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Se manager soi-même pour manager les autres

Publié le mardi 9 février 2016 . 3 min. 49

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A Alcibiade, le plus beau, le plus doué, le plus ambitieux des jeunes athéniens, celui qui a réponse à tout, Socrate pose une question, en apparence banale: « As-tu jamais eu le souci de toi-même ? » Or la question déconcerte complètement Alcibiade; l’objectif pédagogique est alors atteint pour Socrate, lui qui se fait une conception bien particulière de l’éducation des celles et ceux qui désirent exercer le pouvoir (2008). Cette éducation porte un nom : le souci de soi, epimeleia heautou en grec, qui signifie concrètement qu’un futur gouvernant doit d’abord se soucier de lui-même. Bien gouverner les autres, c’est s’être soucié de soi. Non pas se rendre un culte à soi-même mais porter la question du souci comme double éthique de l’exercice du pouvoir.

 

Résumons plus simplement les choses : libération de soi et gouvernement des autres seraient en quelque sorte indissociables, l’exercice de la responsabilité, ne pouvant être disjointe d’une réflexion que, celui qui conduit l’action collective, doit porter à l’égard de lui-même.

 

Il revient à Michel Foucault, au début de années 80, dans quelques-uns de ces derniers cours du Collège de France, d’avoir situé la question éthique dans cette trame qui se constitue entre, je cite, « les relations de pouvoir-gouvernement de soi et les autres rapports de soi à soi ». Gouverner les autres, pour parler la langue du pouvoir, c’est apprendre à se gouverner soi-même ; et Foucault d’évoquer par exemple les méthodes présentées par les Pythagoriciens tels  les examens de conscience, les exercices de mémorisation ou le fait d’écrire pour soi-même comme possibles « pratiques de soi ». Celles-ci doivent notamment permettre de rejouer les événements du jour afin d’en tirer un certain nombre d’enseignements pour soi-même lesquels trouveront ensuite leur accomplissement dans l’engagement social et la prise de responsabilités dans la cité.

 

Le rapport à soi nous permettrait donc d’élargir le spectre de la question éthique dans les organisations. Elle concernerait en effet non seulement le niveau « macro sociétal » des relations entre l’organisation et son environnement et le niveau éthico-managérial qui se place au lieu de l’organisation en elle-même, mais encore, dimension souvent négligée dans les livres de gestion, de la relation que l’entrepreneur, le décideur, le responsable entretien avec lui ou avec elle-même. Cette dimension personnelle de l’éthique, dans ce rapport qu’elle promeut, serait au fond la condition de possibilité de tout management éthique luttant contre la standardisation mécaniste des comportements en entreprise au profit d’une capacité à maîtriser son rapport à soi-même jusque dans la vie sociale. Ne pas s’identifier à sa propre fonction, c’est d’ailleurs le conseil que le stoïcien Marc-Aurèle, Empereur de son état, donne à ceux qui veulent bien lire ses Pensées.

 

Entendons-nous bien: il ne s’agit pas ici de glorifier un quelconque égoïsme ou le narcissisme de quiconque, mais de dénoncer la perte du rapport intime et en quelque sorte deux excès possibles que l’on peut trouver dans les organisations: l’excès de celui qui s’occupent de soi alors qu’il devrait s’occuper d’autrui et celui préférant s’occuper des autres alors qu’il devrait plutôt s’occuper de lui-même. Pour nos philosophes, le conseil serait donc le suivant: rappeler à celles et ceux qui ambitionnent de diriger un jour de se soucier du souci que les autres ont d’eux-mêmes. Et de produire cet effort en commençant par soi.


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