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L'Allemagne en crise : un modèle économique à genoux

Publié le jeudi 8 septembre 2022 . 4 min. 55

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65 milliards d’euros supplémentaires, c’est l’enveloppe débloquée par le gouvernement allemand le 4 septembre pour venir au chevet du pouvoir d’achat des ménages, notamment des plus modestes. Ce troisième plan d’aide double la mise par rapport aux deux précédents et c’est finalement 2,6 points de PIB qui ont été mis sur la table. C’est nettement plus que dans les principales autres économies européennes.


Des chefs d’entreprises et des consommateurs pessimistes


Si la coalition du chancelier Scholz frappe aussi fort, c’est qu’il y a urgence à la fois à soutenir les revenus des consommateurs, attaqués par une inflation record, mais aussi à casser les anticipations des ménages, comme des chefs d’entreprise, d’une violente récession à venir.


L’indice IFO, qui donne le ton du climat des affaires en Allemagne, est en effet très déprimant. À moins de 89 en août, il est tombé à l’un de ses plus bas niveaux historiques. Seulement deux chutes comparables se sont produites ces 20 dernières années : la première consécutive à la crise des subprimes, la seconde à la suite du déclenchement de la pandémie de la Covid-19. Et à chaque fois, cela s’est terminé par une profonde récession. Et pour noircir le tableau, les anticipations pour les prochains mois se sont dégradées.


Les consommateurs sont plus pessimistes encore. L’indicateur mesurant leur confiance s’est en effet enfoncé cet été à des niveaux inconnus depuis la réunification. Des Allemands inquiets qui n’anticipaient en outre aucune amélioration de leur situation financière pour les 12 prochains mois. Depuis, les annonces sont à même de modifier les anticipations les plus noires : plafonnement du prix de base de l’électricité ; versement au 1er décembre d’un chèque énergie (de 200 euros pour les étudiants et de 300 pour les retraités) ; augmentation du nombre de bénéficiaires de l’allocation logement qui passera de 640 000 à 2 millions de personnes au 1er janvier 2023 ; et enfin, revalorisation de l’allocation de base pour les demandeurs d’emploi, qui passera de 449 à 500 euros par mois à cette même date. Mais de là à inverser la tendance de fond, le chemin est long.


En outre, un scénario « catastrophe » reste dans toutes les têtes : celui d’un rationnement du gaz en fin d’année contraignant à fermer une partie de l’outil industriel, avec ses conséquences en cascade sur l’ensemble du tissu productif. De quoi conduire à des mesures de chômage partiel et raviver les craintes de perte d’emploi. Un sujet d’autant plus sensible que cela fait maintenant plusieurs mois que le taux de chômage progresse en Allemagne, ce qui n’est évidemment pas bon pour la consommation qui est restée bien aidée en cela par la fin des restrictions sanitaires, l’unique moteur de la croissance au 2e trimestre avec les dépenses publiques.


Les failles du modèle allemand au grand jour


Ainsi, sur le fond, rien n’est réglé et il ne faut pas se tromper de diagnostic. Le conflit en Ukraine et la mise au ban de la Russie par l’Europe ont surtout surligné les failles du modèle allemand et l’accumulation d’erreurs stratégiques. Il faut partir de l’ADN du modèle allemand bâti autour de la farouche volonté du pays d’accumuler des excédents extérieurs grâce à sa puissance industrielle, dans le but d’accumuler un maximum d’actifs qui généreront des revenus financiers futurs capables de financer les retraites d’une population vieillissante.


Le choix du tout gaz russe afin de disposer d’une énergie bon marché pour renforcer la compétitivité s’inscrit dans ce schéma. Le pari est perdu et le coup est d’autant plus rude que le marché du gaz n’est pas unifié et que les hausses sont nettement plus limitées chez les concurrents japonais ou américains. L’économie de bazar mise en place pour siphonner les bas coûts et la productivité des PECO perd également de son efficacité au fur et à mesure que les coûts de production s’élèvent dans ces pays. Se pose en outre, en plus, l’épineux problème des relations avec certains États autoritaires dirigés par des gouvernements nationalistes et ouvertement europhobes. Enfin, l’Allemagne perd peu à peu l’avantage qu’elle s’était bâti sur le faible coût des services qu’elle incorpore dans sa production industrielle via la sous-traitance. D’autres pays, s’inspirant du modèle allemand, ont aussi développé leurs propres « mini-jobs » et sous pression, le gouvernement Merkel s’est résolu à mettre en place et à généraliser un salaire minimum. Résultat, les courbes des salaires dans les services se sont croisées entre la France et l’Allemagne et l’écart se creuse avec l’Italie. 


Quant à l’Eldorado des BRIC qui devait devenir la destination phare du « made in germany » et compenser l’assèchement des débouchés européens, conséquence de l’hégémonie industrielle allemande, c’est le grand désarroi. La Russie ne compte plus, la Chine est en panne. Le plan Scholz répond à un besoin ponctuel, mais ne résout rien sur le fond. Il permettra de freiner le ralentissement, pas d’inverser la tendance. Longtemps les indicateurs allemands n’ont connu qu’une couleur, le vert, aujourd’hui c’est le rouge qui domine… et pour longtemps.


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