"Vous êtes Vice-Président région Grand Ouest chez CGI et Xerfi Canal TV vous a reçu pour tenter de comprendre en quoi le numérique sert la lutte contre la fraude… De nouvelles solutions apparaissent aujourd’hui pour les administrations ou encore les assureurs.
Pouvez-vous nous en expliquer le grand principe ?
Ce qui permet l’apparition de ces nouvelles solutions, c’est l’essor du Big data, et des technologies d’analyse de quantité massive de données. Le grand principe est de déterminer de façon la plus précise possible les profils des fraudeurs. C'est pour cela, on utilise des outils d’analyse statistique qui vont croiser de multiples données. On va établir des corrélations entre elles et permettre de détecter les comportements suspects.
Mais n’y a-t-il pas un risque d’identifier un profil de fraudeur alors que la personne ne l’est absolument pas…
C'est pour cela qu'on utilise un moteur de scoring (ou de pondération) pour pouvoir s'adapter aux nouveaux profils de fraude et détecter les faux positifs. Il ne s'agit pas de faire perdre du temps d'enquête aux agents avec un profil qui ressemble à un fraudeur mais ne s'avère finalement pas l'être. Il faut par ailleurs prévoir une boucle d’apprentissage. C'est-à-dire qu'à mesurer les résultats obtenus pour enrichir le système de nouvelles données qui vont permettre de cibler encore plus précisément les profils des fraudeurs réels. Notre expérience nous montre que la fraude se déplace et qu'il faut anticiper en permanence les nouvelles sources de fraude. Par ailleurs, il ne faut pas se limiter au contrôle externe, il est nécessaire de maîtriser également les risques de fraude internes.
A-t-on des cas où cette solution fait aujourd’hui ses preuves ?
Oui, je pense spontanément au Canada ou par exemple à l'Etat de Californie. Les autorités y ont adopté une de nos solutions, développée et brevetée par CGI, qui s'appuie sur le croisement de données et une analyse statistique des profils de contribuables... Les résultats ont rapidement dépassé les attentes. 17 mois après la mise en place du système, ce sont plusieurs centaines de millions supplémentaires qui ont été recouvrés. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les sommes recouvrées ont permis de rembourser le déploiement du projet.
Et qu’en est-il en France ?
En préambule je voudrais donner quelques chiffres : en janvier dernier, on apprenait un nouveau record de la fraude sociale : la fraude détectée par les organismes de sécurité sociale ayant atteint 636 millions d'euros en 2013. La fraude à la TVA représente quant à elle environ 10 milliards d'euros chaque année. Dans le secteur de l'assurance, peu de chiffres sont publiés mais l'on sait que la fraude est la bête noire des assureurs.
L'usage des technologies est-il aujourd’hui généralisé dans la lutte contre fraude ? Ou faut-il parler au futur ?
Quelques expérimentations ont été conduites. Il y a globalement une prise de conscience des possibilités offertes par les technologies pour mieux gérer les risques. Car la finalité pour l'entreprise ou l'Administration, c'est bien la maîtrise des risques, le contrôle interne, qui sont les fondations des obligations réglementaires telles que Soax, Solvency ou encore Bâle. Il n'en demeure pas moins que ces technologies restent des moyens qui ne remplaceront pas le bon sens et l'expertise des hommes. Car ce sont bien leur savoir-faire et leur expertise du métier qui feront progresser la gestion des risques."
Gilles Le Franc, Le numérique, nouvelle arme contre la fraude, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le mardi 19 mai 2015 . 6 min. 15
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