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Comment le France peut-elle faire face à une énergie plus chère?

Publié le mercredi 23 novembre 2011 . 11 min. 40

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Xerfi Canal présente l'exposé d'Alexandre Mirlicourtois et de Philippe Gattet sur le thème : Comment la France peut-elle faire face à une énergie plus chère?

Pour les entreprises, l’énergie est un coût de production stratégique. Dans tous les pays, les entreprises sont exposées à la hausse tendancielle du prix des produits énergétiques. Mais l’Etat peut jouer un rôle crucial, par sa politique énergétique, et dans la formation des prix.  C’est un sujet très sensible pour les entreprises françaises depuis le Grenelle de l’environnement. Mais pour bien comprendre les relations étroites entre compétitivité et choix énergétiques, il faut d’abord bien avoir en tête le bilan énergétique de la France. 

Comme vous le savez, la France n’a quasiment pas d’énergie fossile. Même si le pays a d’importantes ressources en gaz de schiste, leur exploitation est pour l’instant interdite en France. Nous avons ainsi importé pour plus de 45 MdE de produits énergétiques en 2010, essentiellement du pétrole et du gaz. Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, c’est l’équivalent de 2,4% du PIB en 2010. On est encore largement en-dessous des niveaux record des années 1975-1985. Mais nous sommes au-dessus du seuil de 1,5% des années 90. Voici un autre graphique important. La facture énergétique représente plus de 13% des importations totales du pays. Du jamais vu depuis les années 80. Rapporté au déficit du commerce extérieur, la facture énergétique grimpe même à 70%. En 2010, la dégradation du déficit commercial du pays s’explique à près de 80% par la hausse de la facture énergétique. Une hausse liée au rebond des cours du pétrole et à l’appréciation du dollar face à l’euro. Mais, la France n’importe pas toutes les énergies. Regardez. Elle exporte de l’électricité pour environ 1,2 MdE en 2010. C’est toutefois plus de deux fois moins qu’en 2008 où le pays avait exporté pour 2,8 MdE. L’électricité produite dans l’Hexagone est surtout d’origine nucléaire comme vous le voyez sur cet autre graphique. C’est un rapport de 75% contre 2% pour les nouvelles énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire. L’éolien ou le solaire qui sont donc pour l’instant des modes de production électriques mineurs. Autrement dit, l’excédent commercial de l’échange d’électricité repose surtout sur la production nucléaire. Une production nucléaire qui dépend bien sûr du niveau de disponibilité des centrales. 

En résumé, la facture énergétique de la France représente plus de 45 MdE. On pourrait donc penser que la France est très dépendante de l’étranger pour s’alimenter en énergie. Pourtant, c’est en partie faux. C’est ce que montre ce graphique qui classe les principaux pays européens par leur taux d’indépendance énergétique. Un taux mesuré par le rapport entre les importations d’énergie d’un pays et sa consommation globale. Plus ce taux est faible, plus l’indépendance énergétique du pays est grande. C’est le cas du Danemark mais on aurait aussi pu ajouter la Norvège, l’Australie ou le Canada, qui sont tous des pays exportateurs nets. En France, ce taux est proche de 50%. C’est un peu moins que la moyenne européenne et c’est surtout 10 points de moins que l’Allemagne. D’ailleurs, l’Allemagne pourrait bien voir son taux d’indépendance énergétique se dégrader après sa récente décision de sortir du nucléaire. L’arrêt des réacteurs Outre-Rhin est une véritable opportunité pour les exportations françaises d’énergie. Car l’Allemagne devra importer massivement de l’électricité produite à partir des centrales nucléaires françaises. Un surcroît de demande qui risque aussi de créer des tensions sur les prix de l’électricité un peu partout en Europe.

Les choix allemands peuvent avoir de lourdes conséquences sur le marché européen et la formation des prix. Mais je voudrais maintenant attirer votre attention sur les émissions de CO2 de la France. Chacun le sait, les gaz à effet de serre sont désormais une des pierres angulaires des politiques énergétiques des États. Et que voit-on ? Et bien que ces émissions n’ont que très peu progressé entre 1990 et 2008. La hausse dépasse à peine 1%. Si on met de côté les transports et le résidentiel- tertiaire, les deux grands secteurs émetteurs de gaz carbonique ont réduit ou maîtrisé leurs émissions. Je veux bien sûr parler de l’énergie et de l’industrie manufacturière. Dans le cas de l’industrie manufacturière, c’est aussi l’effet de la désindustrialisation du pays. La France fait même partie des meilleurs élèves des pays de l’OCDE en termes d’émissions de CO2. Regardez. Les émissions rapportées à la population sont en France parmi les plus faibles des pays développés. Les Américains notamment émettent trois fois plus de CO2 par tête que les Français. Seuls les Suisses et les Suédois font mieux que nous. Même les Allemands font moins bien. Tous ces chiffres montrent l’importance du nucléaire dans notre consommation d’énergie. Penchons-nous maintenant sur la demande et les prix. En France, la demande d’énergie plafonne grosso modo depuis 2000. Pourquoi ? Parce que les deux grands consommateurs que sont le résidentiel-tertiaire, c’est-à-dire surtout les ménages, et l’industrie ont cherché à maîtriser leur facture d’énergie. Réduire la facture face à l’envolée des prix. C’est bien évidemment le boom des cours du pétrole qui a marqué les esprits. Ce graphique montre l’évolution des cours de l’or noir. Certes les prix de marché du gaz et de l’électricité ont épousé les mêmes tendances. Mais le pétrole reste le principal référent mondial pour fixer les prix de toutes les formes d’énergie. Il faut dire que c’est le plus ancien des marchés des commodités. C’est aussi le plus liquide et le plus internationalisé. Et il faudra s’habituer à ce que les prix continuent d’augmenter à long terme, compte tenu des réserves limitées de pétrole sur le globe. 

En somme, les prix vont encore augmenter. Mais il faut aussi tenir compte du rôle de l’État dès qu’on parle d’énergie. En effet, les pouvoirs publics tentent d’arbitrer entre 3 objectifs stratégiques pour élaborer la politique énergétique. Le premier : sécuriser les approvisionnements — c’est le programme nucléaire des années 70-80. Le deuxième : satisfaire aux objectifs environnementaux en développant notamment les énergies renouvelables. Et enfin améliorer la compétitivité économique du secteur de l’énergie et des secteurs utilisateurs en les incitants à réduire leur consommation. Et c’est bien pour cela que l’État intervient concrètement dans les trois grands secteurs utilisateurs d’énergie. Il s’agit des bâtiments qui totalisent 43% de la consommation d’énergie en France, des transports 32% et de l’industrie 22%. Les aides publiques et les contraintes réglementaires dans ces secteurs sont légion. Dans le but que ces secteurs réduisent leur intensité énergétique. Juste quelques unes pour mémoire : le crédit d’impôt développement durable pour la rénovation de l’habitat, le tarif d’achat de l’électricité pour les parcs éoliens, les quotas de CO2 pour l’industrie, le bonus/malus écologique pour les voitures. Et j’en passe. Tout est fait pour que l’Hexagone réduise sa facture énergétique. Réduire sa facture en assurant la sécurité des approvisionnements, sans négliger la protection de l'environnement. Arrêtons-nous sur les énergies renouvelables. Et évaluons leur impact sur la compétitivité des entreprises françaises puisque c’est le thème central de ce forum. Les nouvelles énergies ont des conséquences importantes sur l’économie d’un pays. Des conséquences positives et négatives. Passons-les rapidement en revue pour la France. Leur développement favorise en France les services, en particulier les travaux d’installation. Ces énergies vertes sont à l’origine de nombreuses créations d’emplois, autour de 135 000. Mais c’est près de trois fois moins qu’en Allemagne. Et en France ce sont des métiers le plus souvent issus des corps d’état du bâtiment, c’est-à-dire des emplois à faible valeur ajoutée. L’activité de ces sociétés dépend fortement de la consommation domestique qui elle-même repose sur les aides publiques. Ce modèle n’est clairement plus supportable aujourd’hui avec la cure d’austérité qui s’annonce. Les métiers liés à la fabrication, à plus forte valeur ajoutée, ont pour leur part été délaissés par les autorités françaises. Ils sont désormais l’apanage des pays comme l’Allemagne ou la Chine. La Chine est ainsi devenue en seulement quelques années le 1er fournisseur mondial de panneaux photovoltaïques : 50% des panneaux installés chaque année en France viennent de Chine. Des panneaux qui rappelons-le sont subventionnés par l’État français.

Ainsi, le développement des énergies renouvelables risque de peser sur la compétitivité de l’industrie française. Atteindre les objectifs du Grenelle en la matière va se traduire d’ici 2020 par une hausse du prix de l’électricité, alors même que son prix reste pour l’instant bien inférieur à la moyenne européenne. Comme vous pouvez le voir sur ce slide, c’est même le plus faible de toute l’Union. Le déploiement des énergies renouvelables doit aussi s’accompagner d’une modernisation du réseau électrique notamment. Tout cela a finalement un coût. Un coût qui va se traduire par une hausse des tarifs de l’électricité, pourtant le point fort de la France. D’ailleurs, les tarifs réglementés destinés aux entreprises industrielles ont déjà augmenté de près de 60% depuis 2008. Les énergies renouvelables ne sont pas seules en cause. Il y a aussi la mise en place de la loi NOME qui libéralise un peu plus le marché français de l’énergie. Il y aussi la multiplication des travaux d’entretien du parc nucléaire. Bref, la hausse inéluctable des prix de l’électricité menace la compétitivité des entreprises industrielles françaises alors qu’elle était auparavant un atout. En favorisant une fois de plus l’aval par rapport à l’amont, nous creusons notre déficit extérieur. N’est-ce pas là les deux points fondamentaux à comprendre.

L’État cherche à réduire une facture énergétique astronomique qui a atteint plus de 45 MdE en 2010. L’Etat cherche aussi à réduire les émissions de CO2. C’est le sens des normes de construction plus contraignantes dans les bâtiments. C’est aussi pourquoi il a contraint les constructeurs automobiles à fabriquer des voitures plus propres pour diminuer les importations de pétrole. Avec le développement des énergies renouvelables, les pouvoirs publics ont aussi pris un virage écologique. Et ce, sans vraiment renoncer au nucléaire. Ce modèle de développement est pour l’instant un échec. Dans le domaine des énergies renouvelables, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les pompes à chaleur aérothermiques sont massivement importées. La libéralisation du marché de l’énergie est aussi un échec. Pourquoi ? Parce qu’elle aboutit à une hausse des prix du kilowattheure pour les industriels et les ménages français.. La France a deux atouts. Le premier, c’est la capacité de ses entreprises à innover pour créer des ruptures technologiques importantes pour concurrencer la Chine, les États-Unis ou l’Allemagne. Je pense notamment aux véhicules hybrides mais aussi au solaire à concentration, à l’éolien offshore ou aux énergies marines. Des solutions qui offrent de nombreux avantages et sur lesquels les groupes français sont plutôt bien positionnés. La France doit massivement investir dans ces nouveaux secteurs. Le second c’est le nucléaire. Certes le nucléaire est entré dans une période de forte turbulence avec l’accident de Fukushima. Mais la France dispose d’un vrai savoir-faire internationalement reconnu. C’est en outre un leurre de croire que l’on peut se passer de l’atone en France pour disposer d’une énergie fiable et à faible coût. Une énergie fiable et à faible coût c’est pourtant essentiel à la compétitivité de notre industrie.



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