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La profonde détresse de l'Espagne

Publié le mardi 4 mai 2021 . 4 min. 20

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Un genou à terre, l’Espagne mettra plus de temps à se relever des conséquences de la pandémie sur son économie que ses plus proches voisins, car c’est l’ADN même de son système productif qui est attaqué.


La descente aux enfers du tourisme


Il y a d’abord la descente aux enfers du tourisme, véritable poumon de l’économie du pays. Les recettes touristiques étrangères, vues à travers la ligne « voyage » de la balance des paiements (qui correspond aux montants dépensés par les non-résidents séjournant dans un pays hors frais de transport), placent l’Espagne largement en tête en Europe : avec plus de 70 milliards d’euros générés, c’est près de 15 milliards de plus que la France pourtant en deuxième position. Rapportés au PIB pour gommer l’effet taille des économies, seuls des pays mono-spécialisés comme la Croatie et Chypre sont devant la péninsule ibérique qui se place une fois de plus loin devant la France ou l’Italie par exemple.


Or, avec la pandémie et les restrictions faites au voyage, le nombre de touristes étrangers visitant l’Espagne s’est effondré, passant d’un peu plus de 80 millions en 2019 à moins de 20 l’année dernière, une division par plus de 4. Les recettes ont fait de même. Et 2021 est parti sur des bases plus faibles encore compte tenu du contexte sanitaire. Sur les deux premiers mois de l’année, l’Espagne a accueilli à peine plus de 700 000 touristes étrangers, soit un déficit de près de 8 millions de visiteurs par rapport à 2020.


Or aucun rattrapage n’est envisageable d’ici la période estivale compte tenu de l’environnement sanitaire et le risque est bien celui d’un 2e été sans touristes, d’autant plus que l’image de tourisme de masse de la destination « Espagne » est un handicap, pour le moins à court terme. Le danger, c’est donc de voir des régions totalement décrochées, car quasi exclusivement dédiées au tourisme comme les îles Baléares ou les Canaries. Mais le coup est rude aussi pour la Catalogne. Cet accroissement des inégalités régionales fragilise un peu plus l’unité du pays.


L’automobile, l’autre talon d’Achille


Autre talon d’Achille, l’Espagne est plus un pays de filiales que de grands groupes nationaux. L’automobile est emblématique. Avec près de 3 millions de véhicules sortis de ses chaînes de production en 2019, l’Espagne se situe en deuxième position européenne derrière l’Allemagne, mais devant la France.


Le problème est que les sites de production espagnols dépendent totalement de décisions extérieures prises par de grands groupes étrangers (Volkswagen, Ford, Renault, PSA, etc.). L’annonce par Nissan de la fermeture définitive de ses usines en Catalogne d’ici décembre prochain est là pour le rappeler : les sites ibériques ne sont politiquement pas prioritaires au moment des arbitrages pour réduire la voilure, surtout dans un contexte où chaque gouvernement en appelle au patriotisme de ses champions nationaux pour recentrer leur production dans leur pays d’origine. Les usines espagnoles restent ainsi en périphérie des stratégies d’innovation et ne produisent pour l’instant que peu de modèles hybrides ou électriques. Ce même schéma se reproduit ailleurs dans d’autres filières.


Un pouvoir d’achat malmené


Autre point faible, malgré la mise en œuvre rapide de mesures de soutien pour préserver les revenus des ménages, les digues ont moins tenu qu’ailleurs. En recul de 3%, les pertes de pouvoir d’achat sont profondes et la situation des ménages plus critique, notamment comparée à celle de leurs homologues français ou allemands avec comme conséquence un surplus d’épargne financière moins important, donc une réserve de consommation et une capacité de rebond à venir plus réduites. Cette plus faible résistance s’explique par la violence du choc économique, mais pas seulement. C’est aussi le contrecoup de la dualité du marché du travail. Malgré de lourdes réformes, l’Espagne reste LE pays du travail intérimaire. C’est plus du quart de l’emploi total en Espagne, record en Europe dont la moyenne est de 16%. C’est aussi plus de 10 points supérieurs aux autres grandes économies eurolandaises. Ces emplois précaires sont les premiers à être détruits en cas de choc. Bilan, le taux de pauvreté qui était déjà l’un des plus élevés d’Europe va mécaniquement augmenter, d’autant plus que contrairement à celle de 2008, la crise du Covid-19 a aussi paralysé l’économie informelle.


En grande détresse économique, l’Espagne est dans une situation d’autant plus préoccupante que se conjuguent en parallèle des problématiques politiques qui fragilisent son unité. Bref, c’est un pays sur des charbons ardents.


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