Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Une correction forte des prix de l’immobilier a eu lieu presque partout…mais pas en France. Par rapport à leur précédent pic, les prix dans l’ancien ont en définitive reculé d’à peine 0,5%. Ajustement minuscule par rapport au décrochage de 20% enregistré au Royaume-Uni et de 24% en Espagne Minuscule aussi par rapport à la chute de 31% subi par les Etats-Unis. Certes les prix n’ont pas décroché en Allemagne ou au Japon, mais les prix y sont très sages depuis les années 2000. Le coup d’arrêt de la progression des prix en France bloque la richesse immobilière et freine en définitive la consommation. Une question doit alors être posée : l’immobilier cher est-il un atout ou un boulet pour l’économie française ?. Car des prix de l’immobilier surévalués se traduisent aussi par la cherté des loyers et des autres dépenses afférentes au logement. Comparons avec nos voisins immédiats : c’est sans équivoque. Selon Eurostat, le coût moyen des dépenses liées au logement en France sont 27% supérieures à la moyenne européenne. Certes, les prix sont le reflet du niveau de vie. Mais, et c’est là que le bât blesse, le coût moyen est en France nettement supérieur à celui des pays voisins à niveau de vie comparable. La France surplombe l’Allemagne de 17 points, l’Italie de 23 et l’Espagne de 24. Pour les ménages c’est autant de pouvoir d’achat libéré en moins pour d’autres dépenses. Mais ce n’est pas la seule conséquence. Comparons avec l’Allemagne. Le faible coût de l’immobilier, aussi bien résidentiel que commercial, est un élément clé de la compétitivité outre-Rhin : 1- la modération salariale est en effet plus facile à mettre en œuvre dans un pays quand l’évolution du coût du logement est maitrisée et n’entame pas trop le budget des salariés 2- plus directement, le prix des structures commerciales réduit les coûts fixes des entreprises. Or le déflateur de l’investissement dans la construction s’est élevé de 51% en France contre 23% en Allemagne entre 2000 et aujourd’hui. Du simple au double. Finalement, on le voit, les prix élevés de l’immobilier pèsent sur notre croissance…sans résoudre le problème du logement. Et la France est face à un choix politique cornélien. D’un côté, défendre la valorisation de son patrimoine immobilier, ce qui satisfait une France d’épargnants et de propriétaires. De l’autre, faire baisser le prix du logement et de l’immobilier, surtout en zone urbaine. Ce serait un moyen pour donner des marges de manœuvre à une politique de modération salariale sans entamer le pouvoir d’achat. Une maîtrise des coûts salariaux qui serait l’un des atouts dans une politique de reconquête de la compétitivité. Mais avec près de 60% de propriétaires en France, qui osera se lancer dans une telle stratégie ?
Alexandre Mirlicourtois, Les prix immobilier tiennent bon : atout ou handicap pour la France ?, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 23 octobre 2012 . 2 min. 52
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