Pourquoi Obama pardonne Apple
Publié le mardi 3 septembre 2013 . 4 min. 08
Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste
Dans la torpeur du mois d'août, Barack Obama a pris une décision spectaculaire. Il a tout simplement mis son veto à une décision de la commission américaine du commerce international interdisant la commercialisation aux Etats-Unis de certains modèles d'iPhone et iPad par Apple. Avant l'été, la commission avait donné raison à Samsung qui accusait Apple de ne pas avoir payé les brevets pour certains des composants de ses produits phares.
En prenant le contre-pied de cette décision, Barack Obama donne un sérieux coup de pouce à Apple dans la bataille qui l'oppose au géant coréen. Et il adresse un message subliminal. La raison invoquée pour ce veto risque, en effet, de faire jurisprudence. La Maison Blanche a justifié son veto par la nécessité de préserver la concurrence et de protéger les consommateurs américains. En clair, les Etats-Unis ont estimé que Samsung faisait en quelque sorte un abus de position dominante, en demandant des prix exorbitants pour l'utilisation de ses brevets.
Cette intervention directe de l'exécutif dans une querelle entre groupes privés est hautement symbolique. Surtout concernant Apple. Depuis quelques années, la firme à la pomme symbolisait l'arrogance des multinationales. Steve Jobs, peu de temps avant sa mort, avait opposé une fin de non-recevoir à Barack Obama qui lui demandait de rapatrier des emplois et de la valeur ajoutée sur le territoire américain.
Depuis, la roue a tourné. Steve Jobs est mort. Et Apple, d'icône de l'innovation technologique est devenue le champion de l'exploitation des ouvriers chinois, le champion de l'opacité des comptes, le champion de l'optimisation fiscale. Les attaques contre Apple sont venues de toutes parts. De la Chine, qui met des bâtons dans les roues à la vente de ses produits sur son territoire. Du Brésil, qui exige la localisation d'unités de production. De Samsung, bien sûr, principal fournisseur des composants des iPhone et autres iPad, qui, de partenaire est devenu le principal concurrent.
Mais les attaques sont également venues des Etats-Unis. Cela a commencé par la dénonciation dans les médias des conditions de travail des 250 000 ouvriers chinois de Foxconn qui ne travaillent que pour Apple. Et cela s'est poursuivi par l'offensive et la mise sur la place publique des montages financiers qui ont permis à Apple d'accumuler, au fil des ans, des dizaines de milliards de dollars de bénéfices, en ne payant pratiquement pas d'impôts.
Le point d'orgue de cette offensive, à laquelle la Maison Blanche ne devait pas être étrangère, ayant été la comparution du successeur de Steve Jobs, en mai dernier, devant les sénateurs américains. Le procès en incivisme était instruit.
Apple avait gagné la première manche contre Barack Obama. Mais il avait perdu la seconde face à l'exécutif et à l'opinion. La sanction se retrouvait d'ailleurs dans les cours de Bourse, l'action Apple ayant plongé.
Dès lors, les conditions d'un compromis étaient réunies. Apple a annoncé avoir payé 6 milliards d'impôts en 2012 aux Etats-Unis et qu'il en paierait plus en 2013. Et une usine de Mac a été relocalisée. Aux yeux de la Maison Blanche, ce n'est sans doute pas suffisant, mais en appuyant spectaculairement Apple dans son procès contre Samsung, Barack Obama montre qu'il n'est pas un ingrat et que l'administration américaine appuiera, défendra ses multinationales. Surtout celles présentes dans les nouvelles technologies. Pour peu que ces multinationales paient leurs impôts aux States et rapatrient de la valeur ajoutée. Dès lors qu'Apple se montrera bon citoyen : ce qui est bon pour Apple sera bon pour les Etats-Unis.
Jean-Michel Quatrepoint, Pourquoi Obama pardonne Apple, une vidéo Xerfi Canal
Les dernières vidéos
Géostratégie, géopolitique
#ffb742
IQSOG - Recherche en gestion
Géopolitique des séries : les 2 Indes avec Leila et Bombay Begums Virginie Martin
11/04/2024
03:53
#66e8e1
ÉCONOMIE
Les défis de l'industrie aéronautique et spatiale française face au contexte géopolitique Alix Merle
10/04/2024
03:20
#ffb742
IQSOG - Recherche en gestion
Les arcanes de la politique vues par les séries : "scandal" et "the good fight" Virginie Martin
14/03/2024
04:07
#ffb742
IQSOG - Recherche en gestion
Géopolitique des séries : les 2 Corées du sud avec squid game et the penthouse Virginie Martin
12/02/2024
04:44
Les dernières vidéos
de Jean-Michel Quatrepoint
#66e8e1
ÉCONOMIE
Trump et sa bombe fiscale : et s'il avait raison ? Jean-Michel Quatrepoint
27/03/2017
06:08
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le cycle néolibéral c'est fini (et la suite risque d'être pire !) Jean-Michel Quatrepoint
18/01/2017
12:45
LES + RÉCENTES
#66e8e1
ÉCONOMIE
Vin et spiritueux : réorganiser la supply chain face aux défis de l’e-commerce et de la durabilité Alix Merle
18/04/2024
04:05
#66e8e1
ÉCONOMIE
L'Europe est-elle capable de basculer en "économie de guerre" ? Olivier Passet
17/04/2024
05:19
#66e8e1
ÉCONOMIE
Régies pub : organiser la contre-attaque face aux géants du web Alix Merle
17/04/2024
03:10
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Pour exister vraiment sur LinkedIn, échappez au conformisme et à la banalisation ! Géraldine Galindo
17/04/2024
04:16
LES INCONTOURNABLES
#66e8e1
ÉCONOMIE
La perception des inégalités et la redistribution en France et dans l'OCDE Orsetta Causa
08/04/2024
05:06
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Les fantasmes de la dématérialisation numérique du monde Benoît Heilbrunn
17/06/2021
04:00
#66e8e1
ÉCONOMIE
Worldfood, Halal, Casher… : un potentiel de croissance encore sous-exploité Alix Merle
08/04/2024
03:33
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Sommes-nous condamnés à la médiocratisation ? Ghislain Deslandes
13/06/2017
03:46