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Le monde face au regain américain

Publié le lundi 29 octobre 2012 . 6 min. 39

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Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi

La croissance mondiale cale. Jusqu’ici rien de surprenant. En revanche, ce qui l’est plus c’est l’écart de performances qui se réduit entre les pays émergents et les pays développés. En deux ans le rythme de croissance des premiers a été divisé par deux pour atteindre à peine plus de 4% mi-2012 contre 8,4% début 2010. La croissance des pays développés est, elle, restée légèrement inférieure à 2%, fidèle à sa trajectoire. 

Alors s’agit-il d’un simple trou d’air conjoncturel du côté des émergents ou plutôt de problèmes structurels durables ? Les deux en fait ! Bien sûr, cet affaiblissement a une composante conjoncturelle. Je veux parler du décrochage de l’Europe, principal débouché des industriels des pays émergents. Mais il y a plus grave. Ce sont les limites des modèles de développement des émergents. Un modèle basé sur la production et l’exportation de gros volumes de qualité faible ou moyenne. Un modèle dont le rendement s’épuise avec des excédents commerciaux qui stagnent, au mieux. C’est le cas de la Chine qui a plafonné autour de 200 milliards de dollars sur les 12 derniers mois. Ou des excédents qui diminuent. C’est le cas du Brésil dont l’excédent commercial est revenu à son niveau d’il y a 10 ans. Prenons l’exemple de la Chine pour bien comprendre. Le doublement de ses coûts salariaux en dix ans en fait désormais un pays trop cher pour fabriquer des productions bas de gamme. Et il faut bien comprendre que ces hausses de salaire alimentent principalement une épargne déjà extraordinairement élevée. Comme le montre ce graphique, l’épargne nationale a doublé entre 2006 et 2011 ce qui ne présage pas d’un recentrage de la croissance chinoise sur sa demande intérieure. De son côté, le gouvernement a peu de marges de manœuvre pour relancer la croissance. La politique monétaire est déjà expansionniste. Et le niveau élevé d’endettement des collectivités locales rend plus compliqué qu’en 2009 la relance des investissements d’infrastructures. Jugez plutôt : la dette des gouvernements locaux représentait déjà près de 27% du PIB en 2010. C’est 10 points de plus qu’en 2007. Dix points en 3 ans seulement. Tous ces facteurs ne laissent pas espérer plus de 7,5% de croissance pour la Chine en 2012. Il faut remonter en 1998 pour trouver trace d’une telle « contreperformance ». 

A ces indices de fragilisation des émergents répondent les signaux d’un renouveau industriel aux Etats-Unis… peut-être les prémisses d’un rééquilibrage plus durable de la croissance mondiale. Alors c’est vrai, les Etats-Unis vont devoir gérer la falaise budgétaire. C'est-à-dire la combinaison, au 1er janvier 2013, d’une brutale réduction des dépenses publiques et de la fin des abattements fiscaux introduits par l'administration Bush. Une ponction potentielle de près de 4% du PIB qui, si elle se concrétise, cassera l’élan américain début 2013. Scénario peu probable cependant. Car les Etats-Unis sont près d’avoir trouvé le bon tempo dans la conduite de leur désendettement. Ce qui n’est pas le cas de l’Europe. L’administration Obama a bel et bien réussi à ranimer les moteurs autonomes de la croissance américaine. Pour faire bref, la construction et la production marchande sont en passe de prendre le relais de l’Etat. L’immobilier d’abord. Les prix se redressent. Alors c’est vrai, leur lent réveil signifie que la purge n’est pas totalement terminée. Mais les bonnes nouvelles s’accumulent : baisse des défauts hypothécaires, recul des saisies, taux d’intérêt historiquement bas. C’est donc le retour très progressif des effets richesse. C’est bon pour les finances des ménages. C’est bon aussi pour le secteur de la construction, grand pourvoyeur d’emploi. A près de 900 000, les mises en chantier se sont complètement réveillées en septembre. Le bilan sur les 9 premiers mois de l’année est éloquent. Avec 6,7 millions de logements sortis de terre, la hausse dépasse les 26% par rapport à la même période de 2011. Cela ne fait aucun doute, l’investissement résidentiel sera un soutien à la croissance. Mais l’économie américaine peut aussi s’appuyer sur un second socle qui traduit la transformation profonde du pays. Je veux parler de sa réindustrialisation.  Comme vous pouvez le voir, le redressement de l’activité de l’industrie manufacturière est spectaculaire. Ce qui contraste avec le recul persistant de la zone euro. Les indices sont convergents : hausse du taux d’utilisation des capacités de production, relance de l’investissement productif, amélioration des performances à l’export. Sans oublier les créations d’emplois dans l’industrie manufacturière. Bref, tout renforce le diagnostic du rétablissement des Etats-Unis. Un rétablissement qui pour être mené à bien doit s’accompagner d’une politique monétaire très accommodante. A la fois pour maintenir des taux d’intérêt bas, notamment immobilier. Mais aussi pour favoriser le retour du « made in america » un peu partout dans le monde. Et c’est un fait, le dollar se déprécie… Le taux de change effectif réel qui mesure le pouvoir d’achat du dollar en moyenne sur l’ensemble des marchés d’exportation, a repris son mouvement de baisse. En clair,  la compétitivité du pays est dopée par le dollar. 


Face à cette stratégie bien ordonnée, l’Europe et plus particulièrement la zone euro avance en ordre dispersé. Le constat a le mérite d’être simple. Les exigences allemandes d’assainissement accéléré des comptes publics ont cassé le peu de croissance qui restait. Conséquences ? Des salaires sous pression, un chômage qui explose au sud de la zone et au final des demandes intérieures en chute libre. La consommation des ménages est étranglée, l’investissement étouffé, les dépenses publiques laminées. Une chute qui n’est pas compensée par un quelconque dynamisme de l’Europe du Nord. Terminons toutefois par une petite lueur d’espoir europénne. Il y a peut-être aujourd’hui plus de coordination qu’il n’y paraît. Avec en particulier un relâchement, tout relatif, des salaires… en Allemagne. Comme le montre ce graphique le coût horaire de la main d’œuvre allemande évolue sensiblement au-dessus de la moyenne européenne et française depuis plusieurs trimestres déjà Et si la politique budgétaire de l’Allemagne n’est peut-être pas expansive, elle est neutre au moins depuis 2 ans. Même constat pour la Suède et la Finlande. Finalement, la rigueur n’est peut-être plus autant d’actualité au centre et au nord de l’Europe. Alors certes, cette inflexion ne changera pas la trajectoire de l’économie européenne à court terme. Et avec une croissance négative au 2e trimestre, la zone euro a fait un pas de plus vers la récession. C’est d’ailleurs notre scénario pour l’ensemble de l’année 2012 avec un recul de 0,4% du PIB. Entre une Europe qui décroche et des émergents qui calent, le redressement américain ne sera pas assez vigoureux. Pas assez vigoureux pour éviter à la croissance mondiale de descendre à 2,5% cette année.

Alexandre Mirlicourtois, Le monde face au regain américain, une vidéo Xerfi Canal


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