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La Turquie à la dérive : Erdogan, le pompier pyromane

Publié le jeudi 13 janvier 2022 . 4 min. 28

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La croissance à tout prix ! N’importe quel prix. Ce mantra, c’est celui de Recep Tayyip Erdogan à la tête du pouvoir turc depuis 2003. Et après avoir été l’une des rares grandes économies avec la Chine à échapper à la récession en 2020, la Turquie aura de nouveau détonné en 2021 avec un PIB en progression de plus de 10%. Un véritable pied de nez aux pays occidentaux qui, pour la plus grande majorité, n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’activité d’avant crise.


Un pouvoir d’achat laminé


Mais c’est une victoire à la Pyrrhus, car achetée à crédit par la farouche volonté du Président de réduire le coût de l’argent en exigeant de la Banque centrale qu’elle diminue ses taux. Trois gouverneurs récalcitrants ont aussi été limogés depuis juillet 2019. Un crédit bon marché alors que l’inflation flambe et se rapproche officiellement de 40%, mais dépasserait officieusement 80% selon des économistes turcs du Groupe de recherche sur l’inflation. Cela a été très efficace à court terme pour soutenir la consommation et l’investissement avec des taux d’intérêt réels fortement négatifs.


Mais cela gonfle ipso facto la masse monétaire qui nourrit l’augmentation des prix et lamine le pouvoir d’achat. Cela se paie cash aussi sur le marché des changes, dégradant la rémunération des placements turcs et poussant les investisseurs à bannir la livre. Ménages et entreprises fuient également : les deux tiers des dépôts d’épargne sont en devises. La livre turque a complètement dévissé face au billet vert, passant de moins de 6 livres pour un dollar début 2020 à 20 au pire de sa descente aux enfers en décembre dernier, une chute de près de 67%. Quant à sa remontée en fin d’année, liée notamment à l’annonce de l’engagement de l’État à compenser toute dépréciation des dépôts bancaires en livres par rapport au dollar, elle a fait long feu : la tendance est à nouveau à la baisse début 2022 et les caisses publiques se sont vidées. Le mouvement de la livre face à l’euro est un copier-coller des évolutions face au billet vert.


Une inflation importée en forte croissance


Avec comme conséquence une inflation importée massive qui pousse les prix à la consommation encore plus haut sur fond de pression très forte sur les prix de l’énergie. Et ce, malgré les efforts du gouvernement pour encourager l’utilisation de combustibles locaux pour la production d’électricité en soutenant les énergies renouvelables et la production nationale au charbon afin de réduire la dépendance de pays aux importations de gaz. Les prix de l’électricité progressent désormais à un rythme supérieur à 20%, ceux des carburants ont bondi de 45% fin 2021 sur un an. À cela s’ajoute la flambée plus douloureuse encore pour les classes populaires des prix des produits alimentaires de base : de 54% pour le pain jusqu’à 86% pour la volaille pour une progression moyenne de 44% de l’ensemble de l’alimentation.


De quoi alimenter le mécontentement et saper le moral des ménages qui n’est jamais tombé aussi bas depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan. Or, ce sont les conséquences de l’hyperinflation du début des années 2000 sur le budget des ménages qui l’ont porté au pouvoir et on comprend mieux l’empressement du Président à relever de 50% le salaire minium au 1er janvier pour contenir la grogne. Une hausse qui compte tenu de l’inflation sera consumée en à peine 2 mois.


Le pays doit faire appel à la hot money


À cela s’ajoute une crise du logement. La coupe est pleine. Alors, certes la faiblesse de la livre à l’avantage de rendre plus compétitifs les produits turcs, mais cela rend aussi beaucoup plus chères les importations, notamment les produits intermédiaires que les industriels transforment, l’économie turque étant insérée dans les chaînes de valeur internationales. Le solde courant reste négatif et ne s’améliore pas vraiment, montrant l’incapacité du pays à dégager des excédents et accumuler des devises.


La croissance turque, comme celle de beaucoup de pays émergents, repose avant tout sur l’afflux de capitaux extérieurs, notamment des investissements directs. Sauf que ces derniers ne couvrent pas le déficit courant. Le pays doit donc largement faire appel à la hot money, ces capitaux très volatils à l’affût des meilleurs rendements. Encore faut-il que ces investisseurs aient confiance. Or, ils ont horreur :


1. de l’instabilité dans les cercles de décision économique,
2. d’une devise qui décroche et ruine la rentabilité de leurs investissements,
3. de l’inflation qui risque d’autoentretenir l’instabilité financière de façon pernicieuse,
4. et des tensions géopolitiques.


La Turquie coche toutes les cases, un pays en voie de « vénézualisation » aux portes de l’Europe.


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