Compétitivité : la rapidité du rebond peut nous surprendre
Publié le lundi 8 juillet 2013 . 4 min. 37
Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Cette économie française inerte, pessimiste, sans stratégie peut-elle redresser sa compétitivité et sortir de l'enlisement ? Et bien oui, je voudrais vous montrer qu'elle peut rebondir, et que la vitesse du redressement pourrait même nous surprendre.
Prenons d'abord notre perte de substance industrielle. Et donc notre perte de puissance feu à l'exportation. Cette érosion lente de notre base productive est probablement ce qui crée le sentiment d'irréversibilité. Mais il ne faut pourtant pas s'y tromper. Ce déclin relatif de l'industrie recouvre d'abord et avant tout une difficulté de valorisation de nos produits. Je dis bien un problème de valorisation, et donc une question de prix ! La preuve ? C'est la stabilité des positions relative franco-allemandes en volume. Presque toute notre perte de substance apparente relève d'effets prix. Et derrière cette difficulté à capter de la valeur dans l'industrie, il n'y a pas que des enjeux de qualité et de gamme. Ce n'est pas là-dessus que la France a décroché en quelques années. Il y a derrière cela un véritable enjeu de fiscalité et d'optimisation de nos chaines-fournisseur? Un problème de marge donc?Et cela est réversible dans des délais assez courts. J'y reviendrai.
Ensuite, il faut cesser de regarder dans le rétroviseur : nous ne sommes déjà sortis de la phase de décrochage, même si c'est maintenant que nous en prenons toute la mesure. Face au double choc de l'euro et de l'élargissement, la France a dévissé en l'espace de 7-8 ans. Elle a dévissé. Cela veut dire que le recul de ses parts de marché a été brutal, vertigineux?. Mais le point de stabilisation à plus bas niveau a été dépassé il y a maintenant deux-trois ans. Contrairement à l'opinion dominante, nous ne sommes plus aspirés vers le bas.
Pourquoi cette stabilisation relative ? Parce que nous ne sommes déjà plus dans la dérive des coûts de main d'?uvre que nous connaissions au début de la décennie. Et le CICE arrive maintenant à point nommé pour transformer l'essai. Sur les 20 points de dérive de nos couts salariaux par unité produite depuis 2000 vis-à-vis de l'Allemagne, 5 points sont désormais gommés. Et si l'on prolonge la dynamique actuelle des salaires de part et d'autre du Rhin, la moitié du terrain perdu peut-être gommée dès la fin 2014? Il suffit de mener une politique de modération salariale bien mesurée et d'allégement progressif des charges sociales.
Et puis, nous commençons enfin à engranger les effets de certaines mesures passées. On oublie trop souvent que la plupart des politiques ont des effets décalés. Et les français sont impatients. Même en Allemagne, les lois Hartz et l'agenda 2010 n'ont pas produits leurs effets du jour au lendemain ! Si l'on met bout à bout toutes nos demi-mesures et mesurettes, les 5 à 6 milliards annuels du crédit d'impôt recherche, les 4 à 5 milliards engagés par l'Etat en deux ans dans le cofinancement de projets d'avenir, les pôles de compétitivité? les petits ruisseaux peuvent créer un début de courant?
N'oublions pas que la France a déjà su reprendre pieds par le passé? ainsi, la désinflation compétitive du milieu des années 80 a-t-elle remis sur scelle la compétitivité française en l'espace de trois ans ! Oui, trois ans seulement, dans un contexte de restructuration de l'industrie lourde et extractive d'une violence dont a du mal à se souvenir. Et en 1997-1998, le redémarrage économique a été spectaculaire. De semblables scénarios de rebond inattendus ne sont pas à exclure, au moment où les pouvoir publics prennent enfin conscience que l'économie de l'offre c'est aussi le soutien aux entreprises et les messages de confiance adressés aux entreprises, au moment où les Etats-Unis redeviennent une locomotive de la croissance mondiale, au moment où l'économie allemande recentre sa croissance sur sa demande intérieure et voit ses coûts salariaux augmenter plus vite que les nôtres. Il y a là pour la France une fenêtre de tir qu'il ne faut pas louper.
Olivier Passet, Compétitivité : la rapidité du rebond peut nous surprendre, une vidéo Xerfi Canal
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