L’économie mexicaine est en première ligne face aux « Trumponomics ». Ce qui irrite tant le Président américain ? 81% des exportations mexicaines ont pris la direction des États-Unis en moyenne ces 10 dernières années. À ce niveau-là, c’est comme si le Mexique était le 51ème État américain. Mais il ne l’est pas et ces échanges profitent aux entreprises installées au Mexique qui a engrangé l’année dernière un excédent colossal de 172 milliards de dollars aux dépens de l’Oncle Sam, ou volés aux Américains, selon le langage « trumpien ». Le Mexique est devenu le deuxième plus important déficit des États-Unis derrière la Chine et devant le Vietnam.
Avantages stratégiques
Cette position le pays la doit à son rôle clé de plateforme industrielle devenue incontournable du continent américain, tirant parti de sa proximité géographique avec les États-Unis renforcée par sa participation aux accords de libre-échange régionaux : d’abord l’ALENA de 1994 à 2020, remplacé ensuite par The United States-Mexico-Canada Agreement (USMCA). Autre avantage majeur : sa main-d’œuvre, importante, qualifiée et ultra-compétitive. Selon l’OCDE, le coût moyen d’un travailleur au Mexique représente 22% de celui d’un Américain de qualification comparable.
Centre d’attraction des investissements
Avec de tels atouts, le pays est naturellement devenu un aimant à investissements étrangers, encore près de 40 milliards de dollars reçus l’année dernière ce qui aura vraisemblablement fait passer le cap des 800 milliards de dollars aux stocks d’investissements directs étrangers (IDE). L’objectif poursuivi est toujours le même : produire au Mexique pour exporter ensuite en Amérique du Nord tout en répondant à un marché domestique de 130 millions d’habitants. Parmi les derniers investissements majeurs, on retrouve Volkswagen, Bosch et Toyota. Mais la présence américaine reste écrasante, notamment le long de la frontière dans des milliers de maquiladoras où des milliers d’emplois ont été créés : General Motors, Ford, IBM, Coca, PepsiCo, Procter&Gamble, Unilever, ils sont tous là.
Crise socio-économique en vue
Depuis peu les industriels chinois ont aussi pris place, notamment pour contourner les restrictions commerciales imposées par l’administration Trump lors de son premier mandat. C’est tout cet édifice qui est aujourd’hui ébranlé par les perspectives de l’instauration de droits de douane à 25%. La sensibilité du peso au président Trump en atteste : l’annonce de sa victoire, puis de celle de la mise en place de droits de douane à 25% ont par deux fois fait chuter la monnaie mexicaine. À l’inverse, un simple sursis accordé à la filière automobile a suffi à le faire rebondir immédiatement.
Une spirale dangereuse commence à se dessiner : explosion des droits de douane, récession brutale, peso en chute libre, chômage en hausse, consommation en berne, et une note souveraine dégradée. Un cocktail explosif, avec un impact dévastateur sur les provinces frontalières, totalement dépendantes des exportations. Un scénario noir qui pourrait se noircir encore plus avec la poursuite des expulsions de migrants. Sur les 10 millions de Mexicains vivant aux États-Unis, la moitié sont en situation illégale. Leur retour massif ne créerait pas seulement des tensions sociales, mais assécherait aussi une ressource vitale pour les familles : les envois de fonds. Ces transferts, qui atteignent 53 milliards de dollars, sont une source indispensable de devises.
Alors oui, une partie de l’économie mexicaine a été vassalisée par les États-Unis, mais les bénéfices tirés du « made in Mexico » profitent d’abord aux grands groupes américains. Certains semblent l’avoir oublié ; ils seront vite rappelés à l’ordre.
Publié le mardi 11 mars 2025 . 4 min. 04
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