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Amérique du Sud : les ravages de la crise

Publié le jeudi 1 juillet 2021 . 4 min. 45

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La Covid-19, c’est la crise de trop pour l’Amérique du Sud. Le contexte prépandémie était déjà celui d’une économie régionale amorphe depuis 2014 avec une croissance qui ne s’est pas hissée une seule fois au-dessus du seuil symbolique des 2%. Le cas épineux du Venezuela qui s’enfonce dans la pauvreté depuis des années pèse. Mais même lesté de ce pays, le profil régional ne change pas, il est simplement moins enfoncé. Avec la pandémie tout s’effondre, l’Amérique du Sud plonge dans une récession profonde et les perspectives de croissance restent médiocres : le bloc Amérique du Sud (sans le Venezuela) restaurerait au mieux son niveau de PIB 2019 fin 2022. Le bilan depuis 2014, c’est donc quasiment celui d’une décennie perdue avec une croissance de 0,3% l’an seulement, quand la population progresse 3 fois plus rapidement : l’appauvrissement est général et massif. Dans la crise actuelle, il faut sérier cinq types de problèmes.


Des économies sans filets de sécurité


Le premier, c’est celui de la déficience des systèmes de santé. Avec 2 315 décès causés par la covid-19 par million d’habitants, l’Amérique du Sud est devenue l’épicentre mondial de la pandémie. La mortalité y est 52% supérieure à celle de l’Amérique du Nord et de quasiment 60% à celle de l’Europe. La situation est notamment dramatique au Pérou avec 5 820 décès par million d’habitants, ce qui en fait le pays le plus durement éprouvé au monde. Le Brésil et l’Argentine les deux économies majeures de la région font partie du top 20 des pays des plus touchés. Quant aux campagnes de vaccinations, elles se font en ordre dispersé. Si au Chili et en Uruguay un habitant sur deux environ a reçu deux doses, le Brésil et l’Argentine sont très loin de ce score. En Bolivie et encore plus au Paraguay et au Venezuela, seule une part infime de la population a totalement été vaccinée. Les désordres économiques liés à la pandémie risquent donc de se faire sentir encore longtemps.


D’autant plus que, facteur aggravant, le poids de l’économie informelle est colossal. La part de l'informel dans le marché du travail urbain s’étale de 22,4% au Chili à plus de 51,5% au Pérou, avec tout ce que cela comporte comme instabilité des revenus : absence de protection sociale et de couverture maladie… Au moindre retournement brutal de l’activité, ce sont des pans entiers de la population qui tombent sans filet de sécurité dans la précarité voire l’extrême pauvreté.


D’autant plus que l’inflation notamment alimentaire accélère. Hors Venezuela où à près de 3 000% les chiffres ne veulent plus rien dire, la hausse des prix à la consommation est galopante en Argentine et au Suriname où elle dépasse les 40%. À 8,1% au Brésil, l’inflation s’envole aussi, se situant à un pic depuis août 2016 et atteint 6,4% en Uruguay. Mieux contenue, entre 2,5 et 4% au Paraguay, au Chili en passant par le Pérou, elle n’en demeure pas moins largement supérieure aux variations des revenus. Dans tous ces pays, une part croissante de la population ne peut plus absorber la hausse du coût de la vie.


Des finances publiques plombées


Remontée de l’inflation et des anticipations, manque de confiances dans les monnaies locales, d’un côté et des économies exsangues de l’autre, les banques centrales sont coincées et se retrouvent malgré tout contraintes, comme au Brésil, à entamer un cycle de resserrement monétaire. La Banque centrale brésilienne a ainsi déjà relevé par trois fois son principal taux directeur depuis le début de l’année. Avec le risque d’étouffer encore plus l’activité et d’aggraver les déséquilibres budgétaires compte tenu de la forte charge d’intérêt qui pèse sur la dette souveraine.


Et c’est bien là une épine de plus dans le pied, les finances publiques de ces pays étaient déjà plombées par des années de croissance molle et les gouvernements se retrouvent sans beaucoup de marges de manœuvre budgétaires. Aux abois, l’Argentine s’est notamment vue contrainte de négocier un étalement de sa dette avec ses créanciers. Quant aux IDE, décisifs pour le financement des comptes courants, ils se sont taris avec la crise. Ultime avatar, l’effondrement du secteur touristique qui est un important pourvoyeur de devises. Un secteur essentiel pour l’Uruguay où il représente 16,6% du PIB, mais aussi Chili, au Venezuela en passant par l’Argentine, le Brésil et le Pérou.


Reste une lueur d’espoir, l’envolée générale des cours des matières premières dont l’Amérique du Sud est l’un des plus grands producteurs au monde. Depuis leurs derniers points du printemps 2020, les cours des matières premières agricoles ont progressé de 87% au plus grand profit de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay ou du Paraguay par exemple. Les métaux sont également en ébullition (+ 87%) ce qui est très favorable à la Bolivie et au Chili. Quant à la flambée pétrolière avec des cours passés de 10 à 70 dollars, elle est notamment profitable à la Colombie et à l’Équateur.


Ce fil des matières premières est ténu. Le panorama est bien celui d’une région au bord de l’implosion, avec en perspectives une montée des tensions sociales.


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