Les Jeux Olympiques, la grande fête mondiale du sport, sont considérés comme financièrement très bénéfiques pour le pays hôte. Les JO de Paris ne font pas exception. Une étude du Centre de droit et d'économie du sport réalisée à la demande conjointe du CIO et de Paris 2024 prévoit des retombées pour la région parisienne comprises entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros avec une estimation médiane à 9, chiffre le plus communément repris par les médias. Cependant, cette somme doit être répartie entre 2018 et 2034, soit selon les auteurs de l’étude, l’intégralité du cycle de vie de l’événement composé de trois phases : préparation, déroulement et héritage. Comparer les chiffres d’impacts économiques des JO 2024 à une seule année de PIB de l’Île-de-France (environ 800 milliards d’euros) est donc trompeur. Il faut les mettre en perspective sur les 17 ans du cycle de vie. Selon le scénario intermédiaire, cela représente moins de 0,1% de la richesse créée par la région, insuffisant pour changer la trajectoire de l'économie parisienne et encore moins celle de la France.
Un impact touristique controversé
Souvent mis en avant, l’impact positif sur le tourisme local est discutable, d’autant plus quand les JO se déroulent en pleine saison touristique. L’effet d’éviction, difficile à mesurer, est sous-évalué : certains visiteurs étrangers ou nationaux peuvent ne pas venir justement à cause de l’événement, de craintes de payer tout beaucoup plus cher, de voyager dans des conditions dégradées avec des réseaux sur-fréquentés, ou de voir leur sécurité menacée avec le risque d’attentats, notamment à Paris. D’ailleurs, d’après les éléments relevés fin 2023 par l'Office du Tourisme et des Congrès de Paris, le prix moyen pour une nuit d’hôtel pendant la période des JO avait explosé de 314% par rapport à 2023 et plus encore pour le milieu de gamme où se concentre l’essentiel de l’offre hôtelière parisienne. Les locations saisonnières étaient sur la même tendance. Depuis, les hôteliers ont revu leurs prétentions à la baisse et pour cause, ils ne remplissent pas ! Le baromètre du tourisme parisien indique un recul de 3,8% des arrivées aériennes internationales prévues entre le 1er juillet et le 30 septembre par rapport à 2023.
Les touristes intéressés par les Jeux Olympiques ont par ailleurs des pratiques spécifiques. Un spectateur qui passe la majeure partie de sa journée au stade n’est pas un touriste qui visite. Il faut donc s’attendre à une chute spectaculaire de la fréquentation des musées, des monuments historiques avec des conséquences en cascade sur les commerces attenants. Pour peu que les Parisiens fuient la capitale, ce sont alors les cinémas, les théâtres, les salles de spectacles et les commerces locaux qui en feront les frais, d’autant plus s’ils sont situés en zones de circulation restreinte voire interdite. Ces inquiétudes touristiques débordent en outre le strict cadre parisien. La capitale, c’est un peu le produit d’appel de la destination France. Plutôt que de rayer cette incontournable d’un voyage dans l’Hexagone, les touristes étrangers différeront leur venue et choisiront une autre destination pour cette année, ce qui aura des effets sur l’ensemble du territoire.
Les impacts sur les chantiers et la productivité
Plusieurs professions vont aussi être directement entravées dans leur activité durant les JO. Il s’agit pour l’essentiel du BTP. L’objectif des organisateurs des jeux est de donner la plus belle image de Paris et de libérer le plus d’espace possible. Les chantiers sur la voirie et les réseaux sont donc suspendus de mars à octobre environ dans la capitale. La mise en place d’échafaudages est aussi restreinte ce qui impacte la construction neuve mais aussi les travaux de ravalement et de couverture. Il ne s’agit pas d’une perte sèche car certains chantiers ont pu être anticipés. Mais leurs suspensions auront mécaniquement un impact économique et social avec la gestion des effectifs en inactivité. Puis il y a des effets plus diffus. Le premier concerne les entreprises d’Île-de-France. Les conditions de déplacement seront compliquées. La modulation des congés et le télétravail sont les deux éléments de réponse des employeurs pour assurer la continuité de l’activité, mais cela aura des conséquences sur la productivité d’ensemble.
Enfin, il y a la double concurrence faite par les JO aux festivals ou autres événements se déroulant l’été. Concurrence pour les ressources notamment en termes de sécurité. Concurrence médiatique aussi, ce qui aura un impact sur la fréquentation. Une conclusion ressort : les effets économiques de la compétition seront au mieux décevants. Un fait ne trompe pas : les villes ne se bousculent plus pour organiser les JO.
Publié le mardi 9 juillet 2024 . 4 min. 27
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