Rachat de groupes français : pourquoi ce n'est pas fini
Publié le jeudi 15 mai 2014 . 3 min. 04
Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Peugeot/Dongfeng, SFR/Numericable, Lafarge/Holcim, Sopra/Steria, Alstom General Electric demain, la liste des grandes opérations de fusions ou d'alliance s'allonge de jour en jour. Et face à la puissance du mouvement, chacun pressent que nous ne sommes qu'au début d'une vague qui pourrait submerger plusieurs fleurons nationaux. Car les fusions appellent d'autres fusions pour rééquilibrer le rapport de force entre concurrents et que toutes les conditions sont favorable aux stratégies de croissance externe aujourd'hui :
D'abord parce que la reprise des grandes manuvres industrielles succèdent à une phase historiquement longue de gel et d'attentisme au plan mondial. Or les périodes de retournement haussier du cycle sont le moment où les entreprises sortent de leur posture défensive en se tournant vers des projets de développement long. L'investissement reprend, mais dans une grande entreprise sur un marché saturé, la croissance passe souvent par de la croissance externe.
Ensuite, parce que les écarts de valorisations sont maximaux à ce stade. C'est l'occasion pour les entreprises en position de force de renforcer leur pouvoir de marché et leur portefeuille de brevets. Il faut alors tirer vite. C'est donc un moment particulièrement critique où se solde le jeu entre gagnants et perdants de la crise ; Et pour les entreprises affaiblis, le risque est maximal car c'est à leur dépend que s'opère le mouvement de concentration.
Les conditions de financement de ces opérations sont enfin exceptionnellement favorables. Les taux d'intérêt sont historiquement bas et la remontée des bourses facilite les opérations d'appel au marché.
A ce jeu, ce sont les entreprises des pays qui disposent de la principale puissance de feu financière qui sont aux avants postes. L'activisme des groupes américains et allemands est peu surprenant dans ce contexte.
Deux raisons plus structurelles agissent également sur cette vague de regroupement :
- L'arrière-plan de déflation chronique d'abord : n'ayant pas de marges sur les prix, les entreprises ont intérêt aujourd'hui à agir sur leur paysage concurrentiel
autrement dit à écrémer la concurrence.
- La nécessité de nouer des alliances ensuite, pour atteindre une taille critique sur le marché mondial et avoir accès aux demandes émergentes. La meilleure issue pour des groupes de taille intermédiaire est encore de s'allier à un partenaire intra ou extra-européen qui offre des complémentarités en termes de puissance financière, industrielle, une ouverture à de vastes marchés et de véritables perspectives de développement en contrepartie de leur apport technologique.
L'émoi qui entoure ces opérations en France n'est pas infondé on le voit. Car dans cette offensive, les grandes entreprises françaises, affaiblies par la crise souffrent aussi d'un handicap de taille. Et c'est bien sur la défensive que se joue aujourd'hui la partie pour la majorité des champions nationaux.
Olivier Passet, Rachat de groupes français : pourquoi ce n'est pas fini, une vidéo Xerfi Canal
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