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Lobbying et stratégies politiques des entreprises

Publié le lundi 15 septembre 2014 . 9 min. 33

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En France les premières contributions sur les stratégies politiques des organisations ont été réunies dans un numéro programmatique de la Revue Française de Gestion  dirigé par Jean-Pierre Nioche et Jean-Claude Tarondeau et daté juin-juillet 1998. Il était intitulé « du lobbying aux stratégies politiques d’entreprises ». 
Plusieurs facteurs expliquaient à leur sens l’émergence de pratiques de lobbying visibles et donc de recherches possibles à cette époque : la consolidation du marché unique et la prééminence du droit communautaire favorable à l’expression des représentants d’intérêts, la multiplication des centres de  la décision publique, tant suite à la mondialisation qu’à la décentralisation. Pour en parler, Xerfi Canal a reçu Madina Rival, enseignant-chercheur au CNAM.

 

Pour aller plus loin, découvrez la note « Les stratégies politiques des organisations. Où en est la recherche en gestion ? »

 

Madina Rival, bonjour…  Qu’est-ce que les SPO ?

 

Suivant les temps et les lieux, elles peuvent apparaitre sous des vocables différents comme « lobbying » (en anglais dans le texte), influence (voire intelligence économique) ou encore action politique (traduction du terme américain « corporate political activity », CPA).
Elles se définissent de manière générale comme toute activité destinée à modifier directement ou indirectement les processus d’élaboration, d’application ou d’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et autres décisions des pouvoirs publics.

 

En bref : c’est une pratique que l’on peut définir comme l’influence développée par une organisation sur la décision publique pour obtenir ou maintenir un environnement favorable. 

 

Les États-Unis sont généralement considérés comme le berceau de ce phénomène, de ses origines au XIXe siècle jusqu’à son développement dans de nombreuses entreprises dans les années 1970. 
En France, le statut officiel des groupes d’intérêt a évolué en 2008, 2009 et 2010 lorsque successivement la Commission européenne, l’Assemblée Nationale puis le Sénat français ouvrent des registres facultatifs pour les représentants d’intérêts. La pratique est également bien installée comme en témoignent les plus récentes données issues des registres des représentants d’intérêts en Europe (6011 entités enregistrées fin 2013 dont 720 cabinets de conseil, 2999 représentants internes ou groupements professionnels d’entreprises et 1559 ONG) et en France  (238 inscrits à l’Assemblée Nationale et 115 inscrits au Sénat fin 2013).

 

Par exemple ?

 

Le cas de la guerre entre les taxis et els VTC est très emblématique de ce type de stratégie.

 

Cet hiver, le Conseil d’Etat a suspendu le décret qui encadrait le marché des VTC (voitures de tourisme avec chauffeur). Cette décision est le résultat d’une guerre que se livrent d’une part les 50 000 taxis et d’autre part les 6000 VTC français, non pas sur le terrain traditionnel des stratégies commerciales mais sur celui plus sulfureux des stratégies politiques.
l’Union nationale des industries du taxi : lobbying auprès du gouvernement  (Manuel Valls à l’intérieur et Sylvia Pinel à l’artisanat) pour encadrer vs Allocab, le Cab, Chauffeur-privé et Snap car qui ont saisi le conseil d’Etat plus pétition et réseaux sociaux.

 

Cela est vrai en France mais également aux Etats-Unis  puisque Uber s’est retrouvé confronté en plein mois d’aout en Californie au vote d’une loi resserrant les obligations des sociétés des VTC en matière d’assurance malgré un intense lobbying auprès des autorités publiques via des courriels groupés et des pétitions.

 

En quoi est-ce important ?

 

C’est important parce que de manière délibéré ou émergente, toute organisation est un stratège politique dès lors que toute activité est impactée peu ou prou par la décision publique. C’est le cas bien sur des entreprises qui ont parfois une direction des relations institutionnelles ou des affaires publiques ou vont faire appel aux cabinets de conseil en lobbying pour promouvoir ou éviter une loi régulant leur secteur. C’est aussi le cas des associations bien connues comme Greenpeace ou même Transparency international qui promeut une règlementation sur le lobbying ( !), c’est également le cas des syndicats de salariés qui l’assument plus ou moins bien en France et même des organisation publiques comme certaines grandes écoles ou universités.

 

C’est important ensuite car ces organisations y consacrent un budget important et en attendent une contribution significative à leur performance.

 

Pour ce qui est du budget, la question demeure relativement taboue en France malgré une évolution récente des mentalités. Lors d’une enquête que j’avais effectuée en 2010 une enquête auprès des 120 plus grandes entreprises françaises. La moitié affirmait dépenser moins de 500 000 euros par ans pour leur lobbying. Quand on connait le prix de la location annuelle d’une loge au stade de France (250 000 euros), cela laisse dubitatif.
Pour ce qui est de la contribution du lobbying à la performance notamment financière de l’entreprise, les études sont contradictoires et il semblerait que cela soit surtout vrai dans les secteurs fortement régulés par l’Etat comme par exemple le domaine aérien.

 

En résumé ; il s’agit d’une fonction naturelle des organisations, aux pratiques variées et susceptible d’impacter leur performance.

 

Qu’est-ce que les sciences de gestion ont à dire sur le sujet ?

 

Il s’agit d’un sujet paradoxal puisque central dans la vie des organisations…[le cas de la guerre des taxis est frappant à cet égard, la société de VTC Voitures jaunes qui se contentait de respecter la loi a déposé le bilan en janvier]… mais longtemps périphérique dans la recherche en gestion. Depuis une vingtaine d’années, la recherche en sciences de gestion sur les stratégies politiques des organisations s’est développée pour devenir un champ légitime aux Etats-Unis (je reviens par exemple du colloque de l’AOM) mais également en France et en Europe…même si en la matière récolter des donnée relève du tour de force.

 

En réalité, il s’agit d’une stratégie hors marché, comme la RSE, c’est-à-dire qu’elle ne vise pas directement la production et la vente mais l’environnement de l’entreprise. On y retrouve les problématiques classiques en stratégies d’internationalisation, d’externalisation ou d’alliances. Des cadres théoriques comme les ressources et compétences, la notion de facteur clé de succès ou encore d’alignement stratégique peuvent être mobilisés avec profit pour éclairer les décideurs des organisations lobbyistes mais également les décideurs publics cibles de l’influence.

 

Quelles sont les pistes de réflexion futures en la matière ?

 

Au-delà de la stratégie, il s’agit d’un sujet qui touche également à deux problématiques très actuelles :

 

1. La question de l’éthique
Ce sujet fait les choux gras des journaux voir des séries TV (je pense par exemple à « House of cards US »). Elle est aujourd’hui bien présente à l’esprit des professionnels de l’influence qui s’engagent souvent sur des chartes ou des codes de déontologie. Certains cabinets de conseils promettent même un lobbying socialement responsable. Des réflexions plus théoriques pourraient étayer ces pratiques.

 

2. La pratique du management public
Pour le dire rapidement, le caractère de ce qui est public (la publicitude) est amené à évoluer dès lors qu’un grand nombre de décisions publiques sont modelées par l’influence d’autres organisations : des normes comptables internationales imposées par l’IASB-IASC (régulateur privé anglo-saxon) à la gouvernance locale de l’eau inspirées par la Lyonnaise des eaux dans certaines villes.

 

Dans ce cadre, quelle est le projet de dossier spécial la RFG ?

 

Plus de quinze ans après, la RFG se saisit à nouveau de cet objet par nature transdisciplinaire au sein des sciences de gestion pour tenter  de dresser un bilan et de tracer des perspectives de recherche.
Dans ce cadre Véronique Chahut et moi-même attendons des contributions pratiques et empiriques d’ici le 15 janvier 2015. L’appel complet et les modalités concrètes de soumission sont présentées sur le site de la revue.

 

Madina Rival, Lobbying et stratégies politiques des entreprises, une vidéo Xerfi Canal


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