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Interprétation des faits : de la science au récit créatif

Publié le lundi 24 juin 2019 . 4 min. 17

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Ce qui se passe dans une organisation s’expliquerait toujours, pour les uns, par l’enchaînement de causes et d’effets. Pour les autres, les faits de l’organisation ne seraient en réalité que des récits. Là se situe depuis toujours la grande ligne de fracture parmi les gestionnaires. Les premiers sont résolus à faire progresser la supposée neutralité de la méthode scientifique, comme Taylor en son temps. Les seconds se donnent pour but de décrypter les faits de gestion, de les situer dans un ensemble plus large, d’en faire une analyse sociologique, économique et culturelle. Pour ces derniers en effet, l’organisation n’est jamais un espace neutre et désintéressé, dénué de tout présupposés culturels. En bref l’état de nature, dans nos contrées industrielles, aurait bel et bien disparu.


Dans son dernier ouvrage, Hermeneutics and information, sous-titré Facts and Interpretation of the Age of Information, le philosophe américain et professeur d’humanités John Caputo entreprend de nous démontrer pourquoi cette deuxième option est la seule crédible. Il n’existe pas dans les organisations de faits purs et parfaitement objectifs : derrière les états comptables, les options stratégiques, les conflits entre direction et salariés ou les choix de recrutement se cacheraient toujours des éléments contextuels à analyser et à décoder. Tout serait affaire d’interprétation dans l’entreprise, voilà ce que défend une école de pensée que l’on nomme un peu pompeusement herméneutique. Et dont Caputo se fait le défenseur d’une manière radicale.


Selon lui en effet lorsque nous croyons quelque chose, lorsque nous tentons de comprendre ce qui se passe, à chaque fois nous ne faisons qu’un effort d’interprétation du monde. Même les mathématiques ne seraient au fond qu’une des nombreuses manières de le déchiffrer et de le traduire.


Bref l’entreprise telle que nous croyons la connaître serait toujours une construction culturelle et mentale. Et ce serait d’ailleurs la meilleure chose qui puisse nous arriver car c’est précisément cela qui fait que nous ne sommes pas des machines. Seuls les êtres humains sont capables de jugements en situation, à partir de connaissances implicites, de certains savoir-faire voire de savoir-vivre. Comme le remarque notre herméneute, nos machines ne savent que calculer, nous savons négocier, les programmes informatiques mettent en place des opérations routinières, quand nous sommes capables de bifurquer. Ce qui fait dire à l’auteur que les personnes qui travaillent dans le domaine de l’intelligence artificielle ne sont pas aussi stupides que les solutions logicielles qu’elles mettent sur le marché.


Oui mais alors, que rétorquer à ceux qui considèrent que le réchauffement climatique est une invention des chinois, que la théorie de l’évolution n’est qu’une hypothèse fumeuse ou encore que se sont les américains eux-mêmes qui ont perpétrés les attentats du 11 Septembre ? Caputo répond tout simplement que certaines interprétations sont meilleures que d’autres. C’est pourquoi chaque décision requière toujours notre capacité interprétative, notre « subtilitas ». Chaque raisonnement réclame notre aptitude à apprécier les situations afin d’être le plus juste possible, en étant certes toujours « hantés » par la possibilité de l’erreur.


Alors que les livres de management nous forcent à croire que l’essentiel de la discipline est du côté du programmable, du « pré-dit », cet essai nous incite plutôt à regarder de l’autre côté celui, que je cite ici, « du marginal, de l’outsider, du surprenant, du fortuit, de tout ce qui vient sans que nous l’ayons aperçu. Le « may-being », le peut-être. »


Et Caputo de prendre pour exemple des institutions médicales, notamment le travail des urgentistes et des infirmières, susceptible je crois d’inspirer la pratique managériale, pour montrer que leur rôle n’est pas de prédire les catastrophes qui vont se passer, ce qui est par définition impossible, mais de maintenir avec vitalité leur capacité d’accueillir des événements qui adviennent sans prévenir.


Finalement cet essai nous rappelle, sur fond de sociétés industrielles de plus en plus soumises au diktat technologique, la double condition de notre liberté dans les organisations : trouver le moyen de se forger un avis qui n’appartienne qu’à soi-même, et conserver au sein des institutions une place pour le non-programmable. Seules façons d’entrevoir la possibilité de se renouveler et, pourquoi pas, d’innover.

Réf.

Caputo, John, Hermeneutics and information, Facts and Interpretation of the Age of Information, Penguin books.


D'APRÈS LE LIVRE :

Hermeneutics: Facts and Interpretation in the Age of Information

Hermeneutics: Facts and Interpretation in the Age of Information

Auteur : John Caputo
Date de parution : 01/03/2017
Éditeur : Pelican
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