Dur de voir ce qui pourrait provoquer un choc positif de croissance en France et nous ne prévoyons pas plus de 1,1% de hausse cette année. Le reste du monde ne nous aidera pas et les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises, malgré leur récente amélioration, laissent peu d’espoir d’une accélération décisive capable de nous faire changer d’orbite. Difficile dès lors d’espérer une accélération brutale de la conjoncture interne à la veille des élections présidentielles.
Il faut donc s’attendre à un premier semestre compliqué, avec une consommation atone pénalisée par un pouvoir d’achat en berne et un investissement sans ressort. La faiblesse des taux d’intérêt et le dispositif de suramortissement n’y changeront rien : face à la montée des incertitudes et à un monde de plus en plus risqué, les entreprises resteront d’une extrême prudence.
Sur le marché intérieur, la conjoncture manque d’impulsion et l’appareil de production est finalement assez peu sollicité. En d’autres termes, le parc de machines et d’équipements déjà en place est capable d’absorber une hausse des commandes sans trop de difficultés. À cela s’ajoute la période pré-électorale qui rend les entreprises frileuses, surtout que l’issue du scrutin est très incertaine et qu’une redistribution totale des cartes n’est pas improbable.
La consommation va coincer elle aussi. C’est la conséquence de la remontée de l’inflation sur le pouvoir d’achat dans un contexte de progression, sous fortes contraintes, des salaires. Et les ménages ne bénéficieront pas cette fois-ci du coup de pouce providentiel de la cagnotte pétrolière pour dépenser davantage. De même, il est difficile de croire qu’ils puiseront davantage dans leur épargne compte tenu du contexte économique très incertain, avec un marché du travail toujours dégradé, donc anxiogène et propice à pousser les ménages à conserver leur une épargne de précaution. Les Français vont donc progressivement se mettre en mode plus-défensif et limiter leurs achats.
Coté commerce extérieur, il ne faut pas surestimer la baisse de l’euro. Certes, La baisse de la monnaie unique est favorable aux exportateurs – elle rend les produits français plus compétitifs. Mais le cœur de notre déficit n’est pas vis-à-vis des pays hors zone euro mais bien avec les pays de la zone euro. Et cela depuis plus de 15 ans. Bien entendu, au sein même de la zone euro, les produits français deviennent plus compétitifs par rapport aux produits américains ou en provenance de la zone dollar dont les prix augmentent. Mais l’impact reste faible, d’autant plus que l’industrie française s’est atrophiée avec la crise et est devenue de trop petite taille pour totalement profiter d’une baisse du change. De surcroît, sur la partie non-substituable des importations (comme le pétrole), la facture va s’alourdir, ponctionnant ainsi une partie du pouvoir d’achat et affaiblissant la demande. Finalement, les gains à espérer de la baisse de l’euro sont limités.
Seule bonne nouvelle dans cette grisaille, l’investissement construction semble bien reparti, à la fois sur la composante travaux publics où les marchés conclus flambent avec l’envolée des prises de commandes liées aux projets du Grand Paris et au plan de relance autoroutier. Sur un an, la progression des marchés conclus frôlent les 15%. Côté, investissement logement des ménages, les mises en chantier s’approchent à nouveau doucement de la barre des 400 000 unités, la dynamique est bonne d’autant que la demande de permis de construire reste vigoureuse avec le succès du dispositif Pinel et des taux d’intérêt au plancher.
C’est un bon point mais ce n’est pas suffisant et la France ne fera pas beaucoup mieux que 1%, et cela fait 6 ans que cela dure. C’est bien pour cela que les créations d’emplois ne sont pas suffisantes pour inverser sans artifice la courbe du chômage.
Alexandre Mirlicourtois, Croissance : les prévisions 2017 de Xerfi, une vidéo Xerfi Canal TV.
Publié le mardi 10 janvier 2017 . 4 min. 01
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