité la plus efficace possible. Cette année, la baisse des dépenses représentera 2% du PIB et s'établira à 1% pour les suivantes. Et les ménages alors ? C'est peu vraisemblable qu'ils puissent dynamiser la croissance. Le taux de chômage atteint aujourd'hui 8% de la population active, loin des 5% des années Blair. De son côté, le marché immobilier ne repart pas : la demande a été désolvabilisée et la bulle continue de se dégonfler. Il y aura toujours une demande pour les quartiers ultra luxe de Mayfair ou de Kensington, mais le Royaume-Uni c'est aussi Sheffield, Newcastle ou Glasgow, des villes peut être moins attirantes pour la jet set internationale. Les derniers espoirs reposeraient alors sur les épaules des entreprises. Oui, la production industrielle est repartie outre-Manche. En janvier, elle était même supérieure de 4,5% à son niveau de l'année précédente à la même époque. Mais elle est aujourd'hui trop faible pour tirer à elle seule l'ensemble de l'économie si tout le reste plonge autour d'elle. Les chiffres sont en effet cruels : toujours en janvier, le niveau de la production était inférieur de 13,3% à son pic historique. Et ce sommet avait été atteint en juin de l'an 2000. C'était vraiment une autre époque. Depuis lors, le pays s'est désindustrialisé. Pas au point de faire disparaître l'industrie britannique, comme certains ont voulu le faire croire. Mais suffisamment pour la rendre très dépendante du reste du monde, ne serait-ce que parce que les fleurons de sa Très Gracieuse Majesté sont progressivement passés sous pavillon étranger. C'est simple, le Royaume-Uni a perdu ses centres de décision. Voilà qui, en période de crise, est peu propice à l'investissement sur le territoire domestique. Doit-on dès lors s'étonner que les dépenses d'équipement n'aient augmenté que de 2,8% l'an passé après une chute de 13,4% en 2009 ? A bien y regarder, la crise a véritablement marqué la fin d'une époque pour le Royaume-Uni. Le modèle britannique a tenu un temps, puis s'est essoufflé. C'est ce qu'a compris le gouvernement mené par David Cameron et Nick Clegg. L'enjeu est clair : tenir coûte que coûte pour réinventer, une fois de plus, le modèle de croissance du Royaume-Uni. En attendant, ils ne peuvent rien promettre d'autre que « blood, toil, tears and sweat », du sang, du travail, des larmes et de la sueur.


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