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Jour après jour, les médias nous abreuvent de données statistiques sur la covid-19 et les experts se succèdent sur les plateaux télé avec, pour la majorité, des commentaires alarmistes voire anxiogènes. À Xerfi Canal, nous avons voulu travailler ces chiffres.


Lisser les évolutions


Il faut d’abord se défaire d’une mauvaise habitude : les analyses au jour le jour. Les données ont trop de volatilité et à l’évidence leur lecture quotidienne est un exercice qui ne permet pas d’établir un diagnostic précis.


Le nombre quotidien de personnes nouvellement hospitalisées en donne une parfaite illustration. La courbe est chahutée et visiblement le week-end à un impact fort sur les statistiques ou leurs remontées. En recentrant sur le dernier point en date du mardi 29 septembre, le nombre de patients nouvellement hospitalisés est de 698 à comparer aux 241 du dimanche précédent, soit une multiplication par près de 3, mais qui n’a pas de sens. Il faut absolument travailler sur les cumuls hebdomadaires ou lisser ces évolutions à l’aide d’une moyenne mobile sur 7 jours pour gommer les effets du calendrier. On détecte bien alors une tendance à la hausse peu avant la fin des vacances estivales, mais le mouvement s’est interrompu depuis.


Plus on cherche, plus on trouve


Autre avatar, une partie des statistiques est dépendante des politiques de dépistage. Pour être comptabilisé comme atteint, il faut à l’évidence avoir été testé. Plus le rythme de dépistage augmente plus la probabilité de détecter des personnes atteintes s’élève elle aussi, c’est mécanique : plus on cherche, plus on trouve. Or, le nombre de tests hebdomadaires a fortement progressé ces dernières semaines passant de 220-250 milles environ à la mi-mai à près de 1,4 million en septembre, soit une multiplication par un peu plus de 6. En face, le nombre de cas positifs a été multiplié par 7. Le nombre de cas positif progresse donc plus vite que le nombre de tests, c’est une vérité, mais pas de façon explosive. Et au final la hausse du nombre de cas détectés relève pour une part importante de l’intensification du dépistage.


Les comportements changent


De surcroît, l’interprétation de ces chiffres est rendue délicate par le parasitage des changements de comportement des individus. La population qui a été se faire tester n’est certainement pas la même entre le début des vacances et aujourd’hui. Une multiplication des cas qui n’a visiblement pas eu, au niveau de l’ensemble du territoire, de répercussions massives sur le nombre d’hospitalisés. La hausse reste pour l’heure encore contrôlée et semble désormais même plafonner. Le point de retournement est cependant trop récent pour établir un diagnostic définitif. Le nombre de personnes en réanimation liées à la covid-19 suit la même tendance avec retard, mais ne plafonne pas encore.


Son augmentation est aussi en partie due à la hausse de malades hospitalisés qui entrent réanimation. Or, ce passage plus fréquent par la case réanimation relève aussi de l’allègement des protocoles, de la forte réduction des durées de prise en charge et de la grande disponibilité des lits. Là encore, ce qui relève de l’aggravation réelle de la situation et ce qui relève de changements de comportement est difficile à discerner.


Croissance exponentielle des cas positifs : rien ne permet de l’affirmer


Ces derniers chiffres sont-ils alarmants ? Une croissance exponentielle n’est-elle pas en train de couvée sournoisement avec au bout des services de réanimation débordées et une mortalité en hausse ? Par rapport à une tendance linéaire, la croissance exponentielle ne se repère pas forcement immédiatement et une fois décelée, il est trop tard, la machine s’est déjà emballée. Le facteur exponentiel est une multiplication qui se multiplie elle-même. Cette croissance exponentielle doit répondre à un certain nombre de critères, notamment de stabilité des comportements que les données actuelles ne permettent pas de valider.


Il faut ensuite relativiser certaines données : à la date du 26 septembre, près de 250 000 nouveaux cas de covid-19 ont été comptabilisés depuis le début du mois. Parmi ces malades, près de 12 000 ont été hospitalisés, soit moins de 5% et un peu plus de 2 000 ont été admis en réanimation, soit moins de 1%. L’épidémie s’est réactivée, c’est une certitude, mais rien en l’état des statistiques ne permet 1) de légitimer que la croissance des cas positifs soit sur une pente exponentielle pas plus que les entrées en hospitalisation ou en réanimation et 2) de tenir dans certains médias des discours aussi alarmistes.


Publié le jeudi 01 octobre 2020 . 4 min. 31

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