Avec seulement 400 millions d’euros collecté en mars dernier, le « Livret A » a signé son plus mauvais mois de mars depuis 2016. Résultat, au premier trimestre 2025, la collecte nette cumulée (soit la différence entre les dépôts et les retraits) est tombée à 3,55 milliards d’euros, divisée par trois en un an.
Ce repli ne traduit pourtant pas un retour massif vers la consommation. Une autre partition se joue. Mois après mois, ils expriment leur volonté de mettre de l’argent de côté et le taux d’épargne financière reste à un niveau exceptionnel, hors période Covid.
Pour comprendre les mécanismes et transferts qui se sont mis en place, il faut revenir aux fondamentaux. L’épargne est un résidu, c’est la partie non consommée du revenu disponible brut c’est-à-dire après paiement des impôts et cotisations sociales et versement des prestations sociales. Augmentée de l’endettement nouveau net des remboursements, elle sert essentiellement à financer l‘achat de logements neufs et à faire des placements financiers sous forme de produits de taux (dépôts à vue, Livret A) ou de produits de fonds propres (comme l’assurance-vie en unité de compte).
Côté logement, les signes du ralentissement sont clairs. L’investissement des ménages recule, tout comme sa part dans leur revenu disponible, preuve d’un effort d’épargne immobilière en baisse.
A l’opposé, l’encours des placements financiers des Français se situent à un niveau record, proche de 6 500 milliards d’euros. Les Français épargnent plus, les Français épargnent surtout différemment. Côté produits de taux, une double bascule s’est opérée. Pendant la crise Covid et les mois qui ont suivi, l’épargne contrainte a gonflé les comptes courants, puis de moins en moins. Depuis peu, ils se vident en partie. Le retour de l’inflation est à l’amorce du mouvement. Les moins favorisés ont puisé dans leurs économies pour compenser les pertes de pouvoir d’achat. Les autres, se sont dirigés vers les dépôts bancaires rémunérés pour préserver la valeur de leur épargne.
Ce mouvement a été profitable à la fois à des supports comme les comptes à termes et les livrets ordinaires mais plus encore à l’épargne réglementée. Mais les épargnants ont récemment levé pied pour basculer vers l’assurance vie en euros, un support qui garantit le capital. En cause, cette fois si la baisse des taux en cours et avenir des principaux livrets. Les flux repartent à la hausse et les encours progressent à nouveau.
En parallèle, le succès des produits de taux ne se dément pas. Plus risqués, ils offrent une espérance de rendement supérieure et sont les placements privilégies des plus aisés, la propension à prendre des risques progressant avec le niveau du patrimoine La forte augmentation et le maintien à haut niveau des flux nets de l’assurance-vie en unité de compte en est le témoin. L’encours de ce produit structuré constitué d’actions, d’obligations de Sicav et autres dont le capital n’est pas garanti et le rendement lié aux performances des marchés financiers est à un sommet historique.
L’épargne change de visage : elle délaisse les supports liquides pour s’ancrer dans le long terme. Les unités de compte montent en flèche, signe qu’elle se concentre aussi davantage entre les mains des plus aisés, plus tournés vers la constitution de patrimoine que vers la dépense immédiate. La consommation ? Elle attendra.
Publié le vendredi 09 mai 2025 . 3 min. 31
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