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Une politique de renaissance numérique

Publié le mercredi 14 novembre 2012 . 10 min. 44

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L'association Institut Xerfi et Xerfi Canal présente l'analyse de Frédéric Lefebvre-Naré, consultant, directeur scientifique associé de H2O, expert en statistique et analyse des données

Nos politiques quémandent aujourd’hui des sursis pour une raffinerie ou une usine de mécanique. Ils ont raison, nous aurons toujours besoin d’essence et d’automobiles.

Notre Ministre du Redressement productif pose avec des produits français pour convaincre les Français d’acheter français. Il a raison, chaque produit français acheté en France évite un peu d’importation, et un peu d’endettement.

Mais enfin… pour que la France se relève, pour que la France puisse connaître un développement durable, pour que la France puisse financer son système de santé et de retraites, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas que les Français aient envie d'acheter français, c’est que le monde entier ait envie d'acheter français !

Nous croyons, à l’Institut Xerfi, que c’est possible. Que cela redeviendra possible quand le monde politique français fera sa mutation. Quand les décideurs en France découvriront et comprendront le nouvel environnement économique et social qu’apporte le numérique. Quand la révolution numérique devient le principal chantier politique, social et économique.

Alors, oui les industries françaises redeviendront compétitives ; alors, le monde entier aura envie d’acheter français.

Pourquoi ? Eh bien, la révolution numérique a constitué trois nouveaux territoires, trois couches qui se sont glissées entre l’économie et la société telles que nous les connaissions avant 1975 ; trois couches que nos décideurs croient anecdotiques, et qui sont pourtant les territoires où la France peut gagner !

La première couche, c’est le numérique au sens habituel du terme, c’est-à-dire les outils de mise en relation entre production et consommation, entre les services publics ou privés, et leurs usagers. C’est amazon, c’est google, c’est l’application sur votre téléphone pour commander votre pizza.

La deuxième couche est à l’intérieur de l’entreprise, dont elle constitue le système nerveux : ce sont les systèmes d’information qui décrivent la production elle-même, qui organisent les flux physiques, logistiques, d’énergie, comptables, et les interventions des travailleurs sur ces flux.

La troisième couche coiffe la production économique elle-même, c’est l’informatique financière.

Une politique du numérique gagnante, c’est une politique qui permettra à la France de conquérir ces trois territoires, au bénéfice de son économie et de sa société.

Alors, quelle stratégie permettra cette conquête ?

Parlons d’abord de l’informatique financière. Ce n’est pas seulement une informatique comme un autre ; elle transporte et elle modélise l’argent, elle joue ainsi un rôle de circulation sanguine pour l’ensemble des entreprises et des services publics. Or la finance a développé depuis 25 ans une modélisation informatique tournée essentiellement sur elle-même et sur ses fameux « produits dérivés », de plus en plus déconnectés des réalités économiques et sociales qu’elle nomme des « sous-jacents ». La finance a développé, en même temps, ses propres connections, ses propres canaux de communication internationaux qui lui permettent d’échapper à la fiscalité et aux lois. Les administrations financières ont abdiqué, elles ont laissé les acteurs privés, les seuls qui semblaient détenir l’information sur ce qu’ils faisaient, prendre ou inspirer les décisions politiques qui les concernaient.

La priorité numéro 1 d’un Ministre des Finances devrait être de reprendre le pouvoir. C’est à dire, de comprendre ce qui se passe dans la bulle financière mieux que les acteurs privés de la finance, de modéliser mieux qu’eux, d’avoir un temps d’avance sur leur réflexion. C’est à cela que devrait servir notre recherche publique en finance ou notre Inspection des Finances.

Un exemple : le G20 avait décidé que toutes les transactions sur produits dérivés soient déclarées sur un registre électronique central, d’ici fin 2012. Cela permettrait enfin de les contrôler et de les taxer, par exemple en créant la fameuse taxe Tobin. A dix semaines de l’échéance, où en sommes-nous, où sont les décisions politiques pour reprendre le contrôle de la bulle financière en s’appuyant sur de tels outils.


Deuxième couche, les systèmes d’information des entreprises : modéliser, concevoir, outiller la production pour qu’elle soit toujours plus performante, plus compétitive, plus innovante, plus réactive aux événements. Dans ce domaine, le leadership mondial a été pris par l’Allemagne avec SAP. Et pourtant la France a démontré, dans le passé, ses capacités de conception de grands systèmes, qu’il s’agisse du château Versailles ou du parc nucléaire. Il y a des entreprises françaises puissantes sur ce secteur ; elles ont eu de l’argent de l’État, notamment à travers des programmes militaires.

Mais à part financer des entreprises, est-ce que le pouvoir politique fait son propre travail ? Par exemple, comment sont formées les armées d’ingénieurs qui devront concevoir ces systèmes ? qui devront modéliser le fonctionnement de très grandes entreprises, les interactions entre flux de matière et salariés, entre production et environnement, entre chaînes de production et sous-traitants ? C’est très simple : ces étudiants auront passé leurs deux ou trois années de prépa à apprendre les mathématiques qui leur permettraient de concevoir les usines de 1960. Ils peuvent arriver en école d’ingénieurs sans avoir jamais entendu les mots « systèmes d’information ». Dans le primaire, au collège et au lycée, ils pourront avoir fait des milliers d’heures de maths et cent fois moins d’informatique.

Et en matière de recherche publique : quelle proportion de nos chercheurs travaillent là-dessus, sur la modélisation de l’activité industrielle et des services, pour rendre plus performantes nos entreprises et nos services publics ?

La mission du Ministre de l’Éducation Nationale et de la Recherche devrait donc être de reconvertir des pans entiers de notre enseignement et de notre recherche, pour qu’ils préparent notre société au XXIème siècle au lieu de refaire le XXème.


Enfin, troisième territoire à conquérir, le numérique au sens commun du terme, c’est l’ingénierie de la relation entre producteurs et consommateurs, entre les institutions et les gens. Là encore, le leadership a été pris par d’autres, en premier lieu par les Etats-Unis avec Google. Pour la France, il reste presque tout à faire, et pourtant nous aurions tous les atouts pour réussir.

Parce que nous avons une expertise enviée dans le monde entier, celle de l’art de vivre. Celle de concevoir des places de village, des fêtes de la musique, des grands magasins, des plages, où les gens se sentent bien, où ils ont envie de revenir. Comment cela, ce n’est pas de l’économie ? Mais depuis dix ans, c’est le seul moteur de notre croissance ! C’est cela aussi l’économie numérique, ou bien, ce sera cela aussi : transférer notre savoir-vivre dans des produits et services qui séduiront le monde entier.

Ce n’est pas de l’économie, au sens où ça dépasse l’économie, c’est une révolution sociale. Nous construisons là une nouvelle génération de services à la fois humains et informationnels, comme l’autopartage, le covoiturage ou le vélo en location, comme les économies d’électricité en réseau dans les foyers, comme la production citoyenne d’information,  l’audioguidage en chinois dans les sites touristiques, comme la notation des services par les consommateurs, le partage de vidéos dans l’enseignement, le repérage automatisé de fraudes à la Séc Soc, le suivi des patients à domicile par la télémédecine, une assistance sociale ou un Pôle Emploi qui ne passent pas tout leur temps à gérer des dossiers, un cadastre entièrement numérique avec toutes ses applications pour la gestion du sol, de la fiscalité, les services de réseau. Des révolutions comme celles-là dans les services, il y en a des milliers. Elles commencent à exister, mais 99% du chemin reste à faire. Et sans doute 99% des économies, sur les systèmes dont nous avons hérité, qui ont un quart de siècle de retard et qui plombent la compétitivité de la France.


Conquérir le territoire de l’informatique financière, celle qui gère et transfère l’argent, pour que cette informatique constitue et produise une information juste qui incitera à investir dans l’économie réelle.

Conquérir le territoire des systèmes d’information des entreprises, pour que celles-ci conçoivent les produits et les services les plus performants du monde.

Conquérir le territoire des services, rendre plus fluide et heureuse, grâce au numérique, la relation entre les gens et les institutions privées, comme publiques.

Voilà trois défis pour la compétitivité de la France, voilà ce que serait une politique de renaissance numérique.

 

Frédéric Lefebvre-Naré, Une politique de renaissance numérique, une vidéo Xerfi Canal


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