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Turquie : la fuite en avant d'Erdogan

Publié le jeudi 1 avril 2021 . 3 min. 49

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La Turquie fait partie des rares pays à avoir officiellement évité la récession en 2020. Portée par une croissance vigoureuse au 3e trimestre et consolidée au 4e, l’économie turque a progressé de 1,6% sur l’ensemble de l’année malgré la pandémie, la mise en place de mesures sanitaires restrictives et la chute du tourisme. Parmi les principales économies, seule la Chine fait mieux.


La valse des directeurs et des gouverneurs


Bien sûr, la nomination en janvier 2021 d’un nouveau directeur à la tête de l’institut de statistique nationale, le quatrième en trois ans seulement, laisse planer un léger doute sur la sincérité des chiffres. Quant à la valse des gouverneurs à la tête de la banque centrale (3 changements depuis la mi-2019), elle semble plus indiquer de la fébrilité face à la situation économique que de la sérénité. Dans les faits, la croissance de l’économie turque a reposé sur le dynamisme de la consommation des ménages (60% du PIB) et l’investissement, alimentés par le boum du crédit, avec le quasi-doublement des crédits distribués par les banques publiques. Un volontarisme public doublé d’un autre, maintenir, quoi qu’il en coûte, les taux les plus bas possibles. Cela a été très efficace à court terme pour soutenir l’activité, d’autant plus que, compte tenu de l’inflation, les taux d’intérêt réels ont été fortement négatifs sur la majeure partie de l’année.


C’est efficace, mais c’est au prix de l’affaiblissement de la devise. La livre turque a complètement dévissé face au billet vert passant de moins de 6 livres pour un dollar début 2020 à 8,5 courant novembre, une chute de près de 30%. Malgré sa remontée en fin d’année, la monnaie turque a cédé plus de 18% de sa valeur en moyenne par rapport à 2019 et 33% par rapport à 2018.


Avec comme double conséquence une inflation importée massive qui pousse les prix à la consommation à la hausse, avec de surcroît, une pression très forte sur les prix alimentaires et les carburants, les plus sensibles pour les classes populaires. Faute de ressources naturelles, la quasi-totalité du pétrole et du gaz doit être importée : de quoi faire déraper les prix quand le cours du brut s’envole. Cela pèse lourd aussi dans la balance commerciale. Selon le niveau des cours du baril, l’énergie représente entre 40 et 80% du déficit extérieur turc. Le solde courant est d’ailleurs, à de rares exceptions, toujours négatif.


Le très délicat recours à la hot money


La croissance turque, comme celle de beaucoup de pays émergents, repose avant tout sur l’afflux de capitaux extérieurs notamment des investissements directs. Sauf que ces derniers ne couvrent en moyenne que 30% du déficit courant. Le pays doit donc largement faire appel à la hot money, ces capitaux très volatils à l’affût des meilleurs rendements. Pour cela, encore faut-il que ces investisseurs aient confiance. Or, ils ont horreur :


1. de l’instabilité dans les cercles de décision économique,
2. d’une devise qui décroche et ruine la rentabilité de leurs investissements,
3. de l’inflation qui risque d’auto-entretenir l’instabilité financière de façon pernicieuse ;
4. et des tensions géopolitiques.


Dans le contexte de relations tendues avec l’Union européenne, son principale partenaire, la Turquie coche toutes les cases : bilan de janvier à octobre 2020, les sorties nettes des investissements de portefeuille ont représenté 12 milliards de dollars. Du coup, la banque centrale est revenue fin 2020 à des politiques plus conventionnelles pour freiner l’inflation. Avec à la clé, une remontée des taux directeurs dont la dernière en mars, et une livre revigorée.


Une politique de la Banque centrale insupportable aux yeux du président turc, persuadé, à rebours des théories économiques, que ce sont au contraire les taux élevés qui génèrent de l’inflation. La sentence ne s’est pas fait attendre et un nouveau gouverneur qui partage cette fois si bien les vues du président a été nommé le 20 mars, précipitant une nouvelle chute de la livre, tombée à ses plus bas niveaux et entraînant même une interruption des cotations à la bourse d’Istanbul.


Alors que la pandémie continue de perturber l’activité, la politique économie turque s’apparente de plus en plus à une grande fuite en avant.


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