Partir en vacances cela coute chers, trop chers si bien que plus du quart des Français ne partent pas du tout selon les données de la Direction Générale des Entreprises. Il s’agit en outre d’une acception assez large des vacances, car il suffit d’avoir passé une seule nuit en dehors de son domicile habituel pour un voyage, à l’exclusion de ceux réalisés pour motif professionnel, pour être comptabilisé. En resserrant à 4 nuitées et plus, alors c’est plus de 4 Français sur 10 qui ne partent pas en villégiatures, un chiffre en hausse depuis 2016 et sensiblement au-dessus des standards des années 90.
Des dépenses touristiques stables depuis 5 ans
Sans surprise, l’argent est le principal frein au départ loin devant d’autres motifs comme les raisons de santé, professionnelles, familiales ou de choix personnels. C’est d’ailleurs bien en raisons de ce poids financier qu’il existe une liaison quasi-parfaite entre revenus et taux de départ en vacances : selon, les données du Crédoc, le taux de départ varie de 40% pour une personne seule gagnant moins de 1 200 euros par mois à 86% pour ceux disposant de ressources mensuelles supérieures à 3 000 euros. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus on a de chance de pouvoir partir. La question économique est donc centrale.
Les dépenses touristiques des Français dépassent désormais plus de 70 milliards d’euros par an selon les données de la DGE soit environ 2 450 euros par foyer et cela représente près de 4,6% de la consommation effective des Français, un chiffre quasiment stable sur les 5 dernières années, ce qui peut paraître paradoxale compte tenu de l’évolution du taux de départ. Cela s’explique en partie par un effet de structure : ceux contraints de renoncer aux vacances appartiennent aux catégories les moins favorisés, c’est à dire ceux dont le budget était le plus réduit.
Le budget transport sous contrôle
Parmi les différents postes, le transport jusqu’au lieu de villégiature reste le plus important. C’est bien sûr une évidence dès lors que les vacances se déroulent hors-métropole, mais cela reste vrai même si le séjour se passe dans l’Hexagone : un peu plus de 31% du budget est ainsi destiné au transport. Mais c’est un chiffre structurellement en baisse. En l’espace d’un peu moins de 10 ans, son poids relatif a baissé de plus de 4 points, malgré la hausse continue des péages et les oscillations du prix des carburants. Les ménages sont parvenus à se tour de force en jouant sur quatre leviers : 1- en réduisant le nombre de départs, moins de départs, c’est moins de kilomètres à parcourir. 2- en allant moins loin, donc en limitant les distances. 3- en jouant la carte collaborative telle que le covoiturage. 4- en privilégiant le low-cost aussi bien dans l’aérien que le ferroviaire.
Priorité aux loisirs plutôt qu’à l’hébergement
Deuxième budget, l’hébergement est un poste important environ 14% des dépenses touristiques des Français. Comme pour le transport son poids relatif a eu tendance à se réduire ces dernières années alors même que les tarifs d’hébergement sont en nette progression notamment dans l’hôtellerie où les prix ont grimpé de plus de 18% depuis 2010. Les ménages jouent sur les mêmes ressorts que dans les transports pour s’adapter et l’arbitrage ne s’effectue pas, tant sur le niveau de gamme de l’hébergement, que sur le type d’hébergement, avec deux tendances fortes : le développement des méthodes alternatives d’hébergement : échange de maisons, Airbnb. Sur le seul été 2018, Airbnb c’est 4 millions de touristes français en France, au prix moyen de 27 euros la nuit et dans le top 5 des destinations : le Vaucluse, les Pyrénées Atlantiques, La Charente Maritime, La Haute Savoie et le Var, bref les lieux de villégiature préférés des Français durant la période estivale.
Seconde tendance : la montée de ce qui appelée, « l’hébergement touristique non-marchand » en d’autres termes l’hébergement en famille ou chez des amis. C’est peut-être contre-intuitif mais c’est bien parmi les plus favorisés que cela est le plus rependu. Tout simplement, pour partir plus souvent, il faut avoir de la famille, un réseau d’amis qui disposent d’une habitation suffisamment vaste pour vous accueillir ou une résidence secondaire à prêter.
C’est finalement le poste loisir-restauration qui s’est relativement alourdi. Cela peut paraître surprenant mais c’est le signe de vacances plus intenses. Les Français partent moins longtemps, moins souvent, mais remplissent plus leur journée. A cela s’ajoute la gestion du temps de vacances qui n’est pas la même entre les plus modestes qui partent de moins en moins et les plus aisés dont la journée est plus remplie. C’est un effet de structure.
L’apparente stabilité du budget vacances est donc un leurre, elle marque une fracture de plus en plus béante entre ceux, de plus en plus nombreux, qui ne peuvent pas partir, et des arbitrages pour limiter le budget transport et hébergement en faveur des loisirs.
Publié le mercredi 19 décembre 2018 . 4 min. 50
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