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Angela Merkel, de la sclérose à la perdition du modèle allemand

Publié le jeudi 10 octobre 2019 . 4 min. 44

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Passage de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, création de l’équivalent d’un SMIC au rabais, sortie du nucléaire en 2022 et c’est à peu près tout. Le bilan des réformes économiques d’Angela Merkel apparaît bien maigre. A son arrivée au pouvoir fin 2005, elle hérite pourtant d’un pays qui vient de profondément se transformer en remettant en cause l’ADN même de son modèle de développement. La rupture prend la forme du désormais fameux Agenda 2010 présenté en mars 2003 au Bundestag par le chancelier Gerhard Schröder.


C’est un programme porteur de vastes réformes pour remettre sur raille la compétitivité allemande : baisse des cotisations sociales patronales, hausses des cotisations salariales, facilitations des licenciements, durcissement de l’assurance chômage, facilitation de l’emploi précaire et des petits boulots, tout y passe, c’est un véritable électrochoc. Le développement d’une économie de bazar avec les principaux pays voisins située sur son flanc Est, dont les coûts de production sont très faibles, permet d’aller encore plus loin encore et la restauration de la compétitivité allemande est totale. L’Allemagne regagne rapidement des parts de marché, principalement sur ces principaux concurrents européens, et surfe sur la mondialisation pour engranger des montagnes d’excédents commerciaux et courants. Redevenue excédentaire à la mi-2001 et flirtant encore avec le déficit en 2003, jamais l’Allemagne n’est retombée dans le rouge depuis. La croissance est de retour et l’homme malade de l’Europe du début des années 2000 devient le cœur productif de l’Europe, superformant le reste des pays de la zone euro jusqu’en 2018. A l’intérieur du pays, la décrue du taux de chômage est enclenchée fin 2005 et s’accélère les années suivantes jusqu’à tomber à 3% environ. Quant aux comptes publics, ils s’améliorent rapidement, jusqu’à s’installer dans le vert.


Pourtant, à y regarder de plus près, toute cette phase du retour de l’Allemagne sur l’avant-scène internationale précède l’arrivée de la nouvelle chancelière. Certes l’apogée est atteint durant ses mandats mais l’élan est donné avant. Surtout, les derniers points montrent une inversion de tendance préoccupante. Le bilan est là : Angela Merkel n'a pas fait de grandes réformes, elle a essentiellement gérées celles de son prédécesseur. Là où le bât blesse, c’est qu’un modèle de développement 1- répond à un instant T à un environnement particulier qui va se transformer au fil du temps et 2 – doit gérer ses propres contradictions. Or, loin des pics des années passées, la croissance mondiale se dérobe désormais petit à petit et que ce soient les pays avancés où émergents l’orientation des courbes est la même, elles piquent du nez. Moins de croissance c’est aussi moins d’échanges. La progression du commerce mondial est désormais proche de zéro et ce n’est pas simplement une histoire de conjoncture. La production industrielle mondiale migre en effet d’un modèle de segmentation des chaînes de valeur vers un « nearshoring », c'est-à-dire une relocalisation ou régionalisation des chaînes de production près des marchés de consommation.


À cela s’ajoutent les difficultés des pays émergents à élargir et faire prospérer leur classe moyenne sur laquelle comptait pourtant bien les industriels allemands pour assurer leur prospérité. Enfin, il faut aussi invoquer le développement d’une offre locale qui vient directement concurrencer les pays avancés, l’Allemagne en premier chef. C’est donc le cœur même du succès allemand des années 2000 qui est attaqué. L’impact est d’autant plus dévastateur que pendant les années des vaches grasses, pendant lesquelles l’Allemagne accumulait des excédents, elle n’a su les transformer ni en investissement social, ni en investissement d’avenir. Le modèle allemand, on le sait a entraîné de profondes inégalités sociales et un appauvrissement d’une partie la population… avec pour seule réponse des aménagements marginaux, notamment une réévaluation des minimas sociaux, et encore sous la pression de la Cour Suprême Constitutionnelle de Karlsruhe.


De même l’Allemagne a raté l’occasion de transformer la rente de ses réformes en infrastructures et en investissement d’avenir. Le pays est passé ainsi à côté de son ambition d’être le leader de l’industrie 2.0 et de la transition écologique et par la même d’entraîner l’espace européen dans son sillage. Bloquant toutes les avancées européennes, avec pour seule obsession d’exportater son modèle, déjà menacé d’obsolescence, l’Allemagne Merkel n’aura été ni locomotive, ni leader. Et en définitive, le bilan Merkel pourrait se résumer en une formule lapidaire : « trop peu et trop tard ». Autrement dit, tout ce qui fait le lit des grandes défaites.


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