Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Et si le baril de pétrole retombait à 60 $ ? L’irruption du débat sur les gaz de schistes a brutalement changé notre regard sur les phénomènes de rareté. Car l’innovation surprend toujours. Les technologies dorment mais lorsque le processus de diffusion est enclenché il se fait à une vitesse grand V. Là où tout le monde scrutait les lentes avancées en matière d’énergies renouvelables, voici que les options radicales des États-Unis concernant l’exploitation des gaz de schiste nous amène à reconsidérer la valeur de nos sous-sols. Voici que la Pologne et les grandes compagnies européennes renégocient déjà à la baisse le prix du gaz importé de Russie. Alors prélude à un vrai bouleversement concernant les prix de l’énergie ? Le dernier scénario de l’AIE, confirme certes la tendance haussière des prix du pétrole à horizon 2030, à 135$ le baril. En première lecture, la rareté impose donc sa loi. Plusieurs évolutions y concourent : côté demande, le doublement du parc automobile, et l’explosion du fret routier. Côté offre, ni le poids croissant des énergies renouvelables, ni la montée en puissance du gaz de schiste aux Etats-Unis, ni l’essor de la production de pétrole et de gaz non conventionnel en Amérique du Nord et au Brésil, ne permettraient de contrecarrer une hausse de 25$ du prix du baril. Mais imaginons seulement que d’autres régions du monde emboitent le pas des États-Unis 1- dans leur exploitation à grande échelle du gaz de schiste 2- dans leur quête d’une autonomie énergétique. Ce serait alors 197 milliers de milliards de m3 qui seraient récupérables dans le monde. Ce scénario reste à écrire bien sûr : ni l’état des réserves, ni la rentabilité du processus d’extraction, ni la disponibilité prochaine de techniques d’extraction propres ne font l’objet de certitudes. Plus fondamentalement, d’autres régions du monde pourraient développer un mix énergétique assurant leur indépendance par une montée en puissance conjointe de l’exploitation du pétrole et des gaz non-conventionnels et par un développement des énergies renouvelables. La Chine pourrait s’inspirer des États-Unis. Elle s’est jusqu’ici protégée des risques d’instabilité internationale par la constitution de réserves de change gigantesques. Mais sa forte dépendance en matière d’approvisionnement pétrolier constitue son talon d’Achille. L’autonomie énergétique pourrait alors devenir un élément clé de sa sécurisation. Elle en aurait les moyens. Elle détiendrait 18% des ressources mondiales de gaz de schiste. C’est plus que les États-Unis. L’extraction du pétrole en eau profonde pourrait aussi contribuer à son autonomisation. Les scénarios énergétiques comportent dès lors bien plus d’inconnue qu’on ne le suppose généralement. Et avec un pétrole à 60$ le baril, toutes nos hypothèses seraient à revoir : nos perspectives économiques et industrielles, les promesses d’une croissance verte, sans compter les enjeux géostratégiques qui bouleverseraient les équilibres de la planète.
Alexandre Mirlicourtois, La chute du baril à 60 dollars, c’est possible !, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 22 novembre 2012 . 3 min. 06
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