Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Le bâtiment avance à contre-courant du reste de l’économie. Les entrepreneurs du secteur, sans être euphoriques, sont sereins. Pourquoi un tel décalage avec le reste de l’économie ? A priori, la construction subit les mêmes contraintes que les autres branches d’activité. Comme le commerce, elle doit composer avec des ménages très prudents, plus enclins à épargner qu’à dépenser et encore moins à investir. Et la contrainte qui pèse sur les comptes publics va obliger l’Etat et les collectivités à revoir à la baisse leurs prétentions en matière de construction et d’aménagement. Ce qui n’est pas bon pour les travaux publics, ce n’est qui pas bon non plus pour le bâtiment. Les entreprises, elles, sont passées en mode défensif. Pour faire bref, les projets d’extension, d’augmentation des capacités de production donc de création de surfaces, sont au mieux reportés à plus tard, mais le plus souvent annulé. La sérénité des entrepreneurs a donc vraiment de quoi surprendre. Il faut en fait revenir sur un élément clé. La construction est un processus long. Entre la décision de construire, l’acquisition du foncier, l’obtention du permis de construire, la mise en chantier et l’achèvement des travaux plusieurs mois, voire plusieurs trimestres, peuvent s’écouler. La construction neuve d’aujourd’hui dépend donc en grande partie de l’environnement économique et financier d’hier. Un environnement financier marqué d’abord par des taux d’intérêt très bas depuis deux ans. Des taux qui campent sous les 4% depuis juillet 2009, après avoir touché un plus bas de 3,25% en novembre 2010. Il y a ensuite la volatilité et les incertitudes autour du marché actions qui ont considérablement renforcé l’attrait pour la pierre en général et pour l’investissement locatif en particulier. A cela s’ajoute un contexte réglementaire un peu spécial. Sans aucun doute la fin programmée du dispositif Scellier et la nouvelle réglementation thermique, dite RT 2012, pour la construction de tous les logements neufs à compter du 1er janvier 2013, ont précipité les décisions de construire. N’oublions pas non plus l’augmentation de la population française. En 10 ans, ce sont 3,6 millions de Français de plus qu’il faut loger, soit une hausse de 6%. C’est rapide. Mais moins que la hausse du nombre de ménages. Car, il faut aussi tenir compte du nombre de familles monoparentales et du nombre de solos qui ne cessent d’augmenter. Moins de personnes vivent donc sous le même toit. Ce qui augmente d’autant les besoins d’habitation. On comprend alors mieux pourquoi, les permis de construire sont sur une tendance haussière. Des permis de construire qui constituent une réserve d’activité pour les mois à venir. Fin 2011, 521 000 permis de construire avaient été enregistrés sur les 12 derniers mois. De quoi être sereins… pour 2012. Mais attention. La remontée des taux d’intérêt en cours et à venir. Le durcissement des conditions d’octroi des crédits par les banques. Le passage du taux de TVA de 5,5% à 7% pour les travaux d’entretien-amélioration. Le contrecoup des effets d’aubaines liés aux changements réglementaires. Les coupes claires dans les budgets publics. Une conclusion s’impose : le secteur est en sursis et se prépare à une année 2013 délicate. Sauf bouleversement politique et stratégie volontariste de l’Etat dans le logement. Les récentes interventions de François Hollande et de Nicolas Sarkozy marquent une inflexion décisive des politiques publiques dans ce domaine. On s’oriente enfin vers une politique de l’offre. Il était temps !
Alexandre Mirlicourtois, Le bâtiment en sursis ?, une vidéo Xerfi Canal.
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