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Si l’économie britannique ralentit, c’est la faute du Brexit ! Les chiffres de la croissance semblent aller dans ce sens : alors que l’économie britannique faisait constamment mieux que l’Union-Européenne depuis 2012, elle s’est faite débordée en 2016 et l’écart va en se creusant.


Le Royaume-Uni, une économie structurellement déséquilibrée


Pourtant, cela n’a en fait rien à voir. Si l’économie britannique cale, c’est qu’elle structurellement déséquilibrée. Le Royaume-Uni est d’abord un pays qui connaît un profond déséquilibre de son commerce extérieur, puisqu’il approche aujourd’hui 7% de son PIB. C’est considérable. Le déficit de ses transactions courantes demeure lui aussi très élevé, de l’ordre de 5% du PIB. C’est un record en Europe. L’excédent important dans les services, est en grande partie neutralisé par les fortes sorties de revenu primaire (revenu du travail et du capital liés aux investissements directs au Royaume-Uni), et secondaire (avec notamment les transferts de revenus des travailleurs immigrés).


Il faut ensuite rappeler le contexte budgétaire britannique. De fait, avant même le Brexit, l’agenda politique était déjà celui de la consolidation budgétaire. Autrement dit, le gouvernement ne disposait déjà plus de marges de manœuvre. Pour se relever de la grande récession, l’élément central de la stratégie de David Cameron a été de s’appuyer sur une vaste reprise de l’immobilier et des effets de richesse.


Tous les leviers ont été actionnés pour cela : budgétaire, avec le programme « Help to buy » (un dispositif où 5% d’apport suffisaient pour devenir propriétaire) ; monétaire, avec la baisse des taux. Des taux pilotés avec une grande célérité par la Banque centrale. La BoE a abaissé son taux de base dès le début de la crise, l’a rapidement installé à 0,5% et a maintenu ce plancher malgré la reprise qui se dessinait dès 2010, pour finalement l’abaisser à 0,25% depuis août 2016.


Le rebond de productivité n'a pas eu lieu


Le gouvernement a également mis en place une politique non-conventionnelle d’achats d’actifs, qui a dopé les cours boursiers et renforcé les effets de richesses. Il suffit de superposer un indicateur global de richesse et le PIB pour prendre la mesure de la corrélation. Le décalage des deux courbes suggère que c’est bien ce moteur-là qui a relancé l’économie : les effets de richesse amplifient et précèdent la croissance économique.


Le pari pris à l’époque, c'est que les salaires embrayeraient pour prendre le relais et assurer une croissance pérenne. La dynamique devait s’enclencher une fois le redressement de la productivité avéré, autrement dit, une fois l’entreprise « UK » remise sur les rails. Or le tapis rouge que le gouvernement avait déroulé pour les entreprises étrangères n’a pas eu l’effet escompté : le rebond de la croissance aurait dû entraîner celui de la productivité du travail, mais elle stagne. Or, la productivité est l’un des principaux moteurs de la croissance de long terme.


Principale raison de l'échec, la dégradation de la qualité de l’emploi. La progression de l'emploi s’est concentrée sur les personnes les moins qualifiées et sur la montée de l’auto-entrepreneuriat, ce qui a entraîné un déclassement des cadres. Les entreprises ont substitué au capital le travail peu coûteux ou déprécié, comme dans les pays low cost.


En réalité, l’économie britannique s’est heurtée à ses propres contradictions. Et le Brexit en est la conséquence, pas la cause.

 

Alexandre Mirlicourtois, Les vraies causes du décrochage économique du Royaume-Uni, une vidéo Xerfi Canal Economie.


Publié le jeudi 5 octobre 2017 . 3 min. 30

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