Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
L’économie mondiale vacille. L’inquiétude ne peut que monter quand on constate le ralentissement, et même la croissance négative d’un nombre de plus en plus élevé de pays au 2ème trimestre. Et la situation ne s’est pas améliorée depuis. Cet été, les cours des matières premières ont flambé : de près de 20%. Mais pas n’importe quelle matière première. Les céréales et le pétrole. En revanche, c’est le calme plat du côté des métaux et des minerais par nature bien plus sensibles au cycle économique. Le message est clair : la menace inflationniste s’est réveillée alors que la croissance mondiale stagne. Bref, le risque de stagflation renaît.
Rien d’étonnant alors à ce que les indicateurs avancés prennent la direction d’une dégradation en chaîne de la conjoncture mondiale. Et dans une économie mondialisée, personne n’échappe aux vents contraires. Aux Etats-Unis, l’éclatement de la bulle immobilière n’est toujours pas digéré. Le marché de l’immobilier reste déprimé, les ménages trop endettés et leurs actifs dévalorisés. Le désendettement reste bien la priorité. Il ne s’agit donc pas d’un simple passage à vide. La progression de la consommation des Américains va rester durablement bloquée autour de 2%. C’est très insuffisant pour un pays dont le modèle de croissance repose encore sur l’hypertrophie des dépenses de ses ménages. La croissance américaine campera autour de 2% en 2012 et certainement moins en 2013. Quant à l’Europe, le constat a le mérite de la simplicité. Les exigences allemandes d’assainissement accéléré des comptes publics ont cassé le peu de croissance qui restait. Conséquences ? Des salaires sous pression, un chômage qui explose au sud de la zone et au final des demandes intérieures en chute libre. La consommation des ménages est étranglée, l’investissement étouffé, les dépenses publiques laminées. Avec une croissance négative au 2ème trimestre, la zone euro a fait un pas de plus vers la récession. C’est d’ailleurs notre scénario pour l’ensemble de l’année 2012 avec un recul de 0,3% du PIB. Autant dire que 2013 va partir sur de très mauvaises bases et que dans le meilleur des cas il faudra se contenter d’un maigre 0,5%.
Pris ensemble, les deux poids lourds de l’économie mondiale se traînent et vont peser fortement sur les fournisseurs du reste du monde, notamment les pays émergents. Pour nombre d’entre eux leur dépendance aux exportations sera fatale car ils ne peuvent pas encore compter sur leur demande domestique pour compenser le recul des échanges extérieurs. En Chine, le rythme de croissance est déjà tombé à 7,8% au 2ème trimestre, une performance très inférieure à ses standards, plus proches voire supérieurs à 10%. Les BRIC ne sont pas pour autant tous logés à la même enseigne. La Russie mais aussi le Brésil tirent l’essentiel de leurs excédents commerciaux de leurs ressources naturelles. La flambée du pétrole et des produits agricoles est donc une aubaine pour leurs finances publiques. C’est une réserve mobilisable pour éviter à leur activité de sombrer. Mais cela est totalement insuffisant pour impulser une nouvelle dynamique mondiale. Crise en Europe, net ralentissement aux Etats-Unis, stagnation au Japon, problèmes structurelles des modèles de croissance de grands pays émergents aucune zone n’est actuellement épargnée. Le scénario d’une décélération de la croissance mondiale en 2013 se renforce. Pire, l’hypothèse d’un enchainement dépressif qui conduirait à une panne mondiale ne peut plus être écartée.
Alexandre Mirlicourtois, La croissance mondiale ralentit, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 04 septembre 2012 . 3 min. 41
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