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L’Asie, ce géant économique et démographique, fascine autant qu’il inquiète. Avec un taux de croissance régional autour de 5% et la Chine en tête de file, la région semble destinée à dominer le XXIe siècle. Pourtant, les apparences peuvent être trompeuses. La montée en puissance chinoise, centrée sur des infrastructures et des exportations massives, se heurte à des défis structurels : démographie vieillissante, système politique verrouillé, épuisement des effets rattrapage, emballement de la dette, coût de la transition énergétique, et ce qui est lié à sa dépendance persistante aux combustibles fossiles. Comme l’évoquait Valérie Niquet, directrice du pôle Asie à la Fondation de la Recherche Stratégique dans une récente conférence pour l’Institut Diderot, le ralentissement économique chinois remet en question sa trajectoire ascendante.


Rivalités et alliances


Contrairement à une confrontation directe, la rivalité entre l’Asie et les États-Unis se joue sur plusieurs terrains. La Chine, perçue comme une menace stratégique, pousse ses voisins à renforcer leurs liens avec Washington. Ainsi, le Japon et la Corée du Sud, tout en intégrant leurs économies à celle de Pékin, s’appuient sur les États-Unis pour leur sécurité. Cette dynamique, paradoxalement, limite l’hégémonie chinoise dans sa propre région.


Le Japon, autrefois moteur de l’économie asiatique, peine à se réinventer. Vieillissement démographique et blocages sociétaux freinent ses ambitions internationales. Quant à l’Inde, bien que dynamique avec une croissance de 6-7%, elle reste en retard sur la Chine, faute d’investissements comparables de sa diaspora. L’Asie du Sud-Est, malgré son potentiel, n’a pas les moyens d’absorber les surcapacités chinoises, ce qui contraint Pékin à se recentrer sur les marchés occidentaux.


La dépendance aux technologies occidentales


Malgré les défis, les États-Unis conservent une longueur d’avance grâce à leur capacité d’innovation, leur réseau d’alliances et leur poids culturel. L’Asie, en revanche, souffre d’un manque d’unité politique et économique. Les ambitions de domination technologique chinoise, illustrées par le programme « Made in China 2025 », se heurtent à la dépendance persistante aux technologies occidentales.


Selon Valérie Niquet, l’Asie peut rivaliser avec les États-Unis, mais pas encore les dépasser. Sa réussite dépendra de sa capacité à résoudre ses fractures internes tout en s’adaptant à un monde multipolaire. Les États-Unis, eux, ne sont pas invincibles, mais leur flexibilité économique et institutionnelle reste un atout majeur. La question reste ouverte : l’Asie construira-t-elle un modèle propre ou restera-t-elle un challenger condamné à jouer sur le terrain imposé par l’Occident ?


Publié le jeudi 19 décembre 2024 . 2 min. 46

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