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Construction de logement : alerte rouge

Publié le lundi 2 septembre 2013 . 3 min. 24

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Alexandre Mirlicourtois

- Directeur de la conjoncture et de la prévision

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Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi

Une analyse trop rapide des mises en chantier pourrait laisser espérer un léger mieux dans la construction neuve : près de 85 000 logements ont été mis en route entre mai et juillet dernier, c'est presque 5% de plus qu'un an plus tôt. Et la tendance sur les 12 derniers mois est à la stabilisation autour de 342 000 unités après une glissade impressionnante en 2012. Pourtant, il ne faut pas s'y fier. L'avenir de la construction neuve se lit en fait dans l'évolution des permis de construire qui la précède de quelques mois. Et là aucune ambigüité, le plongeon est devant nous. Les autorisations de permis de construire ont peiné à franchir la barre des 103 000 entre mai et juillet dernier. C'est une chute de presque 22% sur un an. Et la tendance n'est franchement pas bonne, la chute s'accélérant même en fin de période. La reprise de la construction neuve n'est donc pas pour demain. D'ailleurs, les entrepreneurs eux-mêmes n'y croient pas. C'est sans ambiguïté, le message envoyé depuis des mois par les enquêtes d'opinions dans le bâtiment : le climat des affaires est en chute libre, s'écartant de 10 points environ de sa tendance de moyenne de long terme. Un niveau de stress extrême pour la profession équivalent à celui de la dernière récession, l'année 2009 qui s'était soldée par une dégringolade de 16% de la construction neuve et un nombre de mises en chantier de 334 000 unités. Pire encore, le niveau de stress se rapproche dangereusement de l'une des périodes les plus noires pour la profession, 1997 et ses 291 000 logements construits. Et rien ne permet d'envisager un renversement de tendance ces prochains mois, d'autant plus que s'ajoute désormais la menace d'une remontée des taux. C'est du moins ce qui ressort de l'analyse des OAT à 10 ans, référence des taux fixes immobiliers. Après avoir touché un point bas en mai dernier, les taux sont aujourd'hui à leur sommet depuis le début de l'année. De quoi pénaliser la demande, voire même la disqualifier. Car il ne faut s'y tromper, les ménages ne vont pas cette fois-ci se précipiter chez leur banquier avant la hausse des taux : ils n'ont pas assez de visibilité pour pouvoir se lancer dans des achats aussi engageants ! Quant aux investisseurs, les perspectives des rendements locatifs sont devenues trop faibles et la pierre a perdu de son intérêt. D'ailleurs, les promoteurs sont méfiants et la réforme Duflot ne les pousse pas à être offensifs. Au contraire, ils ne veulent pas s'engager dans de nouveaux programmes au risque sinon de voir se gonfler un peu plus des stocks qui, à 4,6 trimestres, sont au plus haut depuis début 2009. Il n'y a donc aucun signe d'une remontée pérenne de la construction neuve. Et l'année devrait s'achever par 330 000 mises en chantier, un recul de presque 5% sur un an, le pire résultat depuis 1998. On est donc loin, très loin, de l'objectif du gouvernement de voir sortir de terre 500 000 logements chaque année. Et disons le clairement, l'objectif sera tout aussi hors de portée en 2014. Le logement neuf devient de fait un boulet pour l'économie française.

Alexandre Mirlicourtois, Construction de logement : alerte rouge, une vidéo Xerfi Canal

Mots clés : Prévision et conjoncture
Bâtiment / Construction
Immobilier

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