Déficit extérieur, un gouffre insoutenable
Publié le mardi 13 novembre 2012 . 3 min. 01
Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois,directeur des études de Xerfi
Malgré la crise, un indicateur persévère dans la stabilité. Lequel? Le déficit extérieur. A plus de 68 milliards d’euros fin août en cumul sur les 12 derniers mois, il campe autour des 70 milliards. Une contre-performance évidente comparée à nos voisins du Sud. L’Espagne est ainsi parvenue à diviser par deux son déficit depuis 2008. Et que dire de la performance italienne ? Le redressement est spectaculaire, et l’équilibre à portée de main avant la fin de l'année. Alors pourquoi la France n’y arrive pas ? Pour comprendre, il faut s’attarder sur les deux composantes de notre balance commerciale, les exportations de biens et les importations.
Les exportations d’abord. En valeur, elles progressent toujours mais au ralenti, pour plafonner autour de 440 milliards d’euros. Rien d’étonnant puisqu’une grande partie de nos clients sont en Italie et en Espagne, c’est-à-dire dans le sud de la zone euro. Une partie du monde où la demande intérieure est comprimée. Et qui dit une demande domestique étouffée dit moins d’importations. Et les résultats sont là : sur les 8 premiers mois de l’année, nos exportations vers l’Espagne ont reculé de 1,9%, de 3,1% vers l’Italie, de 9,5% vers le Portugal. Et le recul grimpe jusqu’à 13% pour celles destinées à la Grèce. Mais il y a plus grave. En comprimant leur demande intérieure, ces pays libèrent de nouvelles capacités à l’exportation qui concurrencent les industriels français sur tous les marchés.
Mais attention c'est une explication trop courte pour expliquer nos déboires. Non, nous ne sommes pas simplement malades des autres. Arrêtons-nous maintenant sur nos importations. Là aussi la comparaison avec les pays du Sud est riche d’enseignements. En France elles plafonnent sans baisser, alors qu’elles ont enclenché la marche arrière en Italie, en Espagne et en Grèce. Cela illustre les choix stratégiques opposés des gouvernements en matière de politique économique et fiscale. Pour les uns, c’est la thérapie de choc pour retrouver une compétitivité perdue. Tout y passe : hausse de la TVA, déflation salariale, flexibilité du marché du travail. En France, la voie choisie est toute autre : toutes les mesures prises épargnent le cœur de l’assiette fiscale, c’est-à-dire la consommation et les salaires. La consommation c’est un quart des impôts et des charges, les salaires 54%. Le but, faire rentrer assez d’argent dans les caisses de l’Etat pour se donner une chance d’accrocher l’objectif des 3% de déficit public en 2013. Un objectif de court terme qui ne prépare pas l’avenir. Donc pas de hausse de TVA ni de la CSG pour contrebalancer des baisses de charges pour les entreprises et leur donner les moyens de la reconquête. Il faut être clair. Le déficit du commerce extérieur de la France est intenable. Et il ne se résorbera pas d’un coup de baguette magique, ni par les incantations au « made in France »
Alexandre Mirlicourtois, Déficit extérieur , un gouffre insoutenable, une vidéo Xerfi Canal
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