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Les leçons du Japon, un pays qui ne rembourse jamais sa dette

Publié le mardi 22 juin 2021 . 4 min. 45

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Le Japon semble vivre dans un monde parallèle tant il s’affranchit des règles budgétaires qui s’imposent à tout un chacun. Après le Venezuela et le Soudan, deux économies en perdition, c’est tout simplement le 3e pays le plus endetté au monde avec une dette publique représentant 256% du PIB, sans que cela soit vécu ni comme un psychodrame par la population ni comme une source d’angoisse par les marchés.


Une « croissance » comparable à celle des États-Unis


Si le Japon est un endetté « heureux », c’est qu’il bénéficie d’un double privilège :

1. Plus de 92% de sa dette est détenue en interne, ce qui lui permet d’écarter tout risque de crise de liquidité.
2. Près de 87% de la dette est aux mains de la Banque du Japon et dans celles d’investisseurs institutionnels locaux (assurances, banques, fonds de pension public comme le fonds d’épargne postal) sous influence directe du gouvernement.


Toutefois, selon le dogme, le prix à payer d’un endettement hors norme est une croissance plus faible, l’économie perdant en efficacité avec la captation de l’épargne par l’État au détriment de l’investissement privé. C’est l’effet d’éviction. En apparence, il se vérifie avec une croissance japonaise qui s’étiole au fil du temps. De 4,5% l’an dans les années 80, le rythme de progression du PIB est tombé à 1,3% dans les années 90, puis à 0,2% au cours des 10 années suivantes marquées par la grande récession de 2008-2009, pour revenir à 0,9% sur la décennie suivante avant la pandémie. C’est peu, mais c’est trompeur. Dès lors que les effets démographiques liés au vieillissement sont intégrés, c’est-à-dire en rapportant le PIB au nombre de personnes en âge de travailler, aucune rupture majeure n’apparaît depuis plus d’un quart de siècle. Mieux, en hausse de près de 1,5% l’an sur les 30 dernières années, la croissance japonaise est comparable à celle des États-Unis et se situe au-dessus de celle de la France (1,2%), et plus encore de celle l’Allemagne bloquée autour de 1%.


Pas de miracle. Tout simplement, les Japonais en âge de travailler sont plus intensément mobilisés : 77,6% des 15-64 ans occupaient un emploi au Japon, contre moins de 69% en moyenne pour les pays de l’OCDE. Un écart qui se construit sur la tranche d’âge la plus âgée, c’est-à-dire les 60-64 ans, notamment chez les hommes, dont le taux d’emploi est plus de 21 points supérieurs à la moyenne OCDE.


Avec en arrière-plan, un âge de départ à la retraite plus élevé, mais pas seulement : les droits à pension y sont aussi plus faibles, ce qui contraint les retraités japonais à rester en activité, même pour des emplois dégradés.


La dette n’est pas un problème


Mais si l’économie nipponne est moins flamboyante, c’est aussi parce qu’après une phase de rattrapage, ses entreprises ont buté sur la frontière technologique et il n’y a pas de Google, d’Amazon ou d’Alibaba japonais. Il ne faut toutefois pas trop noircir le tableau. L’économie japonaise est duale avec d’un côté un tissu d’entreprise sous productive et de l’autre un cœur du réacteur industriel encore très efficace.


Mais les fondamentaux sont solides et le pays, avec un PIB en baisse de 4,7%, a mieux encaissé la crise de la covid-19 que les pays occidentaux, excepté les États-Unis où le recul a été limité à 3,5%. Malgré un 1er trimestre compliqué par l’apparition d’une nouvelle vague de coronavirus et la mise en place d’un nouvel état d’urgence partiel, l’économie nipponne n’est plus qu’à 4% de son dernier pic. Pas un grand pays européen ne fait mieux et une fois de plus, seuls les États-Unis sont devant. La prolongation des mesures de restrictions sanitaires jusqu’au 20 juin aura pénalisé l’activité au 2e trimestre et affecté le moral des ménages qui n’a pas encore retrouvé son niveau prépandémie, un manque de confiance qui pèse sur la demande intérieure.


Côté grandes entreprises en revanche, l’optimisme est de retour notamment dans l’industrie avec un climat des affaires qui retrouve un niveau comparable à celui de l’automne 2019, avant l’apparition du virus en Chine et les perspectives sont bonnes pour les prochains mois. Notamment grâce au dynamisme retrouvé des exports depuis plusieurs mois déjà. Le bond est spectaculaire et le niveau atteint dépasse désormais son dernier pic de mai 2018.


En outre, les entreprises comme les ménages pourront compter sur le soutien inconditionnel du gouvernement qui accumule les plans de relance et les rallonges budgétaires pour un total de 14% du PIB. Bien entendu, cela se paie par un déficit public à plus de 10% du PIB, soit un record depuis 1960, date du début de la série et une dette qui gonfle, mais le gouvernement n’en a cure, la dette n’est pas un problème au Japon. La BoJ n’est pas en reste et amplifie son programme d’achat d’actifs et parvient à maintenir le coût de la dette à un plancher.


Le pessimisme généralisé autour du Japon n’a pas lieu d’être, non seulement sa croissance passée montre sa solidité, mais il est aussi un des mieux armés, c’est la vertu de la dette perpétuelle, pour absorber le choc de la crise de la covid-19.


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