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Xerfi Canal TV a reçu Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dans le cadre de sa participation à la table ronde « Est-on à l’abri d'une nouvelle crise financière ? » du prochain Printemps de l’économie dont Xerfi Canal TV est partenaire.

 

 

"Alors d’abord : aujourd’hui, on a une légère reprise qui se dessine en Europe. Peut-on dire que corollairement, le risque de crise financière s’éloigne ?

 

Les chiffres de la croissance pour 2015 et 2016 ont été il est vrai récemment revus à la hausse (1,5% - 1,9%) et la BCE prévoit même une croissance supérieure à 2% à l’horizon de 2017. Côté inflation, c’est plus ambigu : la BCE prévoit une stagnation cette année et +1,5% l’an prochain. Quoi qu’il en soit, il s’agit pour l’Europe d’une reprise légère, pas franche et qui tient davantage au contexte international (baisse des prix du pétrole qui dit-on touche à sa fin) qu’aux propres ressorts de la zone euro, qui reste engluée dans des problèmes de gouvernance et qui n’a pas un policy-mix adapté à la correction des déséquilibres et des divergences au sein de la zone (c’est un sujet qui mobilise actuellement le CAE). Le risque déflationniste n’est dans ce contexte pas totalement écarté et le scénario d’une stagnation séculaire reste envisageable. Quant au risque de crise financière, il n’est pas écarté non plus.

 

A ce niveau justement, que faut-il penser du plan de rachat d’actifs de 1100 milliards d’euros de la BCE décidé fin janvier ? Cette injection massive de liquidités peut-il provoquer un phénomène de bulle ?

 

Il faut espérer que les liquidités déversées par la BCE dans le cadre de son QE  (plus d’un millier de milliards d’euros) rejoindront le circuit économique et réduiront ainsi la déflation car, si ce n’est pas le cas, on retrouvera bien ces liquidités quelque part et je crois que c’est dans des bulles de prix d’actifs qu’on risque alors de les retrouver. Or, pour que ces 1100 mds d’euros de monnaie centrale se transforment en masse monétaire, il faut que les canaux de transmission fonctionnent bien. On peut avoir quelques doutes en ce qui concerne le bilan des banques.

 

Pourquoi ?

 

C’est censé être un canal de transmission très important de la politique monétaire en Europe mais les banques, du moins les plus grandes d’entre elles, sont de moins en moins tournées vers l’économie réelle (vers le financement des entreprises, que ce soit par des crédits ou par des achats de titres émis par des entreprises). Les liquidités de la BCE risquent donc malheureusement de ne pas rejoindre l’économie réelle et au contraire d’alimenter des bulles qui lorsqu’elles éclatent déclenchent une crise financière.

 

D’où pourrait venir les risques de nouvelles crises financières ? Le risque principal est-il à aller chercher du côté des dettes souveraines avec le risque d’un défaut grec ou encore italien ?

 

Dans un de ses livres, Paul Krugman expliquait que les crises reviennent toujours mais jamais par là où on les attend. Bien sûr qu’un défaut grec ou italien pourrait être un dangereux catalyseur. Mais la question importante, me semble-t-il, n’est pas tant de savoir d’où cela peut venir mais bien davantage : a-t-on érigé des digues suffisamment hautes, suffisamment épaisses pour résister à une éventuelle prochaine crue ?

 

Depuis la crise de 2008, la régulation bancaire a été renforcée avec notamment les accords de Bâle 3, il y a eu deux vagues de stress tests (2011 et 2014), et puis l’Union bancaire au niveau européen. Vous estimez que malgré cela, les risques ne sont pas écartés. Pourquoi ? Quels sont les risques qui pèsent encore sur l’activité bancaire ?

 

Oui, c’est vrai Bâle 3 a un peu renforcé les exigences de fonds propres et introduit de nouvelles exigences en matière de liquidité. Mais Bâle 3 n’a pas remis en question un point majeur qui est la complexité excessive de ces règles, dont les banques tirent part. C’est directement lié au fait que les exigences de fonds propres sont basées sur les risques et que ces risques sont évalués par les banques elles-mêmes et donc nécessairement sous-estimés par elles. Tant qu’on n’aura pas un plafonnement simple du levier d’endettement des banques à l’aide d’un ratio de levier, la solvabilité des banques sera sujette à incertitude.

 

Les résultats des stress tests, tels que les a présentés la BCE, ne donnent donc pas une appréciation fiable de la solidité des banques de la zone euro ?


Les banques seront solides et résilientes quand elles seront capables de satisfaire les 10,5% à 15,5% de fonds propres recommandés par Bâle 3, non pas en % des actifs pondérés par les risques mais en % du total de leurs actifs et quand elles respecteront aussi des ratios de liquidités, sans rabotage. Ce qu’il faut saluer tout de même c’est le travail actuel des régulateurs autour des établissements systémiques, avec la mise en place des surcharges systémiques et de la définition d’une capacité d’absorption des pertes. Cela commence à porter ses fruits : récemment JP Morgan a annoncé qu’elle soumettrait à un taux négatif les dépôts de ses gros clients institutionnels, le but étant d’en limiter l’importance à son bilan car cela fait grimper son score de systémicité. Si JP Morgan lance ainsi le mouvement, les grandes banques pourraient enfin se mettre au régime.

 

On entend beaucoup parler de shadow banking en ce moment. Pouvez-vous nous donner un ordre d’idée de l’ampleur du phénomène ? Quels sont les risques qui y sont associés?

 

Oui le sujet mobilise beaucoup le FMI et le FSB qui évalue à quelques 75000 milliards de dollars cet ensemble d’entités non bancaires effectuant des opérations de banques, portant des risques de banques sans être réglementées comme les banques. Ce qui me gêne un peu c’est l’argument dont le lobby bancaire nous rabat les oreilles, selon lequel plus on réglemente les banques, plus on favorise l’essor du shadow banking, sous-entendu stop aux réformes bancaires ! Le shadow banking a effectivement poursuivi son essor pendant la crise.

 

On ne peut donc rien faire pour endiguer le phénomène ?

 

Non, je crois qu’il n’y a pas de fatalité à cela. Cela signifie qu’à mesure qu’on renforce les réglementations bancaires, il faut surveiller les liens entre les banques et shadow banques, réduire ces liens pour que le shadow banking n’offre pas une échappatoire qui élève l’instabilité du système financier, parce que tous ces liens sont porteurs de risque systémique.

 

Pour conclure : certains économistes observent que les crises financières se produisent tous les huit ans…La faillite de Lehman Brothers était en 2008…Faut-il tout simplement redouter une loi des cycles ?

 

Les lois précises et régulières, c’est plus pour la science physique que pour l’économie. Donc je ne sais pas s’il faut redouter la huitaine que vous évoquez, mais ce qu’on sait bien en revanche c’est que les cycles financiers sont d’une ampleur et d’une force, qui peuvent être redoutablement déstabilisantes pour l’économie réelle. Il faut contrer ce cycle financier, dont on sent bien, à travers les mouvements d’euphorie de ces derniers temps sur les marchés financiers, qu’il est en phase ascendante. Et pour cela, il faut mobiliser une batterie d’instruments macroprudentiels."

 

 

Jézabel Couppey-Soubeyran, Est-on à l’abri de nouvelles crises financières ? une vidéo Xerfi Canal TV


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