La désinflation en cours, c’est une fausse bonne nouvelle qui risque de mettre à genoux l’État et les entreprises. Loin d’annoncer un retour à la croissance, la baisse des prix cache des défis bien plus complexes. Les expériences du passé montrent en effet que le reflux de l’inflation s’accompagne souvent pour l’État d’une contrainte accrue en matière de rigueur budgétaire. Les phases de désinflation des années 1980 et 1990 en témoignent, qui ont laissé une empreinte douloureuse sur les finances publiques. À la fois parce que la baisse de l'inflation révèle des faiblesses structurelles jusque-là masquées et qu’elle limite également la capacité de l’État à manœuvrer financièrement.
Les choix difficiles de l’État
En France, les dernières lois de finances ont illustré comment la hausse des prix a permis de compenser le gonflement des dépenses grâce à une augmentation des recettes fiscales, notamment via la TVA. Toutefois, la flambée du déficit public en 2024 souligne que, dans un contexte de désinflation, ces « facilités » s’amenuisent. Face à cela, l’État peut choisir de trancher dans ses dépenses ou, à l’inverse, d’augmenter la fiscalité. La question demeure : le prochain gouvernement sera-t-il en mesure d’assumer une hausse des impôts ou d’opter pour des coupes budgétaires, notamment en matière d’emplois publics et d’aides sociales, malgré les tensions politiques actuelles ? La désinflation, loin d’être une bénédiction, impose ainsi des choix politiques et économiques délicats.
Les entreprises doivent améliorer leur efficacité opérationnelle
Les entreprises, de leur côté, doivent faire face à la réduction de leurs marges et à la productivité forcée. La désinflation met, de fait, fin à une autre illusion : celle de l'ajustement facile par la hausse des prix. En période d’inflation, augmenter ses tarifs pour maintenir ses marges bénéficiaires est une stratégie courante. La période récente n’a pas échappé à la règle. Cependant, avec une inflation faible, les entreprises sont contraintes de chercher d'autres leviers comme la réduction des coûts salariaux ou l'amélioration de la productivité. En somme, la désinflation les force à se confronter à leurs inefficacités structurelles, ce qui, dans de nombreux cas, peut entraîner des pertes de compétitivité sur le long terme.
Le spectre de l’endettement
Enfin, la désinflation menace de réveiller un autre spectre économique : celui de l’endettement. Durant les périodes de forte inflation, l’endettement semble moins problématique car les taux d’intérêt réels restent faibles, voire négatifs. Mais lorsque la désinflation s’installe, les taux d'intérêt réels augmentent, alourdissant considérablement la charge financière des agents endettés. C’est précisément ce qui s’est produit dans les années 1980-1990, où les États et les entreprises ont été étranglés par une hausse durable des taux d’intérêt, entraînant une vague de faillites et de restructurations. Loin d’apporter un répit, la désinflation impose un nouveau défi : celui d’éviter un étouffement économique par l’austérité et la perte de compétitivité.
Publié le mardi 24 septembre 2024 . 2 min. 55
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