Les nouveaux entrants et modèles dans l'hôtellerie de plein air

Malgré une saison 2020 perturbée par la crise sanitaire, l’hôtellerie de plein air n’a rien perdu de son attractivité. D’abord parce que la fréquentation a tenu au cours de l’été 2020. Et puis parce que les campings devraient profiter d’un effet d’aubaine : les pressions sur le pouvoir d’achat pourraient en effet inciter nombre de ménages à privilégier au cours de la saison 2021 des séjours hexagonaux moins coûteux… un bon point pour l’hôtellerie de plein air qui affiche généralement de bons rapports qualité/prix. Selon l’étude Xerfi Precepta, le volume de nuitées pris au sein des campings devrait donc rapidement retrouver son niveau d’avant-crise. Sans renouer avec les records passés, le secteur devrait donc continuer à tirer son épingle du jeu alors que d’autres segments de l’hébergement touristique sont en grandes difficultés.

Du côté des acteurs, les réseaux, volontaires ou intégrés, parfois soutenus par le capital-investissement, pèsent de plus en plus lourd. Entre 2011 et 2019, leur poids dans l’offre d’emplacements est passé de 17% à 30%. Cette montée en puissance s’est faite au détriment des campings indépendants et municipaux qui conservent encore 70% des capacités d’accueil. Mais les réseaux ont adopté un positionnement singulier : ils se concentrent principalement sur les segments milieu ou haut de gamme, exploitant 44% des terrains classés 4 à 5 étoiles sur le territoire. Certains comme Sandaya, Sunêlia ou Siblu se positionnent quant à eux exclusivement sur les campings haut de gamme. Côté distribution, 80% des réservations sont encore effectuées en direct. Néanmoins, la pression monte. Au-delà des plateformes généralistes comme Booking.com, ce sont surtout les plateformes spécialisées (type Campings.com), les agences de voyages ou encore les sites de ventes événementielles (comme Veepee ou showroomprive) qui tentent de percer. Quelques grands réseaux de campings répondent déjà à cette menace d’intermédiation en faisant l’acquisition de tours opérators pour ne pas perdre la main sur la distribution de leur offre.

Dans un contexte très incertain et anxiogène, les gestionnaires visent à rassurer leurs clients. Ils investissent dans des campagnes de communication valorisant la sécurité sanitaire tout en rendant les conditions d’annulation plus flexibles. Plusieurs acteurs ont également refondu leur site web comme Yelloh ! Village. Pour le reste, la crise sanitaire a finalement peu modifié les stratégies de développement du fait de fondamentaux restés globalement intacts. La course à la taille demeure prioritaire pour les grands réseaux pour améliorer leur part de marché et réaliser des économies d’échelle, soit par le biais d’acquisitions pour les réseaux intégrés, soit en recrutant de nouveaux adhérents pour les chaines volontaires. Citons le nouvel entrant Campings Paradis qui prévoit déjà de rassembler plusieurs dizaines d’établissements supplémentaires au cours de la saison 2021. Citons aussi Les Castels ainsi que Sites et Paysages qui se sont réunies sous la bannière Le French Time fin 2019 pour enrayer l’érosion de leurs réseaux respectifs.

Car effet, les réseaux volontaires perdent pour la plupart des adhérentes année après années, laissant le champ libre à l’essor des chaines intégrées.