L’euro fort : pourquoi et comment
Publié le mardi 3 décembre 2013 . 2 min. 38
Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Pourquoi l'euro est-il fort en dépit des faiblesses patentes de l'économie européenne ?
L'euro fort a en fait deux causes principales :
Prise dans sa globalité, la zone euro devient la première zone d'excédent du monde. Passant même devant la chine en cumul sur les quatre derniers trimestres.
Contrairement aux autres banques centrales, la BCE rétracte son bilan et met donc moins sa monnaie en circulation que la Banque du Japon, ou que la FED.
Cette combinaison ne peut qu'entraîner la valorisation de l'euro.
Autrement dit, la baisse des taux directeurs de la BCE n'est qu'un micro signal ambigu pour les investisseurs qui voient là, au contraire, la confirmation que dans cette zone dépressionnaire, le cocktail du faible coût de la liquidité et de la restauration de la profitabilité des entreprises crée pour longtemps encore un contexte extrêmement favorable de valorisation des actifs.
Le problème d'un euro surévalué est qu'il ne porte pas en germe de mécanismes auto correcteurs. Par le passé, une monnaie surévaluée impliquait à terme le recul du volume des exportations, la dégradation de la balance commerciale et donc une pression baissière sur le change. Aujourd'hui, cet enchainement ne tient plus. La pression d'un change surévalué entretient un contexte de déflation salariale, une boucle qui s'auto-entretient comme cela fut le cas par le passé au Japon.
D'autre part il existe un compartiment important d'entreprises multinationales qui ont appris a composer avec une monnaie surévaluée. La hausse de l'euro est neutralisée par la baisse du prix des intrants importés. C'est tout l'avantage de disposer d'une chaine d'approvisionnement étendue et malléable.
La hausse de l'euro fait au fond plus de mal au secteur dit protégé, qui est celui qui ne se frotte pas aux marchés internationaux mais doit composer avec des marchés piégés dans la déflation salariale.
En définitive, casser ce cercle infernal ne peut venir que de la BCE. Et pour l'heure, Mario Draghi, encensé pour son petit quart de point de baisse des taux, ne fait qu'empirer les choses en contractant le bilan de la BCE. Malgré une hétérodoxie de façade, qui crispe Francfort, le gouverneur européen reste bien le gardien du temple de l'euro-mark.
Olivier Passet, L'euro fort : pourquoi et comment, une vidéo Xerfi Canal
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Europe / Zone euro
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