Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
La France reste une puissance multinationale : au sommet de la hiérarchie mondiale, elle place encore 29 grands groupes dans le top 500 du classement du magazine américain Fortune, ce qui la situe entre le Japon et l’Allemagne. Mais avec une densité plus forte que les autres pays, puisqu’un on dénombre un géant économique pour 2,2 millions d’habitants, c’est plus qu’aux Etats-Unis, capital du capitalisme mondial ! Et c’est une chance même si certains y voient une menace.
Disposer de grands groupes, c’est disposer de structures en prise directe avec les marchés du monde entier c’est disposer d’une capacité d’implantation dans les régions à fort potentiel de développement et à forte dynamique démographique qui nous branche sur une conjoncture moins anémiée que celle de la France ou de l’Europe.
L’impact est double : il est d’abord très direct sur le niveau des exportations. Forts de la clientèle privilégiée de leurs filiales, les grands groupes réalisent à eux-seuls plus de la moitié des exportations hexagonales. Et ça c’est seulement la partie émergée de l’iceberg.
C’est une spécificité française, nos grands groupes produisent massivement directement à l’étranger : la production délocalisée représente 2,5 fois nos exports, contre 2,35 pour le Royaume-Uni, 1,45 pour l’Allemagne, 1,2 pour l’Italie et 0,7 pour l’Espagne. Et le fait de produire sur les marchés de destination au lieu d’exporter est vue par beaucoup comme un simple manque à gagner, la marque s’il en fallait du désintérêt de nos grands groupes pour le territoire national.
Mais c’est oublié qu’une partie des revenus tirée de ces activités extraterritoriales est rapatriée et permet à la France d’éponger le déficit des transactions des biens et services. Il s’agit là d’un élément clé de notre solvabilité.
Disposer de grands groupes, c’est aussi disposer d’un pouvoir de marché et d’une puissance de feu financière pour acquérir des marques, des brevets, mobiliser les savoirs faire à travers le monde.
Mais ce n’est pas tout, les grands groupes donne le LA de toute une filière, ce sont eux qui organisent tous les partenaires autour de leurs projets de développement (projets d’organisations industrielles, informatiques, projets de R&D). Le maître d’œuvre d’une filière reste bien souvent un grand groupe : Airbus dans l’aéronautique, Areva dans le nucléaire, Veolia et Suez dans les utilities.
Ce sont aussi des acteurs clé du développement des jeunes pousses, ou des PME après acquisition. L’essentiel des PME franchissent d’ailleurs le seuil qui les mène à la taille d’une ETI, dans le cadre d’une structure de groupe. Autrement dit les grands groupes sont des acteurs clés de la destruction créatrice.
La France a donc besoin de ses grandes firmes c’est dans son ADN. Mais attention, il nous faut des champions nationaux. Le grand capital est souvent considéré comme apatride rien n’est plus faux. Une entreprise basée à Paris ou à Clermont-Ferrand, licenciera plus facilement en Chine qu’en France. Il y a plus de chances aussi qu’elle y ancre sa R&D et ses départements stratégiques, question de proximité avec le siège social. Ne rêvons pas nous n’avons pas de « Mittelstand » et nous n’en aurons jamais, mais nous avons nos multinationales et c’est de leur réussite que dépend en partie notre croissance.
Alexandre Mirlicourtois, Les multinationales au coeur du système productif français, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le jeudi 27 octobre 2016 . 3 min. 23
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