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La descente aux enfers de la consommation des ménages

Publié le lundi 27 avril 2020 . 4 min. 41

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Le grand rush vers la consommation n’est pas pour demain. Les Français ne sont pas dans les starting-blocks pour se ruer dans les boutiques, les grands magasins, les grandes surfaces spécialisées, ni même dans les restaurants, salons de coiffure, instituts de beauté, parcs d’attractions, cinémas ou autres. Tout scénario de rattrapage euphorique, de comportements d’achats ou de divertissements compensatoires qui aurait pu effacer à brève échéance une partie du manque à gagner dans les services et la distribution est à exclure.

D’abord, parce que le virus et la crainte de la contamination resteront un problème latent et durable : la population française est très loin de l’immunité collective alors qu’il n’est pas encore totalement certain que ce virus perde en virulence en fonction des saisons et que l’immunité après guérison soit totale. Sans la mise au point de traitements efficaces ou d’un vaccin,  les contraintes de distanciation sociale resteront impératives.

On ne peut donc pas s’attendre à un retour rapide à la normale, et plus cela durera, plus les comportements de défiance s’ancreront dans les esprits avec un impact direct sur toutes les activités qui impliquent de la promiscuité et des contacts interpersonnels, soit pratiquement toutes les activités de services et de la distribution.

Les revenus d’activité et financiers comprimés

Aux conséquences très concrètes des mesures sanitaires, viennent se superposer les effets de la crise économique sur le pouvoir d’achat et les comportements d’épargne :

– Côté revenu, la cassure est nette. Le revenu disponible brut — c’est-à-dire l’ensemble des revenus perçus par les Français qu’ils soient liés à leur activité (sous forme de salaires, de primes, d’honoraires, etc.) ou bien issus de leurs placements financiers, immobiliers, auxquels sont ajoutés les prestations sociales en espèces (principalement retraites et allocations chômage) et déduits les cotisations sociales et les impôts — ce revenu disponible brut serait en recul de 0,6% cette année selon notre scénario, après quatre bonnes années et une croissance qui s’était accélérée. Le coup est rude. Les revenus d’activité sont attaqués sur ces deux fronts, celui de la masse salariale et des revenus des indépendants. La masse salariale, ce n’est rien d’autre que la multiplication du nombre de salariés par leurs rémunérations (salaires, primes, heures supplémentaires, intéressements).

– Côté emploi, même si le chômage partiel permet de temporiser, la violence du choc sur l’activité est telle (avec un PIB en baisse de 7,6% selon le scénario actuel de Xerfi) qu’elle entraînera un recul de l’emploi salarié de 1% en moyenne sur l’ensemble de l’année. De prime abord, ce chiffre impressionne peu. Mais c’est une destruction nette d’emplois prévue de 570?000 postes entre le 4e trimestre 2019 et le 4e trimestre 2020. Conjuguée à des salaires sous pression, des primes et des heures «?supp?» perdues, la masse salariale est comprimée, même si les dispositifs de préservation de l’emploi limitent la casse sur le pouvoir d’achat. Quant aux revenus des indépendants, il est également malmené : les aides gouvernementales ne suffisent pas à compenser les pertes de recettes des professions indépendantes. Avec un recul de 14%, le coup de massue est quasiment deux fois plus fort que celui de 2009.

Aux côtés des revenus d’activité, les revenus financiers (intérêts, dividendes, revenus d’assurance vie…) sont également étouffés. Vu de la comptabilité nationale, seuls les revenus fonciers résistent, mais c’est en partie dû à une convention comptable liée à l’intégration dans le calcul des revenus locatifs imputés aux ménages propriétaires du logement qu’ils occupent, les fameux loyers fictifs.

Lot de consolation

Alors bien sûr, les cotisations sociales et les impôts versés par les ménages diminuent, mais c’est une piètre consolation, car c’est faute de revenu. Seul le recul de l’inflation permettra d’amortir le choc et redonnera un peu d’oxygène aux ménages. C’est insuffisant, et le pouvoir d’achat va être amputé de 0,8% cette année.

Des revenus en baisse, c’est une consommation sous pression. Et pour peu que cela entre en collision avec l’impossibilité de consommer sur de nombreux postes de produits et services, cela pourrait se transformer en une véritable descente aux enfers : la consommation des ménages devrait ainsi décrocher de 7,5% en euros constants cette année. Du jamais vu en temps de paix ! Le taux d’épargne, son corollaire, devrait grimper à près de 21%. C’est également exceptionnel et, si ce n’est pas un record, jamais la remontée n’a été aussi brutale.

Cette réserve est précisément ce qui peut armer des comportements de rattrapage par la suite. Mais tant que la crise sanitaire couve, tant que le pouvoir d’achat sera attaqué, c’est l’épargne de précaution qui va flamber et la consommation qui va trinquer. Fin 2021, le niveau de dépenses des ménages n’aura toujours pas retrouvé son niveau de fin 2019, laissant sur le flanc bon nombre de professionnels des services et de la distribution. La santé n’a pas de prix, mais la chute de la consommation va faire des dégâts.


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