Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Le gouvernement a eu beau multiplier les annonces (coup de pouce au SMIC, encadrement des loyers, revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire et maintenant action sur le prix des carburants), les Français voient venir l’orage de la baisse du pouvoir d’achat. Et ils ont raison. Le chômage d’abord. De l’aveu même du ministre du Travail, le seuil symbolique des 3 millions de chômeurs a été franchi en août. Et inutile de s’interroger sur le taux de 10% de chômeurs… ce chiffre est déjà dépassé. Ce qui a bien sûr des conséquences sur les revenus de ceux qui perdent leurs emplois : 1- car les indemnités couvrent partiellement les revenus perdus. 2- car les indemnités s’épuisent au fil du temps. Mais les conséquences sont aussi indirectes. Les craintes sur l’emploi pèsent sur l’évolution des salaires. Alors, à la question fondamentale « le chômage va-t-il encore beaucoup augmenter ? », la réponse est oui. A court terme, on voit mal comment la courbe pourrait s’inverser. Pour cela, il faudrait de la croissance, et de la croissance nous n’en avons plus. La barre des 11% de chômeurs serait franchie à la mi-2013 selon notre scénario. 11% c’est un niveau inégalé depuis la fin 1997. La baisse des revenus va donc se poursuivre, c’est inévitable. Et elle sera d’autant plus gênante que la barque fiscale va s’alourdir. L’obstination du gouvernement à respecter le calendrier de réduction des déficits publics (4,5% du PIB cette année, 3% l’année prochaine et retour à l’équilibre en 2017) ne laisse aucun espoir sur l’orientation de la future politique fiscale : l’heure est à de nouvelles ponctions. Après la suppression des exonérations fiscales sur les heures supplémentaires le 1er septembre, de nouvelles mesures seront annoncées à la fin du mois. Et il ne faut pas se faire d’illusions. Ni la réforme de l’ISF ni la taxation à 75% des revenus supérieurs à 1 million d’euros ne suffiront à résoudre l’équation budgétaire. Les classes moyennes ne pourront pas être épargnées par le tour de vis fiscal. Côté prix, ce n’est pas mieux. Depuis maintenant plus d’un an, l’inflation est supérieure ou campe près de 2%. Et vu la dynamique des prix dans l’énergie et les produits agricoles, un retour durable sous ces 2% n’est pas d’actualité. Que l’on prenne le problème par le numérateur c'est-à-dire les ressources ou par le dénominateur c'est-à-dire les prix, le constat est toujours le même. Le pouvoir d’achat par unité de consommation, une mesure proche du ressenti des Français car elle tient compte de la composition des ménages et de l'évolution démographique, reculera en 2012. Il reculera de 1,2% selon notre prévision. Avec un tel scénario, les Français ne pourront pas consommer plus. Certains même devront consommer moins ou autrement. Pour les industriels et les distributeurs de produits de grande consommation, c’est donc le branle-bas de combat pour adapter sa gamme de produits avec une offre à prix plus bas, réduire ses coûts où se préparer à la guerre des parts de marché. Tout cela n’est pas bon pour les marges, et donc pas bon pour l’emploi. Ces vingt dernières années, les gouvernements successifs de droite comme de gauche ont conforté un modèle de croissance soutenu par la consommation. L’impasse est désormais totale et c’est désormais l’heure de la purge. Reste à savoir les intentions exactes du gouvernement pour se faire une idée de durée et la dureté du traitement pour changer de modèle de croissance.
Alexandre Mirlicourtois, Orage en vue sur le pouvoir d’achat, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 06 septembre 2012 . 3 min. 28
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