Environ 215.000 personnes ont immigré en moyenne par an vers la France depuis 2004. C'est une moyenne trompeuse : les flux sont faibles et restent constants - proches de 200 000 - jusqu’en 2009, avant de brutalement accélérer après la grande récession.
Forte accélération des flux d'Europe du Sud
La violence de la crise, notamment dans le Sud de l’Europe, et l’explosion du chômage qui a suivi ont en effet contraint nombre de jeunes adultes à chercher un emploi en dehors de leurs pays. Le flux d’immigrés venus d’Europe passe ainsi de 75.000 à plus de 105.000 entre 2009 et 2012. Soit une hausse de 41%, dont la moitié vient d’Espagne, du Portugal (dont les effectifs doublent) et d’Italie.
Depuis, le contexte économique s’est amélioré dans ces pays et avec lui les marchés du travail. Mais c’est une amélioration partielle, le taux de chômage restant toujours supérieur à son niveau d’avant crise, notamment chez les jeunes.
Baisse de l'immigration familiale, record d'étudiants étrangers
De façon plus marginale, la hausse des titres de séjour délivrés pour raisons humanitaires progresse de 8000 unités entre 2014 et 2016, conséquence de la crise migratoire et des mouvements de population de grande ampleur : Soudanais, Afghans, Haïtiens, Albanais et Syriens forment les principaux contingents des demandeurs de droit d’asile. Ces évolutions en termes de flux sont trop récentes pour totalement bouleverser la hiérarchie de l’origine géographique des immigrés en France, marquée par la dernière grande vague migratoire venue d’Afrique du Nord.
Cette modification de l’origine géographique des nouveaux arrivants ne remet pas en cause quatre tendances lourdes.
La première, c’est la tendance à la baisse de l’immigration familiale. Le nombre de titres de séjours pour ces motifs recule : il y a dix ans, plus de 50% des titres de séjour délivrés l’étaient pour un motif familial. Aujourd’hui c’est moins de 40%.
Autre tendance de fond, l’immigration économique, c’est-à-dire la migration correspondant à une entrée directe sur le marché du travail, est en hausse, et plus encore l’immigration étudiante. Avec plus de 73.000 permis délivrés, elle est même à son record historique et représente en volume le deuxième motif d’admission avec près du tiers des titres délivrés. La France, premier pays non-anglophone dans l’accueil d’étudiants étrangers, se situe au 4e rang mondial derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.
Des immigrés plus diplômés, et aussi plus de femmes
Troisième tendance forte, le niveau de qualification des nouveaux arrivants s’élève : selon l’Ined, certains groupes sont même plus diplômés que la population française. Ainsi, 43% des Chinois nés en Chine et vivant en France, sont diplômés de l’enseignement supérieur, 37% des Roumains, 35% des Vietnamiens et 32% des Polonais, contre 27% de la population adulte en France. 27%, c’est aussi le taux des diplômés de l’université de la population sénégalaise vivant en France. Les immigrants, notamment africains, ont un niveau de diplôme supérieur à celui de la population restante. Car pour émigrer, il faut avoir à la fois du capital social, économique, et des informations. Il y a donc bien une auto-sélection au départ.
Dernière tendance, celle à la féminisation. Jusqu’au milieu des années 70, l’immigration était majoritairement masculine pour combler le manque de main d’œuvre. Aujourd’hui, les femmes représentent près de 60% des nouveaux flux et arrivent le plus souvent pour des raisons autres que familiale.
Plus européenne, plus diplômée, plus féminine et plus active aussi, l’immigration s’éloigne de plus en plus des clichés.
Publié le mercredi 13 décembre 2017 . 4 min. 06
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