Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi
Rouble au plus bas, bourse de Moscou en chute libre, taux directeur relevé de 5,5 à 7%, l'impact de la crise ukrainienne sur l'économie russe était bien palpable début mars. Mais si la surréaction des marchés met en alerte c'est surtout parce qu'elle se greffe sur une détérioration de fond des fondamentaux de la croissance russe.
Rappelons-le, le gouvernement avait déjà révisé l'année dernière à la baisse sa prévision de croissance sur les 30 prochaines années de 4,3% par an à 2,5%. Lui emboitant le pas, la banque centrale russe a également revu ses prévisions, anticipant désormais seulement entre 1,7% et 2% de croissance par an jusqu'en 2016 au moins. De nouvelles prévisions au diapason du potentiel de croissance estimé par le FMI (2%). Pour un pays dont la croissance moyenne entre 1999 et 2008 a été de 7% par an, le choc est terrible et il est rare qu'une décélération de ce type se produise sans à-coups. C'est aussi le signe d'un modèle économique à bout de souffle. Un modèle marqué par une hyper-concentration de la structure productive sur l'exploitation et l'exportation de quelques ressources, notamment le pétrole. Comme le montrent les évolutions annuelles du PIB et du cours du Brent, le lien est très fort entre la croissance du pays et le prix du pétrole. Les données du commerce extérieur sont aussi édifiantes le pétrole brut (30%), le gaz naturel (17%), les produits du raffinage (14%) forment à eux trois 61% des exportations russes. Le défaut de diversification des marchés d'exportations est patent. L'économie s'est engouffrée dans la valorisation de ses ressources naturelles au détriment de son industrie manufacturière. Autrement dit, les symptômes de la maladie hollandaise sont de plus en plus manifestes. Déclassée, l'industrie russe occupe aujourd'hui une position marginale dans l'économie mondiale. Disons-le, il ne reste que des miettes de la puissance de l'ère soviétique, excepté l'industrie de défense. Pour le reste, un rapide comparatif entre l'évolution de la production manufacturière chinoise et russe depuis 1992 parle de lui-même : pour la Chine, la production a crû de 13,9% en moyenne par an. Pour la Russie le compteur est bloqué à 0,3% seulement. Alors bien sûr, la rente énergétique a facilité jusqu'ici l'équilibre des comptes publics : plus de la moitié des revenus de l'Etat est issue des recettes de la production de pétrole et de gaz. Une manne dont bénéficient les employés de l'Etat (30% de la population active) sous forme d'augmentation salariale mais également l'ensemble de la population. De quoi donner une formidable impulsion à la consommation des ménages, véritable moteur de la croissance russe. Sans conteste l'accès aux biens de consommation des Russes est bien plus aisé aujourd'hui qu'hier. Mais le modèle touche aujourd'hui ses limites. Et ce qui attend les Russes c'est une période de difficultés accrue, enlisement ou pas de la crise ukrainienne.
Alexandre Mirlicourtois, Russie : une économie aux abois, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 10 mars 2014 . 3 min. 43
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