Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Les Français dépensent moins. C’est bien ce que montre la baisse de 0,1% de la consommation au 2ème trimestre. Une baisse moyenne qui recouvre de grandes disparités. En temps de crise, consommer c’est choisir. Et choisir parmi les postes arbitrables ! Je m’explique. Certaines dépenses, incontournables, ne peuvent pas faire l’objet d’ajustement. C’est le cas du logement. Un logement qui absorbe plus de 21% du revenu des ménages et représente le quart des dépenses totales. Un budget logement qui a augmenté de 4% par an entre 2000 et 2011. C’est 1 point de plus que le reste de la consommation. Et cette année, l’écart s’est creusé un peu plus. Certes, la hausse des loyers a ralenti. Mais les tarifs liés à l’assainissement, à la collecte des ordures mais aussi le prix du gaz ou de l’électricité sont eux en progression rapide. Parmi les incontournables, il y a aussi les dépenses qui font l’objet de contrat ou d’abonnement. Je pense aux assurances, à la téléphonie mobile, à internet, au câble…Toutes ces dépenses sont des dépenses dites contraintes ou pré-engagées sur lesquelles les ménages n’ont pas de prise. Elles auront augmenté de 4% environ cette année en valeur contre une hausse de 1,8% pour l’enveloppe globale. Un écart qui réduit mécaniquement les choix de consommation sur les postes arbitrables. Des dépenses arbitrables qui ont progressé d’un famélique 0,7% seulement. Pour bien comprendre, la situation des arbitrages possibles, prenons trois exemples. Le premier, c’est l’alimentaire, un cas à part. Bien sûr l’ajustement sur les quantités est une solution de dernier ressort. Mais les ménages peuvent privilégier les produits les moins chers. Ils mangent par exemple moins de viande et de préférence de la viande blanche, moins onéreuse que la viande rouge. Les ménages arbitrent aussi entre les circuits de distribution ou les rayons. En clair, ils affichent une nette préférence pour le hard discount et les marques de distributeurs. En valeur, la progression des dépenses alimentaires en 2012 (+2,6%) sera ainsi moins rapide que celle de l’inflation alimentaire qui atteindra 3% selon nos estimations Le deuxième exemple est un arbitrage plus radical, car il s’agit de couper ou de reporter les grosses dépenses Un choix qui se confirme enquête après enquête, comme le montre le plongeon de l’opportunité de faire des achats importants. L’automobile et l’équipement sont donc aux premières loges. Et la tendance des volumes consommés sur ces deux gros postes est négative depuis juin. Le dernier exemple éclaire un autre choix : conserver l’essentiel, chasser le superflux. Les dépenses en restauration en sont une excellente illustration. La fréquentation des restaurants est en berne comme le montre le chiffre d’affaires en chute libre en volume des restaurateurs. On l’aura compris : avec la crise les ménages sont devenus sélectifs. Les arbitrages peuvent être très violents, ils le seront encore davantage en 2013.
Alexandre Mirlicourtois, Consommateurs : des arbitrages violents, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 15 octobre 2012 . 3 min. 14
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