La moitié des salariés du privé et des entreprises publiques gagnent en France 1 797 euros nets par mois pour un temps plein. Autour de cette valeur pivot, les disparités salariales sont importantes. En haut de l’échelle, les 25% les mieux rémunérés touchent au moins 2 482 euros, les 10%, 3 646 et le 1% supérieur, 8 283 euros.
Cet éventail des salaires s’explique à la fois par les caractéristiques personnelles du salarié, du poste occupé et des employeurs. Pour se situer dans la partie supérieure, mieux vaut être diplômés. C’est la théorie du capital humain qui veut que la différence des salaires reflète à la fois l’investissement en formation des salariés tout au long de leur vie (essentiellement caractérisé par le niveau d’étude initial et l’expérience professionnelle) ainsi que l’ancienneté dans l’entreprise. En moyenne, le salaire horaire brut atteint plus de 26 euros pour un salarié diplômé de l’enseignement supérieur de niveau Bac + 5 soit un écart de 77% par rapport à un titulaire du Bac. Un écart brut qu’il faut relativiser car Il faut raisonner « toute chose égale par ailleurs », donc neutraliser toutes les autres variables constitutifs de la formation des salaires.
Les effets du diplôme et de la CSP
En contrôlant, l’effet des autres variables (profession, âge, ancienneté, taille de l’entreprise, etc.), un BAC + 5, gagne 33,4% de plus qu’un non diplômés, 24% de plus environ que les salariés ayant un baccalauréat ou équivalent.
Idem, pour les deux autres éléments constitutifs du capital humain : l’expérience et l’ancienneté. En prenant les valeurs extrêmes, toute chose égale par ailleurs, un salarié de plus de 60 ans dispose d’un salaire supérieur de 27% à celui d’un moins de 30 ans et l’écart est de 19% entre un salarié qui a plus de 20 ans de maison et un autre qui en a moins de 2. Les salaires demeurent également étroitement liés à la catégorie socioprofessionnelle, ils vont de 13,3 euros pour les ouvriers et les employés à 45,8 pour un chef d’entreprise salarié. L’écart entre ces deux catégories extrêmes de 244% reste encore très important (127%) une fois les autres variables neutralisées.
Mais même à niveau de capital et de CSP équivalent des différences subsistent ce qui revoie aux caractéristiques des employeurs. Pour se placer en haut de la hiérarchie des salaires, travailler pour une entreprise qui dispose d’un pouvoir de marché élevé, c’est-à-dire capable de capter une grande part de la richesse créée par son écosystème, est un élément à fondamental. Il n’existe pas à proprement parler d’indicateur simple permettant de détecter ce pouvoir : la taille de l’entreprise, son secteur d’activité, son positionnement sur son marché sont néanmoins des indices. Or les salaires augmentent bien avec la taille de l’entreprise. Le niveau du salaire net moyen passe de 1 833 euros dans les sociétés de moins de 10 salariés à 2 495 euros dans les plus importantes, c’est un tiers de plus.
Des secteurs plus rémunérateurs que d’autres
Outre la plus grande capacité des grandes entreprises à bénéficier d’une rente de situation, la présence plus massive des syndicats permet qu’elle soit partiellement reversée aux salariés. Mais plus que l’effet taille, c’est le secteur d’activité qui a le plus d’impact sur le niveau des salaires. Parmi les secteurs les plus rémunérateurs, la finance arrive en tête avec près de 24 euros de l’heure en moyenne, suivi du secteur de l’information-communication (dans lequel sont notamment intégrés les services informatiques et les télécoms), viennent après l’ensemble des activités spécialisées, scientifiques et techniques (cabinets d’avocats, de comptabilité, d’audit, de conseil, d’architecture bref principalement le haut du panier des activités des services BtoB), qui précédent l’ensemble énergie, gaz, déchets et l’enseignement.
Une fois de plus cette approche sans nuance est trompeuse car ses secteurs emploient beaucoup de personnes hautement qualifiées dont les rémunérations sont en valeur absolue les plus élevées. Mais toute chose égale par ailleurs, ce n’est pas forcément là que les salaires sont les plus attractifs. C’est finalement dans les industries extractives que les salaires sont les plus élevés, un secteur d’activité archi-dominé par des firmes multinationales comme Imerys suivis de la construction, puis de l’ensemble formé de l’énergie, gaz, déchets emmené par deux mastodontes EDF, et Engie. Viennent après la finance et le secteur des transports et de l’entreposage dominé par des entreprises comme Air France ou la SNCF. La place du BTP peut surprendre mais c’est un secteur en manque de bras qui doit donc surpayer ses collaborateurs.
Finalement, si toutes ces variables expliquent l’ensemble des disparités salariales trois sont fondamentales : le diplôme, la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d’activité.
Publié le mercredi 06 mars 2019 . 4 min. 58
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