Elle est attendue, espérée, annoncée comme le moteur du rebond. Et puis rien. Une fois encore, la consommation des ménages a fait défaut au premier trimestre : croissance nulle, espoirs déçus. Et pourtant, c’est elle qui doit relancer la machine. Mais les Français, eux, ne s’y trompent pas. Ils sentent venir un nouveau tour de vis fiscal en 2026, et commencent déjà à s’y préparer. Il faut dire qu’ils ont eu un avant-goût cette année : introduction de la CDHR, la contribution différentielle sur les hauts revenus, instauration de la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
La loi de Finances a permis aux départements d’augmenter les frais de notaires de 4,5% à 5% de la valeur d’un bien. Au 1er mai, 80% des départements métropolitains avaient franchi le pas. Côté automobile, le malus écologique est alourdi et continuera de grimper jusqu’en 2027. Enfin, le taux de TVA réduit a été supprimé sur l’installation des chaudières à gaz, il le sera cet été sur tous les abonnements d’électricité et de gaz pour passer à 20%.
Officiellement rien n’est décidé pour 2026, mais plusieurs pistes sont d’ores et déjà évoquées : pérennisation de la CHDR, suppression de l'abattement forfaitaire de 10% sur les pensions retraites, réduction du crédit d’impôts sur l’emploi à domicile ou de la liste des services pouvant en bénéficier, réintroduction de la taxe d’habitation.
La conséquence est double. D’une part, pour les publics concernés, une baisse directe de leur pouvoir d’achat, ce qui pèse mécaniquement sur leur consommation. D’autre part, pour tous les autres la crainte d’être, tôt ou tard, dans le viseur de Bercy compte tenue d’une dette publique hors de contrôle. Ce contexte pousse à se constituer une surépargne préventive donc à réduire la voilure en matière de consommation.
Un principe bien connu en économie sous le nom d’« équivalence ricardienne ». Le timing de ces dispositions survient en outre au pire des moments, c’est-à-dire dans un contexte économique déjà anxiogène qui pousse naturellement les consommateurs à la prudence. La peur de perdre son emploi, la crainte de ne pas en trouver un autre est à nouveau palpable dans les enquêtes d’opinions, une inquiétude légitime à la vue de l’évolution du nombre d’inscrits à France Travail.
La courbe du chômage remonte et rien ne semble devoir entraver son ascension ces prochains mois qui seront marqués par : la multiplication des destructions de postes en liaison avec le nombre d’entreprises en difficulté ; la réduction des embauches conséquence de la prudence des entreprises face à l’incertitude ; l’essoufflement entrepreneurial et les emplois liés et pour finir la hausse de la population active.
Il faut aussi une transformation majeure : l’épargne change de visage. Elle devient plus patrimoniale… et plus concentrée. Les supports liquides sont peu à peu délaissés au profit de placements de long terme. En témoigne l’envolée des unités de compte, signe clair que cette épargne se loge surtout chez les ménages les plus aisés — ceux qui privilégient la construction de patrimoine à la dépense immédiate. Autre frein à la reprise, côté offre, peu de nouveautés marquantes, peu de ruptures capables de susciter un véritable engouement. Alors trimestre après trimestre, la consommation joue l’Arlésienne. Elle est annoncée, attendue, espérée — mais toujours absente.
Publié le lundi 12 mai 2025 . 3 min. 39
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