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Le 7 juin dernier, la banque espagnole Banco Popular a été vendue pour un euro symbolique à sa rivale Banco Santander. Une mise en faillite et un rachat organisés au niveau européen en un temps record et sans débourser un seul centime d’argent public. Depuis, régulateurs et commentateurs soulignent à l’envie la qualité et l’efficacité des mécanismes post subprimes permettant de traiter les cas des banques en difficulté. C’est aller un peu vite en besogne.

 

Banco Popular était jusqu’au milieu des années 2000 une belle petite banque madrilène. Conservatrice aussi bien sur le plan économique, avec peu de risques pris, que politique, de par sa proximité avec l’Opus Dei et les réseaux catholiques, elle était destinée à traverser l’histoire sans souci. Mais elle a commis le péché de gourmandise : voyant les autres établissements se gaver de profits en finançant un marché immobilier en plein boom, elle a finit par s’y mettre, tardivement… juste avant le retournement du marché. Depuis, ses comptes sont plombés par des prêts immobiliers douteux, c’est-à-dire avec peu de chances d’être remboursés, qui lui ont fait terminer l’année 2016 avec des pertes de 3,5 milliards d’euros.

 

Le 20 février dernier elle décide de faire appel à Emilio Saracho, un ex de J.P Morgan pour un sauvetage miracle. En avril, le nouveau PDG décrit clairement les difficultés de la banque… mais n’offre pas de plan de sortie. Les entreprises commencent à retirer progressivement leurs dépôts et les investisseurs à vendre leurs actions de la banque. Le mois de mai se passe sans plus de solution et l’établissement dépend pour quasiment la moitié de son financement de court terme des fonds prêtés par la Banque centrale européenne. Début juin, c’est l’hallali. Le lundi 5, la banque demande une aide de 2 milliards d’euros pour faire face à la fuite des déposants : cela lui permet de tenir un jour. Le mardi 6, elle redemande 1,6 milliard ; ils partent en une demi-journée. Pendant ce temps là, les investisseurs vendent l’action en masse et le cours tombe à 32 centimes d’euros !

 

Le mardi après-midi, le Conseil de résolution unique européen, l’organisme créé en 2015 pour organiser les faillites des banques européennes en difficulté, organise une téléconférence de crise. Plusieurs banques espagnoles ont regardé les comptes de Banco Popular quelques mois auparavant dans la perspective d’un rachat éventuel. La seule qui reste intéressée est la plus grosse du pays, Banco Santander. Les régulateurs européens appellent dans la nuit la banque centrale des Etats-Unis, leurs homologues au Mexique et dans les autres pays où Popular est présente pour leur soumettre le rachat par sa rivale. Tous donnent leur feu vert. A six heures du matin, Santander est informée qu’elle a l’autorisation d’avancer. A sept heures du matin, la vente est signée.

 

Banco Popular est cédée pour 1 euro symbolique. Les actionnaires perdent ce qu’il reste de valeur de leur investissement (1,3 milliard) et une partie des créanciers, qui avaient troqué des taux d’intérêt plus élevés (plus de 8 %) contre la possibilité de ne pas être remboursés en cas de problèmes, perdent également leur mise (2 milliards). De son côté, la banque Santander va utiliser une partie de ses réserves pour contribuer également à éponger les pertes et lever 7 milliards d’argent frais. Ni l’Europe, ni l’Etat espagnol ne verse un euro d’argent public.

 

Une faillite organisée de manière ordonnée en une quinzaine d’heures, sans qu’aucune aide publique ne soit nécessaire, quel contraste avec la crise des subprimes ! Le mécanisme européen qui prévoit la liquidation des actionnaires et d’une partie de créanciers avant toute intervention budgétaire a remarquablement fonctionné. Mais Banco Popular est loin de représenter un véritable test de sa solidité.

 

La banque madrilène est un petit établissement, le sixième sur le marché espagnol, dont le total des activités représente en gros un dixième du Crédit Agricole. Pas un énorme mastodonte dont il faudrait gérer des milliers de filiales aux relations financières complexes. En clair, ce n’est pas une « banque systémique », c’est-à-dire un établissement dont les soucis peuvent sérieusement fragiliser le système bancaire national, européen ou mondial.

 

Glorifiant leur intervention, les régulateurs européens oublient de rappeler que, surveillant la banque, il lui avait fixé l’an dernier un objectif à atteindre en termes de capital que l’établissement avait dépassé sans difficulté. Visiblement, le niveau n’était pas adéquat ! De plus, une inconnue demeure sur la possibilité d’un risque juridique. Les investisseurs qui ont vu leur argent partir en fumée après avoir souscris à l’augmentation de capital de 2016 commencent à parler d’expropriation. Peuvent-ils faire valoir des droits devant les tribunaux ? La question reste posée.

 

Enfin, en permettant à la première banque espagnole de racheter l’une de ses concurrentes, elle fait de celle-ci un établissement encore plus gros, plus reliée au reste du système bancaire mondial et donc encore plus systémique. On comprend bien l’intérêt de Santander qui récupère une banque qui, au-delà de ses déboires dans l’immobilier, détient une position stratégique dans le financement des PME espagnoles. On comprend bien l’intérêt des régulateurs espagnols et européens qui font couvrir les pertes de Popular par les profits et l’augmentation de capital annoncée de Santander. Mais il y a un risque que, demain, le contribuable européen doive payer pour tout cela.

 

La mise en faillite ordonnée de Banco Popular représente indéniablement une réussite de l’Union bancaire européenne. Mais de là à en faire un triomphe…

 

Christian Chavagneux, Banco Popular : les leçons du sauvetage éclair d'une banque en faillite, une vidéo Xerfi Canal.


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