Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études Xerfi, sur l'économie française.
L’année débute avec un certain soulagement. Certes, des entreprises ferment, le chômage augmente, le pouvoir d’achat est en berne. Mais la catastrophe, pourtant si prévisible, n’est pas survenue. Bref les années 2012-2013 seront peut-être dures mais pas aussi abominables qu’on pouvait le penser. La crise pourrait ne pas être aussi dure que celle de 2008-2009. D’abord, le contexte financier et monétaire est radicalement différent. Et c’est le premier soulagement. L’objectif majeur de la Banque centrale européenne, mais aussi de la Fed aux Etats-Unis ou de la Banque d’Angleterre, est bel et bien d’éviter un crédit crunch. Concrètement, les établissements financiers ont maintenant guichet ouvert auprès des banques centrales. Certes, les banques sont frileuses pour prêter, mais elles ne devraient pas fermer le robinet du crédit. Et comme vous pouvez le voir, les taux interbancaires se sont également relâchés. L'Euribor 3 mois, qui sert de taux de référence des emprunts des entreprises, redescend progressivement. Et il se situe très loin des sommets atteints après la déroute de Lehman Brothers en septembre 2008. Autre soulagement, du côté de l’activité des entreprises. Il n’y a pas vraiment de risque d’un déstockage massif. Il n’y aura donc pas de décrochage brutal de la production comme il y à 3 ans.. Et pour cause, il n’y pas eu de sur-stockage massif pendant la courte reprise. D’ailleurs, les industriels français ont très vite perçu le retournement de la conjoncture et ils se sont très vite ajustés. Comme le montre ce nouveau graphique, malgré le retournement brutal du climat des affaires, le niveau des stocks de produits finis était jugé normal en décembre. Les chefs d’entreprises ont été très prudents, voire frileux. Mais cette-fois-ci, ils ne sont pas pris à contre-pied, et ils affrontent la rechute sans panique. Autre soulagement, les cours des matières premières. Ils sont aujourd’hui beaucoup plus sages et moins haut qu’avant la récession précédente. Cela devrait permettre de contenir une partie de l’inflation et d’éviter le dérapage des prix comme en 2008. Mais il ne faudrait pas que l’euro continue de décrocher. Justement, que faut-il penser de la baisse de l’euro ? Côté face, le prix des matières premières et des biens de consommation va augmenter. Mais côté face, c’est une opportunité pour les industriels français dont la compétitivité coût est en mauvais état. Alors bien sûr la menace du scénario du pire ne peut pas être écartée. Le pire, c’est l’éclatement de la zone euro ou le défaut d’un grand pays, et la propagation de la crise au niveau mondial. Plus personne ne parle à ce sujet d’hypothèse fantaisiste. Nous sommes lucides, et nous ne jouons pas la politique de l’autruche. Mais disons le tout net, ce scénario catastrophe n’est pas chiffrable. Compte tenu des données disponibles à ce jour, nous restons dans un scénario d’une croissance infime pour 2012 à 0,2%, et léthargique à 0,8% pour 2013. L’air du temps est au catastrophisme. Mais finalement, en y regardant bien, on peut rester lucide et objectif et trouver quelques motifs de soulagement.
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d'Alexandre Mirlicourtois
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