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Le moral des industriels est étonnant bon. En mars dernier, il a atteint son plus haut niveau depuis 3 ans et il se repositionne ainsi sur sa base d'avant crise. Mieux, l'avenir semble radieux. Selon les chefs d'entreprise, les perspectives de production sont à un sommet depuis 35 ans, c'est-à-dire 1976 date du début de l'enquête. Il est vrai que la production industrielle était en janvier en hausse de 6,8% par rapport au même mois de l'année précédente et elle se situe sur une pente croissante depuis un an. Signe le plus évident de cette embellie printanière, les trésoreries sont très confortables. D'abord, celles des grands groupes, mais pas seulement, puisque près de 9 industriels sur 10 déclarent n'avoir aucune difficulté de trésorerie. Et pourtant. A y regarder de plus près, ces enquêtes ne mesurent pas les dégâts causés par la récession sur le tissu industriel. Or la multiplication des défaillances a abaissé notre potentiel de production. En d'autres termes, une partie des capacités de production de l'industrie manufacturière a été détruite pendant la crise. La production industrielle est certes en hausse de près de 13% depuis son point bas d'avril 2009, mais elle reste inférieure encore de 10% à son niveau du début 2008 et elle a, simplement, retrouvé sa valeur de la fin 97. A trop se concentrer sur les chiffres de la croissance, on oublie un peu trop rapidement que le niveau d'activité, lui, reste enfoncé. En outre, les premiers doutes apparaissent sur la persistance de ce climat euphorique. La première crainte, c'est celle des conséquences de l'envolée des cours des matières premières sur les marges. Des métaux (précieux on non), aux minerais en passant par les produits agro-industriels (pâte à papier, caoutchouc) jusqu'aux fibres naturelles sans oublier l'énergie, les cours de toutes les matières premières flambent. Depuis janvier 2010, le prix de l'aluminium s'est élevé de 13%, celui du cuivre de 29%, le Brent de 49% jusqu'à la progression record de 156% établie par le coton. A l'évidence, les coûts d'approvisionnement vont lourdement peser dans les comptes des entreprises en 2011. Et la question centrale, cette année, va être celle de la capacité des industriels à répercuter à leur client tout ou partie de la hausse subie. Et l'exemple de l'agroalimentaire ne pousse pas à un excès d'optimisme en la matière. L'envolée des prix des matières premières agricoles conjuguée à la hausse de l'énergie et des emballages, ont rendu plus âpres les négociations avec la grande distribution. Aux termes de discussions très animées, les attentes des professionnels ont été déçues avec des hausses de prix de 2% maximum. Très simplement, selon les représentants de la profession, cela signifie que « les industries agroalimentaires ont dû prendre à leur charge 60% des augmentations des matières premières ». Pour l'industrie manufacturière, la situation est à peine moins délicate. Certes, les prix à la production évoluent désormais sur un rythme supérieur à 5%. C'est conséquent, mais certainement pas assez pour éviter un pincement des marges. Seule solution faire pression en amont sur les fournisseurs et la masse salariale. A ce choc sur les matières premières est venu s'ajouter celui des répercussions des catastrophes au Japon. Moins d'un mois après le séisme, le tsunami et la crise nucléaire, les ruptures d'approvisionnement de composants électroniques se font déjà sentir chez de nombreux intégrateurs, dans des secteurs aussi divers que l'automobile, les télécommunications mobiles, l'informatique, et même l'industrie photovoltaïque. Du côté des constructeurs automobiles, certaines chaînes de montage ont tourné au ralenti courant mars quand elles n'ont pas été à l'arrêt. Peugeot, par exemple, a été contraint de réduire la production d'une partie de ses usines européennes pour s'adapter au risque de pénurie d'un composant de moteur diesel fabriqué par Hitachi. La production à Poissy et Aulnay en France, Vigo et Madrid en Espagne, ou Trnava en Slovaquie, est tombée à 40-50% des capacités. Les usines de Sochaux, Mulhouse et Sevelnord, près de Valenciennes, tournent quant à elles à environ 75% de leurs charges. C'est une brutale prise de conscience des limites de la gestion en flux tendus ou du zéro stock. Le moindre grain de sable, retard ou assèchement brutal des approvisionnements, et les cadences de production chutent. Cela illustre aussi les conséquences de la complexité des chaînes de valeur à l'échelle mondiale. A la recherche des coûts les plus bas, les entreprises ont fragmenté leur activité entre les pays, au risque de voir tout leur équilibre bouleversé en cas de défaillance d'un des maillons de la chaîne. C'est très clairement la situation qui se dessine aujourd'hui. Le risque encouru au niveau national est bien évidemment celui d'un coup d'arrêt au nouvel élan industriel. Il serait fatal à notre croissance car il ne faudra pas compter cette année sur une quelconque accélération des dépenses des ménages. Le marché du travail est grippé, les créations d'emplois sont faibles, le taux de chômage ne parvient visiblement pas à s'éloigner de la barre des 10%, l'inflation ressurgit et les revalorisations salariales sont bloquées ou presque. Pour un pays dont le modèle de croissance et le système fiscal sont basés sur l'hypertrophie de la consommation et des dépenses de l'Etat, cela conduit irrémédiablement à une croissance léthargique, inférieure à 1,5% selon notre scénario aussi bien en 2011 qu'en 2012. l est donc impératif que l'industrie prenne le relais. A cet égard le gel des salaires peut redonner de la compétitivité à nos entreprises. Sur ce point précis des salaires, l'écart se creuse même avec l'Allemagne qui fait partie du club très fermé des pays occidentaux en mesure d'augmenter leurs salariés. Certes, cela arrive après une très longue période de stricte modération salariale pendant que se reconstituaient les profits des entreprises. Mais les chiffres bruts n'en sont pas moins impressionnants. Les 550 000 employés du secteur allemand de la chimie vont ainsi voir leur rémunération progresser de 4,1%, ceux de la sidérurgie de 5,2%. Volkswagen et le syndicat allemand IG Metall se sont mis d'accord sur une hausse des salaires de 3,2% au 1er mai et une prime exceptionnelle de 500 euros, des mesures qui bénéficieront à environ 100 000 employés. C'est finalement une bonne nouvelle pour l'économie française. Non parce que les ménages allemands vont se mettre à consommer beaucoup plus de produits « made in France », l'effet sera en fait marginal sur les biens de consommation. Mais bien plus parce que les hausses de salaires outre-Rhin vont grever (un peu) la compétitivité des entreprises allemandes et redonner du lustre (un peu) aux industriels français. La France a une carte à jouer les prochaines années et une fois n'est pas coutume, c'est celle de son industrie.


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