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L'âge d'or du modèle économique coréen touche sa limite

Publié le jeudi 23 février 2023 . 5 min. 17

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La Corée du Sud, c’est LA success-story économique des 60 dernières années. C’est aussi un modèle de développement qui se heurte aujourd’hui à deux défis structurels : sa démographie et son choix du tout à l’export.


Les Coréens épargnent faute de filets de protection à la retraite


Encore intégrée aux PMA (les pays les moins avancés) en 1960, la Corée a très vite intégré le club du G20 et se place aujourd’hui au 10e rang des puissances économiques mondiales et comme le 6e exportateur. Avec un PIB par habitant de l’ordre de 35 000 dollars, elle se situerait en Europe entre l’Italie et l’Espagne. Parmi les grandes économies, c’est aussi une de celles qui ont le mieux encaissé le choc de la crise économique et sanitaire liée au Covid. La mise en œuvre de tests massifs a été une mesure efficace à la fois pour contenir et combattre le virus, mais aussi pour éviter une mise en quarantaine généralisée et l’arrêt brutal de l’activité. En recul au 1er semestre 2020, l’économie s’est vite remise sur pieds : dès le 1er trimestre 2021, le niveau du PIB d’avant pandémie était restauré. Le recul de la croissance est finalement resté contenu, suivi d’un net rebond les deux années suivantes.


Plusieurs indicateurs sèment toutefois le doute sur la véritable dynamique sous-jacente de l’économie coréenne.


Il y a d’abord cette lente érosion du climat de confiance des consommateurs. Depuis 2009, les plafonds sont de moins en moins hauts et les planchers de plus en plus bas. Sur le court terme, le retour de l’inflation à des niveaux inconnus depuis plus 2 décennies a inévitablement miné le moral des ménages en pesant sur leur pouvoir d’achat et conduit les particuliers à se serrer la ceinture comme le montre le recul des ventes en volume dans le commerce de détail.


Mais ce n’est que l’écume des choses : au fil des années la progression de la consommation par habitant s’est tassée. C’est non seulement la marque de l’épuisement de l’effet de rattrapage, mais, plus dérangeant, celle d’un pays en voie de vieillissement rapide qui a oublié ses ainés. C’est peu de le dire : 66% des retraités coréens sont contraints de travailler pour compléter leur pension et pour cause. Selon un rapport de l’OCDE, le revenu moyen d’un senior est inférieur de 30% à celui de la population et plus d’un Sud-Coréen sur deux de plus de 66 ans vit sous le seuil de pauvreté, c’est trois fois supérieur à la moyenne des autres pays développés.


Faute de filets de protection et afin de préparer leur retraite, les ménages coréens épargnent pour éviter une chute trop brutale de leur revenu. Et une fois à la retraite, ils dépensent moins, faute de ressources. Une part croissante de la population se retrouve ainsi contrainte de couper dans ses dépenses, c’est un frein à l’expansion de la demande domestique actuelle et à venir donc à la croissance.


Perte de compétitivité-prix de l’industrie


Un potentiel de croissance en outre étranglée par le plafonnement des gains de productivité dans un contexte d’accélération du recul de la population en âge de travailler dans un pays où avec 0,8 enfant par femme, le taux de fécondité est le plus bas des pays de l’OCDE.


Le système productif connait aussi ses premières fissures. La force de la Corée vient de sa puissance industrielle tournée vers les exports. L’industrie, au sens large, c’est près du tiers du PIB. C’est plus qu’au Japon, qu’en Allemagne ou qu’en Italie. Structurée autour de grands conglomérats, les chaebols, l’industrie coréenne a connu une ascension phénoménale. Pays atelier, notamment pour le textile, la Corée a ensuite massivement investi les secteurs de l’industrie lourde (sidérurgie, construction navale, automobile, ferroviaire notamment) où elle conserve des positions fortes, pour migrer ensuite en partie vers l’industrie électronique avec des entreprises emblématiques comme LG ou Samsung. Tournée vers les biens de consommation (smartphones, écrans), l’industrie électronique s’est depuis réorientée vers les biens intermédiaires à haute valeur ajoutée, comme les semi-conducteurs.


Ces évolutions se sont accompagnées d’un renforcement des flux croisés avec la Chine, partenaire commercial devenu incontournable. Ce faisant, l’économie coréenne dépend principalement de ses performances à l’export, est exposée à la conjoncture chinoise, et est devenue sensible au cycle des semi-conducteurs. Or, l’industrie coréenne perd en compétitivité-prix, notamment face à la concurrence chinoise, ce dont témoigne le recul de ses parts de marché dans le commerce mondial depuis plusieurs années. En liaison avec l’affaiblissement de l’économie chinoise, le recul des exportations en 2022 doit sonner comme une alerte au moment où la croissance potentielle de l’Empire du Milieu s’affaiblit, tout comme quand en 2019 le retournement du marché des semi-conducteurs s’était soldé par un décochage de 28% des exportations de ces produits.


Depuis, le cycle s’est retourné. Mais à plus long terme, c’est sans compter sur la volonté des États-Unis et de l’Europe de développer leur propre filière, souveraineté oblige. Or, faute de matières premières, qu’elles soient énergétiques ou alimentaires, le solde commercial coréen peut très vite virer au rouge quand leurs cours flambent et que les exports coincent.


Le « Pays du matin calme » pourrait bien connaitre des lendemains plus agités. L’âge d’or est terminé !


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