Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études Xerfi
Divine surprise ! La consommation résiste. Etonnant, alors que le chômage monte, que le pouvoir d’achat descend, que la confiance des ménages est en berne. Comme le montre ce premier graphique une confiance qui a plongé très en dessous de sa moyenne de long terme. Elle était en décembre tout proche de son plus bas niveau historique, celui de la dernière récession. Mais les Français maintiennent leurs achats contre vents et marées. C’est du moins ce que dévoilent les dernières données. Certes, aucune accélération n’est perceptible. Mais quel étonnement de constater que la consommation en biens ne fléchit pas depuis la rentrée. Une consommation à peine écornée de 0,1% en novembre et dont l’acquis de croissance remonte à 0,1% pour le 4ème trimestre. Cela nous permet d’estimer que l’année 2011 s’est achevée sur un niveau de consommation comparable à celui de 2010. Comment expliquer ce paradoxe ? Sur une logique comptable, si la consommation progresse plus vite que les revenus c’est que le taux d’épargne recule. C’était déjà le cas au 3ème trimestre. Après avoir culminé à 17,3% en juin, niveau le plus élevé depuis 1983, le taux d’épargne est redescendu à 17,1% cet été. L’abondance de l’épargne des ménages en France constitue à ce titre un facteur d’espoir. C’est autant de réserves qui peuvent être mobilisées pour maintenir le niveau des dépenses et éviter ainsi un décrochage trop brutal de la consommation. Un décrochage de la consommation qui entraînerait la France dans une violente récession. Il est donc fondamental de comprendre pourquoi les ménages ont puisé dans leur épargne pour poser une prévision plus précise sur l’évolution future de la consommation. Il existe d’abord un effet cliquet. Il est psychologiquement très difficile d’ajuster immédiatement son niveau de vie à une baisse de ses revenus. Et la consommation à un instant T dépend non seulement du revenu de cet instant T, mais aussi des habitudes acquises dans le passé. Bien évidement si les difficultés persistent, l’ajustement s’effectue, de façon implacable. Mais il faut prendre en compte aussi un autre paramètre. C’est l’effet richesse lié à l’immobilier. On sait que le patrimoine des ménages a fortement progressé ces dernières années, c’est un euphémisme ! : il a doublé en 10 ans pour passer d’un peu moins de 5 mille milliards d’euros à plus de 10 mille milliards d’euros entre 2000 et 2010. Un doublement qui doit pour beaucoup à la flambée des prix des logements. Une flambée qui donne aux 58% de ménages propriétaires le sentiment de s’enrichir. En cas de coup dur, reste toujours la possibilité de vendre son bien, avec à la clef une belle plus-value. C’est l‘immobilier bouclier. Mais attention, cette arme défensive pourrait bien se fissurer. Après la hausse de 2011, la mécanique des prix dans l’immobilier s’est grippée dans plusieurs régions. Au mieux les prix resteront stables en 2012 en moyenne nationale. A condition que le marché de la pierre ne fasse pas l’objet d’une attaque fiscale, ou d’une flambée des taux d’intérêt. Vous l’aurez compris, les dépenses des ménages ne sont plus accrochées qu’à l’épargne immobilière. Une chute des prix de la pierre entraînerait mécaniquement un dérapage de la consommation.
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d'Alexandre Mirlicourtois
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